Printemps 2015, les oiseaux gazouillent, les premiers décolletés arpentent les rues, rappelant aux passants songeurs la délicieuse saveur des fruits de saisons (Des pommes...Des poires...Chantait le beau Sacha...) Pendant ce temps, l'ours sorti de sa torpeur hivernale et vidéastique trempe sa patte velue dans le pot du poliziottesco. Oui ! Brave gens… Marchant dans les pas de Néo Publishing, Artus s'essaye au Polar Bis Italien avec «Big Racket», un jet fumant et Castellarien dont la jaquette VHS française très Belmondesque (Chez Dynastie Film ou aux Editions Vidéo Night, l'éditeur ne sachant visiblement plus trop comment il s'appelle) devrait parler aux bisseux de compét' !
"Big Racket partage une grande partie de son code narratif avec l'italo-western: le chromosome de la vengeance, le goût du «mal par le mal», d'une justice incarnée et sans concession."
Le sujet du Néo polar Rital tombant sur la table, je ne saurais cacher ma confusion. La tentation du poncif est grande, la banalité nous guette et je pourrais me contenter, comme mille autres plumes hésitantes à observer le phénomène poliziottesco dans la fiole d'une analyse politeco-societalo historique. C'est à dire réduire le «genre» à une définition très fonctionnelle ou documentaire, lâchant un sentencieux : «A travers son polar Bis, la grande botte évacue le trop plein de ses années de plomb.» Terme par ailleurs trop générique, correspondant en ce qui concerne le strict cadre italien à une grosse décennies marquée par le terrorisme d'extrême droite, son voisin d'extrême gauche, une insécurité galopante et un état qui regarde ailleurs. D'ailleurs dans «Big Racket», ce sont des commerçants romains qui font les frais de la décadence sociétale et d'un humour très phocéen (Hey Gary on t'a laissé commencer , mais ma foie... il faut que tu payes l'assurance...Ah ne ne fais pas tes yeux de Gobie ! ). Oui ces braves et honnêtes travailleurs, cette Italie qui se lève tôt se trouvent rackettés par un gang de dégénérés commandités par «Rudy le marseillais ».
État de fait jugé insupportable pour l'inspecteur Nico Palmieri (Fabio Testi) qui se met en tête de faire cesser ces pratiques honteuses et moralement répréhensibles. Mais dans un monde en déconfiture, le goût pour la justice ne rapporte dans le meilleur des cas que des ennuis supplémentaires. Échappant de peu à la faucheuse, il revient plus que jamais décidé à faire le ménage dans les rues de Rome et constitue pour cela une milice de citoyens armés. Caressant la conscience populaire dans le sens de ses convictions (On ne peut gagner de guerre contre la violence, sans la combattre à armes égales/ défend-toi le ciel t'aidera), le film de Castellari aura sans doute défrisé plus d'un bien-penseur de l'époque. Scandaleux ! Fasciste ! (Oui le bien penseur ne pèse bien pas les mots). Pourtant et à condition d'en percer les couches superficielles, Big Racket partage une grande partie de son code narratif avec l'italo-western: le chromosome de la vengeance, le goût du «mal par le mal» , d'une justice incarnée et sans concession.
"La réalité de « Big Racket » tient certainement plus de l'action movie carabiné et carabineur. En témoigne un final proprement ahurissant : Le héros aux portes de l’hystérie renonce à la violence en fracassant son fusil, comme une rock star explose sa guitare en fin de concert "
Fascinante lorsqu'elle se love dans les
bras d'un ouest fantasmé, cette âpreté assumée, cette violence esthétisée et dans une certaine mesure vertueuse (la main de la
justice...quand même...merde !) , deviendrait une fois habillée
d'un tissu contemporain et urbain, honteuse et répréhensible ? Ce
paradoxe est finalement propre à une critique
maladivement fondée sur une répartition idéologique qui serait à la
fois la clé et le serrure de tout. Un forme de psychanalyse des
valeurs … Qui consisterait à opérer en tout œuvre une forme de
tri sélectif. Ceci va à droite, ceci va à gauche...le revolver
du manichéisme dégainé sous la table. La réalité de « Big
Racket » tient certainement plus de l'action movie carabiné et
carabineur. En témoigne un final proprement ahurissant (Le héros aux
portes de l’hystérie renonce à la violence en fracassant son fusil, comme une rock star explose sa guitare en fin de concert) contredisant ainsi en partie la charge « sécurito- couille
d'acier- Une baffe donnée, 3 bourre pif offerts » du métrage.
Et sans vouloir forcement déraciner l’œuvre du terreau qui l'a vu
naître, lui ôter toute qualité documentaire, le film de Castellari
apparaît bien plus cru que réaliste.
"D'une subtilité très relative, mais efficace dans sa mise sous tension et comme dans sa libération canardeuse, ce revenge movie teinté de vigilantisme met indiscutablement dans le mille."
D'une subtilité très relative, mais efficace dans sa mise sous tension et comme dans sa libération canardeuse, ce revenge movie teinté de vigilantisme met indiscutablement dans le mille. D'ailleurs les afficionados du filon néo polar rital nous avez sportivement averti: Big Racket c'est de la balle !
Un oeil sur le disque :
Côté disque, ça ne débande pas avec une jolie galette trouée emballée dans un digipack classieux ayant la bonne idée de reprendre des affiches d'époque dans ses volets intérieurs. La master au format Flat 1.85 d'origine accompagné de piste italienne (avec sous titres débrayables, messieurs les garagistes) et française ne déçoit pas. Attention toutefois afin de présenter le montage le plus complet possible, quelques scènes sont présentées en anglais sous titré. Dans le chargeur à bonus, des bandes annonces, un diaporama et une présentation du film par l'ami Curd Ridel. Du chouette boulot... Et à 12€90 c'est pas du racket !
Claude G
"D'une subtilité très relative, mais efficace dans sa mise sous tension et comme dans sa libération canardeuse, ce revenge movie teinté de vigilantisme met indiscutablement dans le mille."
D'une subtilité très relative, mais efficace dans sa mise sous tension et comme dans sa libération canardeuse, ce revenge movie teinté de vigilantisme met indiscutablement dans le mille. D'ailleurs les afficionados du filon néo polar rital nous avez sportivement averti: Big Racket c'est de la balle !
Un oeil sur le disque :
Côté disque, ça ne débande pas avec une jolie galette trouée emballée dans un digipack classieux ayant la bonne idée de reprendre des affiches d'époque dans ses volets intérieurs. La master au format Flat 1.85 d'origine accompagné de piste italienne (avec sous titres débrayables, messieurs les garagistes) et française ne déçoit pas. Attention toutefois afin de présenter le montage le plus complet possible, quelques scènes sont présentées en anglais sous titré. Dans le chargeur à bonus, des bandes annonces, un diaporama et une présentation du film par l'ami Curd Ridel. Du chouette boulot... Et à 12€90 c'est pas du racket !
Claude G