Toujours en avance (quoi ? un peu d'auto satisfaction ne peut faire de mal), l'équipe d'Ecranbi.coms est allé poser quelques questions à Cédric Dupuis et Olivier Bureau, heureux géniteurs de Making Off dont la sortie DVD est annoncée le mois prochain chez Emylia... Interview sans concession et sans pincette...
Bonjour et merci de répondre aux
effroyables questions de l'Ecranbis.com. Making off, si on a bien lui
le dossier de presse, c'est une troisième version du film. Vous
aviez déjà tourné la chose en 2004 et 2006 sous la forme de courts
et vous lui avez même donné une suite en 2009. Qu'est ce qui vous a
motivé à vous lancer dans un long sur ces mêmes bases et sur ces
mêmes rails ?
Cédric Dupuis : Appeler le film
"la chose" est très juste. En 2004, il s'agissait d'un
court métrage fait uniquement avec mes amis. Nous étions en cours
ensemble, on s'est dit : Si on faisait un film? Le résultat était
amateur, mais on sentait un potentiel. J'ai retravaillé le scénario
pour en faire un long, et comme nous nous étions bien amusé la
première fois, on a décidé, avant la fin de la réécriture de
refaire un tournage (ça servait de test géant). Cette fois-ci, le
résultat était pas mal et ça m'a encouragé à finir le travail de
réécriture afin de lancer la version finale de Making oFF. Ces
premières expériences étaient la continuité du projet actuelle.
La seconde version ressemble beaucoup dans la mise en scène à celle
actuelle. Je dirai que cette seconde version était comme un
story-board
Le concept central du film est le «faux documentaire»...Une forme très «en vogue» dans le cinéma
de genre depuis le Blair Witch Project ( mais pas seulement), il
faut dire que l'exercice permet de s'affranchir d'un certain nombre
de contraintes budgétaires et en même temps c'est un style
exigeant... Qu'est ce qui vous a attiré dans cette idée de «faux
documentaire» ?
Cédric Dupuis : Quand nous
avions fait la première version, le scénario était plus ou moins
écrit depuis longtemps. J'étais fan (et encore maintenant) de C'est
arrivé près de chez vous. Le titre original de ce court métrage
était "C'est encore arrivé près de chez vous". Le style
documentaire était donc obligatoire. A l'époque, effectivement, ça
nous permettait de faire un film sans trop de difficulté
financièrement. A part Blair Witch et C'est arrivé près de chez
vous, il y avait eu peu d'autre film de ce genre, tout était
possible. La mise en scène est complètement différente de ce qu'il
se fait dans ce genre de film. Je n'avais pas de modèle qui
"m'obligeais" à suivre une ligne directrice. Dans les
docu-fictions, action et peur sont synonymes de tremblements de
caméra. Dans Making oFF c'est l'inverse, plus l'horreur se met en
place, plus la caméra est stable.
Olivier Bureau : C'est
effectivement, le style docu-fiction donc peu coûteux qui m'a permit
de produire ce film. Mais il aurait été difficile de traiter le
sujet du film autrement que par le docu-fiction, le titre même du
film impose cette mise en scène.
Making off est aussi une sorte de
critique de «la célébrité à tout prix». En même temps n'est-il pas aussi une sorte de réflexion sur le cinéma tout comme
l'était le Smash Cut de Lee Demarbre ? (Dans lequel un réalisateur
dans l'objectif de parfaire le réalisme de son œuvre commettait des
meurtres...)
Cédric Dupuis : Effectivement,
Making oFF traite aussi du cinéma. J'en ai une très mauvaise
vision. J'ai fait jusqu'à maintenant de pas très bonnes rencontres.
Les meilleurs répliques du tueur sanguinaire psychotique sont celles
que j'ai pu entendre sur des plateaux, mais je n'en dirai pas plus.
Olivier Bureau : Il s'agit d'une
mise en abîme de la mise en abîme de la mise abîme du cinéma (une
mise en abîme au cube). Et une mise en abîme du réalisateur aussi
! Mais ça n'est pas un film d'intello, c'est une comédie horrifique
ou un film d'horreur comique.
