Le grand départ vers la lune : Critique et test DVD



Les voies de l'édition vidéo sont impénétrables. Alors que bon nombre de péloches considérées comme cultes par la quasi totalité des cinévores déviants n'ont jamais eu droit à des éditions françaises (L'Atomic Cyborg de Sergio Martino, le RoboWar de Bruno Mattei, Yor Le chasseur du futur... la liste est désespérément longue), certains éditeurs offrent à des bobines à priori plus dispensables, ou beaucoup moins attendues, un visa pour le numérique. C'est très exactement ce qui vient de se passer pour Rocket to the Moon de Don Sharp... Une petite comédie fantastique datant de 1967 et restée jusqu'ici inédite en DVD. Sortie prévue le 5 juin chez Aventi. Ecranbis.com s'est penché sur la chose...

Synopsis :

Le professeur Barnum et son fidèle assistant Tom Pouce fuient les Etats-unis après avoir fait faillite. Arrivés en Angleterre, ils font la connaissance du professeur Von Bullow qui leur propose de prendre part à son nouveau projet. La création d'un explosif révolutionnaire qui permettra d'envoyer un vaisseau vers la lune. Très rapidement, l'invention va faire du bruit et des hommes d'affaire malhonnêtes vont tenter de détourner cette nouvelle technique pour planifier leur grand départ vers la lune.

Chronique :

Si le nom de Don Sharp restera à jamais associé au cinéma Bis (avec un grand B) anglais, il l'est au final surtout pour les quelques œuvres qu'il réalisa pour le compte de la Hammer comme l'excellent «Baiser du Vampire» en 1963 ou encore "Raspoutine le moine fou" en 1966 dans lequel il dirige Christopher Lee. On lui doit pourtant quelques autres bobines dignes d'intérêt dont une suite de «The Fly»: "La malédiction de la mouche" ainsi que "Wishcraft" avec un Lon Chaney Jr en bout de course. Productions toutes deux estampillées Lippert. Il travaillera également régulièrement pour le producteur Harry Alan Tower pour lequel il dirige à nouveau Lee dans une paire de Fu Manchu (le masque de Fu Manchu, les 13 fiancées de Fu Manchu) et en 1967, notre «Rocket to the Moon» retitré «Le grand départ pour la lune» de ce côté de la manche. 



Réalisé deux avant que Neil Amstrong ne foule le sol lunaire, Rocket to the Moon s'inspire assez vaguement de «De la Terre à la Lune» de Jules Verne tout en se parant des artifices de la comédie. Le film sortit même sur les écrans américains sous le titre "Those Fantastic Flying Fools", certainement en référence à "Those Magnificent Men in Their Flying Machines", sur lequel Don Sharp dirigeait (comme c'est étrange!) la seconde équipe deux ans plus tôt. L'œuvre située, il nous faut à répondre à la fatidique question : Que reste-t-il de ce grand départ plus d'un demi siècle après sa réalisation? La réponse se doit d'être mesurée car si le charme suranné de ces quelques 95 minutes est indéniable, on ne peut pas non plus dire que le film de Don Sharp soit particulièrement réussi. Mieux, cette course à la lune, pourtant servie par un casting d'exception, ne vole pas, à vrai dire, très haut. 



Le faute ne revient certainement pas à Sharp qui se fend ici d'une réalisation appliquée, consciencieuse (pourrions-nous dire) mais à un scénario bien trop décousu pour garder le spectateur à l'abri des griffes de l'ennui. D'autant plus que le registre burlesque assumé pour ne pas dire revendiqué par cette farce fantastique n'arrange rien. Difficile de savoir sur l'humour a particulièrement mal vieilli ou si le mal est plus profond (comprenez plus ancien), mais nous sommes bien obligés que de constater que «Le grand Départ vers la Lune» ne fait que difficilement sourire. On se consolera avec une pléiade d'acteurs talentueux, de beaux décors, une bande originale somptueuse et le plaisir indéniable de voir resurgir du passé une œuvre quelque peu oubliée. Un butin visuel (et sonore) qui devrait suffire à attiser la curiosité des aventuriers cinéphiles, mais qui de toute évidence risque de laisser les autres les pieds sur terre.... 



Test technique :


Déjà disponible dans une zone 2 d'origine anglaise (Momentum), "Le grand départ vers la lune" nous arrive dans une copie 2.35 (Format d'origine ) juste acceptable (en considérant l'âge de la péloche et son intérêt cinéphilique) mais qui manque un poil de définition. Aventi propose deux pistes stéréo Anglaise et Française, ainsi que des sous titres français. Rayon bonus, le vide. Une édition qui a donc surtout le mérite d'exister.