Faux semblants: Critique et test DVD


Déjà sorti en DVD chez TF1 vidéo en 2000, "Faux semblant" de David Cronenberg revient avec un tout nouveau master haute définition et de nouveaux visuelsdu côté de chez Opening. L'éditeur se fendra en effet le 17 janvier prochain, d'une édition Bluray et d'un double DVD collector bourré de bonus. De quoi donner la banane aux fans d'un des réalisateurs les plus atypiques du cinéma de genre. Du côté d'Ecranbis.com, on s'est penché sur les deux galettes argentées que nous a sympathiquement envoyé l'éditeur (si on parvient à mettre la main sur un Disque HD, on ne manquera pas de vous en reparler bien sûr). Rendez vous au bloc opératoire pour la dissection d'une œuvre marquante de la fin des années 80...





Synopsis :

Beverly et Elliot Mantle sont de «vrais» jumeaux. Tous deux gynécologues renommés, ils partagent le même appartement et les même femmes. Leur dernière conquête, une actrice célèbre et torturée, va créer une dissonance dans leur entente, ce désaccord rompt leur équilibre mental et ils deviennent les victime du lien surnaturel qui les unit…




Critique :

Qu'elles soient fauchées comme les blés ou plus hollywoodiennes, les bobines de Cronenberg jalonnent l'imaginaire fantastique moderne. Frissons, Rage, Chromosome 3, Scanner, Dead Zone, Videodrome, La mouche, Existenz... L'apport du cinéaste canadien au genre est aussi profond que frontal, indiscutable et par ailleurs indiscuté. A l'instar de John Carpenter, Cronenberg a su  élever sa filmographie au rang d'œuvre et fait de ses obsessions (la chair, la déchéance mais pas seulement ) un fil rouge sang qui la transperce d'un bout à l'autre. Primé 23 fois à travers le monde, Dead Ringer (Faux semblants) marque pour beaucoup son entrée dans le cinéma d'auteur mais reste paradoxalement chère aux fantasticovores. Paradoxalement ? Oui car si en 1989, le Canadien décroche le grand prix du sacro-saint festival du film fantastique d'Avoriaz, Faux semblant n'est pas à proprement parler un film fantastique mais plus un drame dont les tentacules psychanalytiques caressent le thriller et l'horreur.



Au centre de cette adaptation du roman «Twins» de Bari Wood et Jack Geasland, la gémellité et l'étrange fascination qu'elle exerce sur nous. Les frère Mantle sont depuis toujours deux esprits distincts dans des corps semblables, se partageant une seule et unique vie au point de ne former qu'une seule et unique entité. La chute psychologique, sociale de l'un entrainant fatalement celle de l'autre. Sur ce concept de frères psychanalytiquement siamois, Cronenberg opère une subtile et cynique mise en équation. Lorsque Beverly découvre l'amour et que Claire tente de séparer les deux frères, le fragile équilibre sur lequel s'est érigé leur relation est rompu. En tentant de briser les fils invisibles qui lient les jumeaux, la jeune comédienne a déclenché un inexorable compte à rebours, une sorte de psycho-réaction immunitaire, un mécanisme implacable… L'entité «Frère Mantle» vole en éclat, et ses constituants, les personnalités de Berverly et d'Elliot s'effondrent...



Sur ce canevas sombre et analytique, Cronenberg ne manque pas d' embrasser ses thématiques de prédilections : fascination et horreur de la science (matérialisée par d'étonnant instruments chirurgicaux), sexe, déchéance. En résulte une œuvre profondément sombre et intense, magnifiée par la performance de Jeremy Irons et quelques séquences folles dont le réalisateur Canadien a le secret ( le passage onirique ou Claire dévore le lien charnel qui uni les frères, la mise en scène quasi satanique d'une séquence d'opération, le final …). Si les œuvres de Cronenberg ont légère tendance (confessons-le) à vieillir et plus précisément à ne pas vieillir très bien, Faux semblants revu plus de 20 ans après sa réalisation semble traverser les temps sans que sa substantifique moelle ou sa ténébreuse mise en forme n'en soient altérés.



Mieux, cette bobine exigeante par excellence,  à la réalisation froidement maitrisée, supporte  visionnage et revisionnage.Vous l'aurez compris, Faux semblants est sans doute une œuvre majeure dans la filmo de Cronenberg et l'un des disques incontournables de ce début d'année. 17/20



Test technique :

L'édition Double DVD que nous avons entre les mains  délivre une image convaincante (grain visible mais pas gênant) au format 1.78 accompagnée de deux pistes audio ( Français / anglais) malheureusement uniquement stéréo. C'est spécifiquement du côté des suppléments que cette édition fait la différence puisque le deuxième disque propose un portrait passionnant de David Cronenberg (1h), un documentaire sur la gémellité ( La gémellité, le frai du faux - 30 minutes), un film annonce, un court doc sur le projet de "Faux semblants" (7 minutes) et un supplément dédié aux effets spéciaux du film (20 minutes). Il y a donc de quoi faire et surtout voir... On vous parle du Bluray dès qu'on arrive à mettre la main sur un disque.