On imagine que le tournage n'a pas
été des plus simples. (J'ai lu que l'affaire avait été plié en
10 jours)... Quel est votre pire souvenir de tournage ? Le meilleur ?
Cédric Dupuis : Le pire? C'est
un peu un ensemble, le stress de n'avoir que peu de temps, être
toujours au maximum pour rentabiliser la moindre minutes de tournage,
être sûre que l'on a assez d'éléments pour le montage, et les
effets spéciaux. De manière précise, je dirais le jour du massacre
dans la salle de bain. Le nettoyage a été atroce (je retrouve
encore maintenant quelques traces de sang dans ma salle de bain). Ou
le jour des scènes "d'intro", le planning de certaines
personnes avaient changé au dernier moment, donc impossible de tout
faire dans la journée, il a fallu changer le scénario le jour même.
Le meilleur? La dernière journée. Ça fait plaisir de ce dire que
tout est finit, ça soulage, on se sent libre et cela fait plaisir de
voir que tout s'est bien passé. Que tout le monde est satisfait et
qu'on a pas demandé des efforts à tout le monde pour rien et qu'ils
en redemandent!
Olivier Bureau : J'ai une
passion pour la table régie et les repas, donc mon angoisse consiste
à savoir quel est le menu et quand va-t-on manger. Et comme comédien
sur le film, la séquence la plus difficile à faire est le premier
meurtre avec ces premiers sévices. C'est certainement aussi le
meilleur souvenir. C'est comme la table régie, il y a du bon et du
mauvais.
Le cinéma «Do it yourself»
fantastique français connait en ce moment sa petite heure de gloire.
On voit un nombre croissant de péloches « french et furieuses »
arrivées sur le marché de la vidéo. (Blackaria, Echap, DeadLine)
Comment vous expliquez vous cela ?
Cédric Dupuis : Les circuits
classiques du cinéma français sont assez impénétrables. Mais en
France, tous les domaines sont fermés, même le BTP (à très haut
niveau) j'en étais. Dans le cinéma français, comme on est assez
frileux et qu'on aime travailler qu'avec des gens que l'on connaît
pour des gens que l'on connaît, les nouveaux ont du mal à faire. Si
ce n'est en créant eux-même leurs propres films avec leurs moyens.
La création d'entreprise a été
booster par l'auto-entreprise qui s'avère à long terme être une
mauvaise idée, le marché est cassé, les auto-entrepreneurs sont
souvent sans expérience donc travaille pas beaucoup.
C'est la même chose pour les films, le
numérique permet beaucoup de choses, et on voit quelques bons films,
mais à long terme, plus personne ne s'en souciera car ces perles
seront noyées par une longue série de film sans grands intérêts
(j'espère que mon film fait partie de la première partie!)
Si on veut un cinéma français
de genre de qualité, il faut faire bouger les choses.
Que pensez vous du film de genre
français ?
Cédric Dupuis : On a 20 ans de
retard et avec un tel handicap, il ne faut pas s'attendre à voir des
merveilles à chaque sortie. Après chacun pense ce qu'il veut. Le
problème c'est que quand un film d'horreur français se plante, les
producteurs disent "Plus jamais ça!" mais quand ils disent
plus jamais ça, il ne parlent pas de ne plus jamais sortir un film
de genre bancale. Ils disent simplement "plus jamais je ne
sortirai un film de genre !" Selon moi, à la prochaine vague de
film de genre français, on aura seulement 40 ans de retard mais
peut-être que le vintage sera à la mode et qu'on deviendra numéro
1.
L' Après Making off, c'est quoi ?
Nouveau projet ? Vous pouvez tout nous dire, ça ne sortira pas
d'Internet ...
Cédric Dupuis : Vu comme je
suis assez critique du cinéma Français, je ne crois pas qu'un autre
projet soit gérable par les circuits classiques. Mais j'ai espoir...
Donc oui, un prochain film, encore du sang au programme, un projet
qui sera brutal et je peux aussi dire sans trop m'avancer que le
sujet tournera autour des zombies (après le slasher movie, je crois
que c'est logique de passer par la case mort-vivant)