Alors que dernier volet de la saga Harry Potter ne devrait pas trop tarder, We Prod et Condor Entertainment éditent avec (appelons un chat un chat) un réjouissant opportunisme « Le maitre des sorciers ». Titre pour le moins énigmatique derrière lequel il faut reconnaître Krabat, adaptation cinématographique du roman du même nom réalisé par nos voisins allemands. Sachez qu'outre Rhin ce conte fantastique de Otfried Presussler est considéré comme un classique et cette superproduction européenne s'est offerte à plus de deux millions de spectateurs à sa sortie. De quoi faire baver les cinéphiles français jusque ici tenus à l'écart. Ça sort en DVD et Bluray le 1er juin prochain, l'éditeur ayant par magie fait apparaître un DVD de test dans nos mains il y a quelques jours, Ecran bis peut vous faire le coup de la boule de cristal...
Synopsis :
Krabat, quatorze ans, mendie sur les routes de Saxe avec deux compagnons d'infortune. Une nuit, il rêve de onze mystérieux corbeaux, et une voix lui ordonne de se rendre au moulin de Koselbruch. Irrésistiblement attiré, il se présente au sein d’une étrange confrérie dirigée par un vieux maître. Cherchant à percer les mystères du lieu, il surprend ses compagnons en pleine séance de sorcellerie. Le jeune homme est alors initié à son tour à l’art des sortilèges. Mais il réalise aussi qu’il a scellé un pacte irréversible… Pour échapper à ce piège, le garçon aidé de ses plus proches amis et d'une jeune fille dont il est tombé amoureux, va défier ce maître cruel et tyrannique.
Critique :
Pour Marco Kreuzpaintner ,l'adaptation cinématographique de « Krabat », roman dont il est fan depuis son enfance , a des airs de contes de fées. Les succès du « Seigneur des anneaux » et d' « Harry potter » ayant donné des idées jusqu'en Allemagne, il se retrouve à la tête d'un budget de 10 millions d'euros et d'une bobine embarquant plus de 400 plans d'effets spéciaux. Après 5 années de pré production, le tournage débute en 2006 en prenant entre autre pour décors les paysages Roumains. Le film sortira lui fin 2008 sur les écrans allemands avec à la clé un succès public. Bien qu'affichant ouvertement des ambitions internationales, Krabat ne trouvera pas preneur ou du moins distributeur dans notre petite et obscure contrée. L'édition DVD/Bluray du « Maitre des sorciers » s'avère donc pour commencer une excellente nouvelle pour les amateurs français d'Heroic Fantasy.
Le maitre des sorciers est également l'occasion de prendre de la température du cinéma de genre allemand. Au début des années 2000, après le tsunami Scream et le retour du psycho-killer, le cinéma teuton nous avait livré Anatomie, un slasher médical aussi imparfait qu'intéressant. On se souvient également de sa suite, flirtant avec la science fiction (Anatomie 2) ainsi que d'un plutôt bien exécuté « Tatoo » (2002) avec Christian Redl que nous retrouvons justement dans « le maitre des sorciers ». Même si ces bobines ne marquèrent pas vraiment les esprits , on sentait déjà chez les cinéastes allemands une farouche envie de s'exporter, voir de répondre aux standards d'une industrie du divertissement mondialisée. Quelques années plus tard, Krabat illustre assez bien cette tendance en poussant le bouchon un peu plus loin sur les terres du fantastique.
Les quelques 110 minutes résultantes dessinent sous nos yeux un curieux paradoxe. D'un côté , « Krabat » affiche, par ses qualités visuelles, ses effets spéciaux (au passage réussis) et par sa bande originale orchestrale, un respect presque mécanique du cahier des charges Hollywoodien. De l'autre, le film de Marco Kreuzpaintner s'écarte radicalement de ses références internationales en optant pour une narration plus proche du conte que du blockbuster made in USA. L'entrée dans le monde fantastique du « Maitre des sorciers » s'avère donc d'abord troublante, puisque située dans un entre deux. Sentiment renforcé par une réalisation « Brut de décoffrage » tranchant radicalement avec la finesse des propos exposés et de la poésie fantastique délivrée par certains plans.
Quoiqu'il en soit, une fois les valises posées dans cet étrange moulin où de jeunes gens se transforment en corbeau, les qualités de l'œuvre de Otfried Preussler opèrent. Le conte qu'on pressentait « bateau » devenant plus sombre et manifestement plus cruel, « Le maitre des sorcier » parvient à trouver un certains élan et se laisse regarder dans déplaisir. Même si , ne le cachons pas, le cinéma hollywoodien a encore quelques bonnes longueurs d'avance sur le terrain, ce « Maitre des sorciers » devrait sans trop de problème vous occuper une petite soirée de juin...
Test Technique:
Bien que la jaquette annonce un film dans son format d'origine , le maitre des sorcier est présenté au format 1.77. Un peu dommage, surtout que la qualité technique de l'image est assez bonne( en dépit de fourmillements assez prononcés sur les plans sombres) et que la bande annonce est elle bien en 2.35. Rayon audio on trouvera un mixage 5.1 français et une piste allemande stéréo. Mixages au passage tout à fait sympathiques. We Prod et Condor ont eu le bonne idée d'inclure quelques films annonces mais surtout un making of tout à fait recommandable. Edition convaincante donc.