Trapped Ashes : Critique et test DVD


Depuis les anthologies horrifiques produites par la Hammer et l'Amicus, le film a sketchs est devenu une forme récurrente du cinéma de genre, traversant les époques et s'affranchissant des modes. Mario Bava, Steven Spielberg, John Landis, Stephen King, George Romero, John Carpenter, Tobe Hooper, Charles Band, tous ces artisans de la peur ont un point commun. Celui d'avoir cédé un jour ou l'autre aux sirènes du film à segments. Production Americano–japonaise tournée au Canada et datant de 2006, Trapped Ashes était jusqu'à ce jour resté inédit de ce côté de l'Atlantique. Fait inexplicable tant sur la papier cette engageante œuvrette se montre prometteuse : Joe Dante (l'enfant terrible d'Hollywood, réalisateur de Gremlins, Piranha ou encore Hurlements), Sean S. Cunningham (heureux géniteur d'une des franchises horrifiques les plus rentables des années 80, les Vendredi 13), Ken Russel (Tommy, Gothic, Au déla du réel ), Monte Hellman (Beats from Haunted Sez ou encore Silent Night, deadly Night 3) et enfin John Gaeta ( Un spécialiste des effets spéciaux à la filmo rutilante : Matrix, Star Trek 5, Judge Dred). Voilà ce que l'on 'appelle une brochette d'artisans de la face sombre du 7e art.


Synopsis :

Cannibalisme, nécrophilie, vampirisme et possession sont au programme des quatre segments de cette anthologie de l’horreur : des personnes qui ne se sont jamais croisées, séquestrées dans la « maison de l’horreur » d’un studio Hollywoodien, sont amenées à raconter l’histoire la plus terrifiante qui leur soit arrivée dans l’espoir de sortir vivants du piège…



Critique :

Le film à sketches a beau être une figure classique de l'horreur, il n'en reste pas moins un exercice périlleux. Structurellement d'abord puisque le découpage narratif d'un long métrage en plusieurs segments aboutit fatalement à leur mise en concurrence. Deuxièmement, car ces sortes compilations cinématographiques sont très souvent les victimes d'un manque d'homogénéité flagrant. Difficile de faire cohabiter au sein du même métrage, un variété de ton et les visions respectives d'une flopée de réalisateurs. Avec le recul, même les mètre étalons du genre, "Creepshow" (1982) ou encore le "The twilight Zone, the movie" ( 1984) produit par Spielberg himself n’échappent à cette réalité.

"Trapped Ahses" est composé 4 petits récits horrifiques, relié par un fil conducteur signé Joe Dante. Ce réalisateur insoumis découvert par Roger Corman à la fin des 70's a déjà gouté aux joies de l'anthologie horrifique en réalisant le troisième segment de la «Quatrième dimension, le film» et quelques épisodes de séries TV (Amazing Stories, The New Twilight Zone connu chez nous sous le nom de « La 5e Dimension », Masters of horror). Pour l'occasion il convoque son acteur fétiche Dick Miller (Éternel monsieur Fitterman dans Gremlins) et deux figures bien connues du cinéma de genre : Henry Gibson ( Le mystérieux docteur de "The Burbs») et John Saxon. Le concept fondateur de ce fil rouge, et par conséquent de "Trappe Ashes" est d'enfermer des personnages dans un décors de cinéma et de les obliger à se raconter des histoires horribles.



Et on démarre en beauté avec «The Girl with the Golden Boobs» et les aventures d'une jeune comédienne dont la carrière est au point mort pour cause de pare chocs insuffisamment volumineux. Coup de chance, elle tombe sur un chirurgien dont les prothèses sont garanties sans rejet possible. Exit le Silicone, vive l'organique. Seule petite ombre au tableau, nos sympathiques implants mammaires doivent être nourris au sang frais. Voilà ce qui s'appelle avoir une méchante poitrine ! Mariant le gore et la dérision, ce premier volet plutôt agité du bocal et signé Ken Russel s'avère un voyage halluciné mais réussi au pays de la chirurgie esthétique. Une histoire gonflée comme on les aime.


On poursuit avec un deuxième segments à première vue classique puisque donnant dans le fantôme chinois ou plus exactement le fantôme japonais. Invité au pays du soleil levant pour donner une conférence, une jeune architecte décide d'emmener sa femme dans ses valises. Sur place, la belle fait une étrange rencontre avec un revenant. Séduite, elle tombe sous son l'emprise. Si ce «Jibaku», effort de Sean S. Cunningham tarde un peu à trouver son rythme, il accouche de quelques séquences erotico-necrophiliques plutôt bien envoyées avant de flirter dangereusement (mais finalement gentiment) avec le Hentaï. Intéressant dans son traitement à défaut d'être renversant dans son propos!



« Stanley’s girlfriend » de Monte Hellman nous offre une énième histoire de sorcière cherchant l'immortalité du côté du vampirisme. Un jeune réalisateur rencontre la fiancée de son meilleur ami. Entre eux va naitre une attirance physique intense et incontrôlable. Nos deux tourtereaux finissent par succomber à la tentation. Plusieurs dizaines d'années plus tard, notre cinéaste toujours hanté par la culpabilité, découvre dans le testament de son vieil ami, que la jeune femme n'est pas ce qu'elle semblait être. Un épisode sans doute beaucoup plus proche du fantastico- gothique que des préoccupations actuelles du cinéma d'horreur classique dans sa thématique comme dans sa réalisation.

«My twin, the worm» de John Gaeta clôture le film sur un concept des moins ragoutants. Une jeune femme découvre simultanément sa grossesse et la présence dans son intestin d'un vers parasite. (C'est ce qui s'appelle avoir gagné sa journée). Étrangement, entre la petit fille qu'elle porte et la vers va naitre une relation contre nature. Se considérant comme frère et sœur jumeaux, les deux êtres, une fois sorties du ventre de leur mère, vont continuer s'entraider pour le meilleur ou bien entendu  le pire. Un thème inédit, pas trop mal mené mais peut être insuffisamment digéré par son réalisateur débutant.



Clairement destiné au petit écran, ce «Trapped Ashes» se montre assez réussi pour mériter un visionnage. Les amateurs des «Contes de la cryptes» et autres petits plaisirs télévisuels solitaires devraient assurément y trouver leur compte. Les autres se consoleront avec l'érotisme latent qui traverse l'œuvrette d'un bout à l'autre et quelques effets gores sympathiques. Recommandable ! 


Test technique :

La galette argentée estampillée « MEP » que nous avons eu entre les griffes dispense une image répondant aux standard du format DVD, comprenez qu'il n'y a rien à redire. Le tout au format 1.85 d'origine. Rayon audio, mixage DD5.1 pour tout le monde (Français et anglais) mais pas le moindre sous titrage ou bonus.