En dépit d'une promo web aussi énigmatique qu'astucieuse et d'un accueil critique quasi dithyrambique de la presse spécialisée, 8th Wonderland, ovni filmique par excellence, a connu une exploitation des plus discrètes dans les salles de l'hexagone. Il aura même fallu attendre plus d'un an avant qu'un éditeur jète son dévolu sur cette péloche d'anticipation «made in France». C'est en effet le 18 octobre prochaine qu'EMYLIA dégainera des éditions DVD et Combo (Bluray+Copie digitale) ce voyage au pays de la huitième merveille. Ecranbis.com qui prend ses devoirs de citoyen très au sérieux, a étudié le programme et a voté...
Synopsis :
Des millions de personnes disséminées de par le monde et déçues de la manière dont celui-ci évolue décident de s'unir. Toutes guidées par le même désir d'améliorer les choses, de ne plus subir l'actualité sans pouvoir réagir. Par le biais d'Internet, elles créent le premier Pays virtuel : 8th Wonderland. Chaque semaine, tous ses habitants votent par référendum une motion différente... Mais que se passerait-il si les motions de 8th Wonderland devenaient petit à petit plus réactionnaires ? Si sa manière d'agir se rapprochait lentement mais sûrement d'un comportement terroriste ? Un problème insoluble se poserait alors à l'ensemble des Nations. Comment combattre un pays qui n'existe pas ?
Critique :
Monde en crise et communautés virtuelles, G8, délocalisation, mondialisation, wikileaks, Anonymous, médias complices et mouvement des indignés, alors que «8th Wonderland» s'offre un deuxième tour de piste sur le marché de la vidéo, son décor sociétal semble plus que jamais d'actualité. D'ailleurs, cet effort français est revenu pas plus tard que cette année du festival International SFF d'Athènes avec le prix du meilleur scénario et du meilleur film. Un 8ème ( un signe? ) et 9ème prix mérités tant ce « 8th Wonderland » s'écarte de la production française actuelle de cinéma de genre, voire de du cinéma actuel tout court. A première vue, nous aurions pu penser qu'en ces temps agités, Nicolas Alberny et Jean Mach se seraient simplement fendus d'une fable geek doublée d'une apologie niaiseuse de la démocratie participative. L'utopie à portée de souris ou la culture de la solution simple comme un SMS...
Fort heureusement, «8th Wonderland » est en fait tout l'inverse. Nos pauvres citoyens virtuels regroupés par la magie du web vont rapidement gratter le vernis de cette activisme 2.0 et laisser apparaître une réalité moins reluisante. Premier fait de guerre, la pose de distributeurs de préservatifs goût hostie dans les églises du Vatican. Objectif hautement prioritaire récompensé d'un trophée ridicule, (la sacro-sainte exposition médiatique d'un soir) qui néanmoins va laisser un goût de reviens-y. A peine le temps de savourer cette minute de gloire et de réaliser la portée constructive du geste qu'ils s’opposeront, portés par l'émotion (qui contrairement à l’intelligence est à la portée de tous) d'un vote vengeur à l’équipement nucléaire de l'Iran par la Russie. De fil rouge en aiguille contaminée, nos robins du web révolutionnaires basculent dans un terrorisme des plus ordinaires La fin justifie les moyens, même si au fond les moyens ne font pas honneur à la cause.
Le 8th Wonderland n'a dès lors plus grand chose d'un pays des merveilles et l'idée de voir n'importe quel couillon donner son avis sur tout et n'importe quoi finit par faire froid dans le dos ou miracle (et oui c'est possible) nous faire regretter les monarques de la finances et nos démocraties claudicantes. Cerise sur le gâteau, ce petit monde se fera même rouler dans la farine par un charismatique imposteur visionnaire, une sorte d’illusionniste des médias devant autant à Steve Jobs qu'à BHL. On savoure la fable avec cynisme, obligé de reconnaître qu'aussi désargenté et bricolé soit «8th Wonderland», Nicolas Alberny et Jean Mach ont réussi un exercice brillant et sans concession, à milles lieues de la péloche «bisounours» attendue.
Formellement tout aussi couillu que son discours, «8th Wonderland» tourne le dos à toute linéarité ou facilité. (Du moins, une fois débarrassé des caméos de Nikos Aliagas , Amanda Lear et autres membres d'Action Discrète , fulgurantes apparitions de VIP ou révérences télévisuelles sympathiques mais un peu inutiles ). Et si l'on se perd un peu dans les 30 premières minutes entre visioconférences, journaux télévisés dans toutes les langues et scènes réelles, la sauce finit par prendre. Deux ou trois millions d'euros supplémentaires n'auraient sans doute pas fait de mal à cette ambitieuse réflexion cyber politique, mais la substantifique moelle déposée à nos pieds vaut à elle seule le visionnage. Rejoignez donc le club ...
Test Technique :
Emylia s'est fendu d'un combo Bluray + Copie digitale. Cette dernière embarquée sur le disque vous permettant un nombre de lectures et de transferts illimités. Le film est présenté dans une copie à la hauteur du support au format 1.85 accompagnée de bandes sons françaises et anglaises DTS HD 7.1 et de sous-titres français. Rayon bonus : Une opération projection commando dans Paris By Night, de fausses bandes annonces et une interview réalisée lors de la première canadienne. Voilà qui est fort sympathique.