Après Abattoir 5, il y a quelques semaines, Opening continue de redonner une chance aux petits classiques oubliés du cinéma de science fiction. Mieux vaut tard que jamais, The Andromeda Strain, pellicule plus connue de ce côté de l'Atlantique sous le nom du « Mystère Andromède » fait désormais l'objet d'une édition zone 2 française. Cette mystérieuse galette argentée s'est écrasée en plein été sur notre platine DVD sans faire de mort. Après plusieurs semaines de quarantaine et une sévère batterie de test médicaux, Ecranbis.com vous livre son diagnostic...Vous pouvez retirer vos masques !
Synopsis :
Une équipe de scientifiques étudie un virus extraterrestre ayant décimé un village isolé. Seuls, deux habitants ont mystérieusement survécu : un bébé et un vieillard. Il ne reste que quelques jours pour trouver le moyen de supprimer ce virus avant qu’il ne se répande sur l’ensemble de la planète…
Critique :
The Andromeda Strain marque les débuts d'une intense relation d'amour entre le cinéma populaire et le précurseur du techno roman, Michael Crichton. Ce diplômé de la Harvard Medical School vendra plus de 150 millions de livres dans le monde et inspirera quelques adaptation à succès comme le « Jurassic Park » de Spielberg et quelques efforts plus insignifiants mais néanmoins sympathiques : « Next » avec Nicolas Cage ou encore Congo. Toute comme Stephen King, Crichton s'essaiera même à la réalisation avec quelques péloches désormais considérées comme cultes, l'inoubliable Mondwest en tête , mais aussi « Looker » et « Runaway l'evadé du futur» polar futuriste des années 80 mettant en scène Tom Selleck. Le mystère Andromède, son premier grand succès littéraire et premier livre qu'il signa de son vrai nom, se voit porté à l'écran en 1971 par L'immense Robert Wise dont la filmographie (West Side Story, Star Trek le Film, le jour où la terre s'arrêta, la maison du diable) laisse sans voix.
Les écrans des années 50 et 60 ont vu défiler des kilomètres de bobines de (plus ou moins) spectaculaires invasions martiennes. The Andromeda Strain apporte au début des 70's une nouvelle vision de la menace venue du cosmos. Cette fois ci, point de flying saucers et de créatures étranges le mal est invisible, microscopique et épidémique. Ces deux rails thématiques divergents partent paradoxalement d'un seul et même point : Le spectre de la guerre froide. La peur de l'envahisseur communiste qui se matérialisait hier à l'écran par le débarquement de petits hommes verts, a muté en une angoisse plus contemporaine elle-même ancrée dans la crainte du conflit bactériologique. Assez étonnamment, du moins à première vue, Crichton et Wise vont très rapidement montrer un certain désintérêt pour les origines spatiales du virus, au point de faire de cet escapade dans la S.F. pure un simple prétexte.
Peu importe la bactérie, pourvu qu'on ait l'infection. Le mystère Andromède porte en lui le code génétique de deux cinémas étroitement liés aux années 70 : Le film catastrophe pour commencer, qui s'offre une premier âge d'or de 1970 à 1980 avant de disparaître momentanément des tiroirs à projets hollywoodiens. Et pour poursuivre, le cinéma d'anticipation qui écrira à la même époque ses plus belles pages ( Soleil Vert, L'âge de cristal, Silent Running et j'en passe). Le mystère Andromède es- il pour autant un véritable film catastrophe et un film d'anticipation? La réponse est délicate tant ces quelques 125 minutes flirtent avec ces deux genres sans jamais toutefois en épouser totalement les contours.
Dans cette croisée des chemins conceptuels, une chose finit tout de même par primer. Andromeda Strain est un film critique. Critique sur la nature et les travers de la science qui est à la fois l'origine du problème (le virus est ramené par une sonde spatiale) et sa solution, le fruit de l'intelligence humaine, de son désir de domination sur la nature qui finit par lui dicter sa conduite et le soumettre (l'emprise des savants sur les politiques, les protocoles divers et variés des différents niveau du bunker secret ). Comme pour faire écho à ce constat de dictature techno-scientifique, The Andromeda Strain surprend par sa froideur, sa distance rigoureuse, ses dédales narratifs et son vocabulaire volontairement opaque. La forme rejoint le fond confinant ses personnages dans un univers aseptisé, sécurisé jusqu'à l'étouffement.
Si le film de Wise a certes un peu vieilli, si le Hi-tech d'autrefois fait le rétro futuriste d'aujourd'hui, le message, lui, n'est nullement érodé par les années. Ecranbis.com se voit donc contraint de vous prescrire un visionnage ou un achat avant que la chose ne disparaisse à nouveau de la circulation.
Petite note additionnelle: Le mystère Andromède présente une scène au réalisme troublant et par conséquent assez choquante dans laquelle une petit singe est mis à mort par contamination. Après petite vérification, cette scène a été tournée sous le contrôle de l'ASPCA (American Society for the Prevention of Cruelty to Animals) et l'animal a été réanimé suite à la prise. On peut par contre imaginer que l'ASPCA ne permette plus de nos jours ce genre de tournage.
Test Technique :
Pas de mauvaise surprise à l'horizon, Opening présente le mystère Andromède dans une copie très propre au format scope d'origine, accompagné de pistes française et anglaise stéréo et de sous titres français. En guise de supplément nous avons droit à une présentation du film d'une vingtaine de minutes par Jean Baptiste Thoret " le mystère andromède où l'illusion technologique. Une analyse poussée qui ne tombe jamais dans le pédant. Bonne pioche.