Quand les colts fument, on l'appelle cimetière : Critique et test DVD


Dernière balle explosive sortie ce mois-ci du revolver d'Artus films, «Gli fumavano le Colt... lo chiamavano Camposanto» aka «Quand les colts fument, on l'appelle cimetière» n'est pas du genre pétard mouillé. Un titre canon et mortel, un duel au sommet de la montagne bis : Gianni Garko versus William Berger, un scénario d'E.B. Clucher, un score siffloto-sautillant qui vous accompagnera dans tous vos déplacements (Y compris dans vos folles cavalcades jusqu'à la machine à café et dans vos œillades à la secrétaire du patron)... Ecranbis.com balaie l'ouest rital d'une prose d'acier, faites gaffe aux vannes perdues, Gringos !



A chaque salve Artusienne, c'est le même refrain. Un facteur qui met dans le mille. 4 disques logés en pleine boite à lettre, un chroniqueur à terre. La vache ou plutôt le bison, 4 jours coupé du monde, la tête dans l'abreuvoir transalpin, 2 semaines pour s'en remettre. Se défaire du déhanché «Cow Boy» qui plaît tant à la syndicaliste du deuxième étage, arrêter d'attacher sa voiture aux horodateurs, ne plus toiser, mains au ceinturon, son chef de service à l'autre bout du couloir, ne plus exiger du comptable un chèque de fin de mois à l'ordre de l'employé sans nom. Au début des psychédélique seventies, E.B. Clucher (Enzo Barboni de son véritable nom) fait souffler le vent de la comédie sur l'italo-western. Son Trinita négocie l'un des derniers virages du genre. Il signe également le scénario de «Gli fumavano le Colt... lo chiamavano Camposanto» mais laisse à Anthony Ascott (Giuliano Carnimeo) le soin de le mettre en image. Ne me demandez pas les raisons de cette reddition pelliculaire mais demandez plutôt aux plus fins observateurs de se mettre d'accord... Volonté du producteur ou forfait de Clucher . Le saura-t-on un jour ? En attendant faites donc vos jeux !



Il est ici question de deux jeunes mondains, deux frères blondinets à la candeur très estudiantine, rejoignant leur paternel (un certain McIntire, éleveur de son état) dans le trou du cul de l'Amérique. Leur périple en transport commun leur dévoile un curieux visage de l'Ouest sauvage. Les bébés tètent les cartouches, les grands mères dégomment les cactus et les croques morts font fortune. Arrivés sur place, ces «David et Jonathan» de la pistole, découvrent, médusés, que le père McIntire est, comme l'essentiel de la paysannerie locale, victime d'un odieux racket. Dans cette jungle de poussière, ne pas voir ses troupeaux décimés, l'eau de ses puits empoissonnée et même se réveiller le matin a un prix... Les deux gosses n'attendent ni la blonde Michelle Pfieffer ni les jolies "Ray ban" de Coolio pour faire preuve d'esprit rebelle, aidés par deux peones taquinant le couteau, ils expédient un de ces assureurs malhonnêtes (Pléonasme ou peonasme ). Mais face aux pires raclures de cette cité au bord du monde, les deux gosses se trouvent vite démunis. Ils vont trouver du secours auprès d'un homme sans nom mais au visage à priori célèbre (Gianni Garko).



Ce presque Sartana va les former à l'art de la mise à mort et de l'indispensable trouage de carte (le plus important ce n'est pas les cartes, c'est ce que vous en faites), tout en affrontant Duke (William Berger), un autre mercenaire, employé par le camp opposé. Deux couillons de la haute, deux paysans mexicains, deux fines gâchettes... Trois paires et le joker, il n'y a sans doute pas meilleure façon de décrire «Quand les colts fument, on l'appelle cimetière». Car non content de croiser et recroiser les destins de ses six protagonistes dans une vague histoire de conflit d'intérêt, le script de Clucher joue la carte de l'humour... Avec une habileté réjouissante, devrais-je ajouter? «Quand les colts fument...» joue les aller-retours subtils entre une dramaturgie classique et la comédie. Un numéro d'équilibriste cinématographique et bluffant. Qu'on ne s'y trompe pas pour pourtant, la grande force du film est ailleurs.


Le western est qu'on le veuille ou non, un exercice de style aux figures et décors imposés. Entre traînées de poudre, traînées de saloon et traînées de stéréotypes. Le héros y est volontiers plus posture qu'humain.«Gli fumavano le Colt... lo chiamavano Camposanto» donne à son simili Sartana un passé, douloureux au possible, à son autre pistolero (Berger) une droiture et un sens de l'honneur, à ses deux petits bourgeois un parcours initiatique. Il offre donc à ses personnages, ce que l'épopée canardeuse, en général très occupée à assurer le spectacle, leur refuse souvent. C'est à dire une perspective. Tout est ici mis en œuvre pour enchaîner le spectateur aux personnages. En dépit de son titre (On l'appelle cimetière) le film d'Ascott n'est nullement un western lugubre ou crépusculaire mais à contrario un western humaniste et humain...(NDLC: C'est beau ce que tu dis... tu devrais être augmenté... si t'étais payé, cela s'entend... en même temps moi non plus... à bon lecteur...).




Le disque : 

Quand la platine fume, on l'appelle Artus... La pépite du père Ascott nous parvient dans un master flingueur dans son format scope (2.35) d'origine, accompagné de pistes sonores française et italienne. En prime, une présentation du film par Curd Ridel (Viva Camposanto !), des entretiens avec Gianni Garko et Giuliano Carnimeo, un diaporama d'affiches et de photos, sans oublier des bandes annonces ! tout ça pour 12€90 + les frais de port sur www.artusfilms.com