A peine avons-nous eu le temps de nous remettre de «Paranormal Activity» troisième du nom que Wild Side Vidéo nous refait le coup du «found footage». Atrocious (un titre qui va, soyons en sûrs, inspirer les critiques amateurs de jeux de mots) est tombé sur nos platines DVD et Bluray le 11 avril dernier. Chez Ecranbis.com nous avons envoyé notre meilleur rédacteur prendre le pouls d'un cinéma fantastique ibérique en pleine crise d'identité. Nous sommes depuis sans nouvelles de lui... Nous publions donc ce qui pourrait bien être son ultime témoignage... Ces quelques mots à côté d'une galette de test souillée de sang...
Synopsis :
Avril 2010. 3 jeunes disparaissent en enquêtant sur une légende urbaine. Leurs corps, défigurés, ont été retrouvés. Les images qu’ils ont tournées aussi…
Chronique :
Avec son pitch pour le moins minimal et un communiqué de presse qui fleure bon la méthode Coué (Découvrez la nouvelle sensation du genre...Bah voyons !), l'Atrocious du mexicain Fernando Barreda Luna s'est frayé un chemin jusqu'à nos mirettes fatiguées. Face à ce docu-fiction espagnol, deux questions taraudent immédiatement le cinéphile éduqué. Après quelques films plutôt réussis, mais pas forcement renversants, le cinéma fantastique ibérique, un peu trop vite propulsé à la pointe de l'horreur made in Europe, est-il en train de trouver un second souffle ? La réponse est à priori non. Un constat que les récentes contributions de nos voisins du sud, «Les yeux de Julia», thriller d'inspiration Gallio, le malin mais finalement vite oublié «Buried», comme notre Atrocious du jour, ersatz assumé du Projet Blair Witch, ne viendront pas contredire.
De l'autre côté de la route, le «found foutage», le faux reportage, les kilomètres de bobines, de bandes VHS mystérieusement perdues, miraculeusement retrouvées, encombrent les canalisations du cinéma de genre depuis l'opéra forestier de Myrick et Sanchez. Même en considérant que le sous genre est le parfait terrain de jeu pour le cinéaste débutant et sans le sou, la perspective d'une énième aventurette camescopée, habitée d'acteurs en pleine impro et ses ses irritants tics formels (cadrage sautillant, vision nocturne...) peine a soulever le moindre enthousiasme. Certes quelques péloches ont su extraire de ce bonbon déjà sucé un semblant d'arrière goût. Cloverfield, Troll Hunter en tête, à grand coup de créatures CGIsées ou de second degré. Disons-le donc clair et net, on s'aventure dans Atrocious avec la sévère impression de venir tuer 1h15...
Impression malheureusement confirmée par un démarrage particulièrement peu consistant dans lequel Barreda Luna expose sans grande conviction le périple d'un frère et d'une sœur partis en vacances dans le manoir familial. Bien-sûr coupés du monde, on s'ennuie sec (le spectateur confirmera) et nos deux ados décident de réaliser un reportage sur une légende urbaine locale. On passe du jardin à la maison, de la chambre à la cave, visiblement sans autre motivation que celle d'étirer un maigre runtime (73 minutes tout mouillé). Pire, en dépit des louables efforts de Luna qui affirme avoir tout mis en œuvre pour que son film soit réaliste, tout y sonne faux et assez artificiel. Le fond ainsi touché, le bouton stop de la télécommande fait dangereusement de l’œil …
Bizarrement, passé sa douloureuse exposition, Atrocious se réveille soudainement. A l'ouest rien de nouveau, mais force est de constater que les bonnes vieilles et roublardes méthodes du sous genre font encore un peu recette. On court dans un jardin labyrinthique (il ne manque plus que la neige et on se croirait en plein Shinning), les maglights se perdent dans les branches, on "zyeute" dans un puits tout droit sorti de «The ring», on pleure, on hurle, on tape dans les portes pour finir par un twist parfaitement exécuté. (Ne regardez surtout pas le making of avant le film sous peine de vous gâcher sévèrement la surprise ) Tout émoustillé par cette dernière demi heure, on ressort d'Atrocious tiraillé...
Chose sûre, cet étrange péloche bi-polaire, aussi réussie que loupée, ne risque pas de faire date dans l'histoire de l'autre cinéma tout en étant bien plus fréquentable que prévu. Ecranbis coupe par conséquent la poire en deux. 5/10... Non négociable.
Test technique :
Wild Side propose comme à son habitude de découvrir l'effort de Barreda Luna avec une certaine excellence technique. Bien entendu, la facture vidéastique volontaire de la chose ne permet pas vraiment d'étalonner une installation home cinéma. On pourrait même douter de l'apport d'un support HD sur ce type de métrage. Sachez tout de même que la chose est délivrée au format 1.77 accompagné de mixages espagnols DTS 5.1 et DD simple stéréo, côté français, Dolbly DD5.1 et Audio 3D. Petite parenthèse sur cette dernière piste audio qui permet de profiter d'un son spatialisé avec un simple casque stéréo. Voilà une technologie qui se montre étonnamment efficace mais qui semble-t-il ne s'impose pas encore chez les éditeurs. Saluons donc l'initiative ! Des sous titres français sont également de la partie. Dans la cave à Bonus, des bandes annonces et un making of de 14 minutes un poil dispensable... Une édition comme on les aime.