Nous en parlions encore il y a quelques
jours lors de la sortie DVD de «Making Off», l'ultra
bis français connait, démocratisation de la vidéo aidant, un
regain d'activité. Pour les plus anciens d'entre nous, cette
nouvelle vague convoque en mémoire les souvenirs émus des Festival
du Super 8 Fantastique de Mad Movies et les années 80. Pour les plus jeunes, elle constitue une occasion
de faire la nique à un cinéma de genre devenu horriblement
timoré. Dans les caves de l'Ecran Bis, impossible de décrocher
nos mirettes (aussi délicates soient-elles) de cette production
délicieusement locale. Et Après nous êtres intéressés aux zombies
Toulonnais de Dead Line, nous avons reçu 2 DVD d'un jeune et
prometteur réalisateur girondin, Anthony Vavasori. Voyage dans le
Bis Bordelais pour un Double review...
On commence très fort avec «Projet Biohazard», bobine commençant elle même très fort (Vous voyez un peu la mise en abyme?), c'est à dire par l'effeuillage intégral (il va sans dire) d'une demoiselle de passage. L'instant d'après, l'heureux compagnon de cette danseuse exotique, dont nous apprendrons le passé de mercenaire (chaudement recommandé par le Général Macumba, ça ne s'invente pas) accepte une mission à haut risque contre un petit dédommagement de 600 000 euros. On ne sait pas si c'est du vrai travail mais en tous les cas c'est un vrai salaire. Évidemment à ce tarif, la tache ne sera pas vraiment de tout repos puisque notre homme devra constituer une petit équipe capable de pénétrer dans un complexe industriel, coupé du monde suite à mystérieux accident. Sur place, ils découvriront que l'on y menait de bien curieuses expériences transformant les morts en créatures assoiffées de sang.
Bien sûr pour mettre en scène son survival horrifique et sous terrain, Anthony n'a que le budget touillette à café du «Resident Evil» de Paul W. S. Anderson. C'est d'ailleurs paradoxalement tout ce qui fait son charme. Car au delà des considérations techniques et des approximations inhérentes au Z et à l'ultra bis, cette ballade morbide, une fois satellisée tient plutôt son orbite. Il faut dire qu'à défaut d'avoir les moyens de ses ambitions, le sieur Vavasori cumule une certaine maîtrise des codes du genre à un sens aigu de la débrouille. Ses quelques figurants zombifiés sont par exemple systématiquement filmés de façon à laisser croire qu'ils sont trois fois plus. Les plans du sas enfermant «EVE», une main sur le hublot sont aussi graphiquement remarquables... Double cerise (Soyons fous) sur le gâteau les effets spéciaux sont plutôt réussis et le réalisateur a la caméra baladeuse. Rien de tel qu'une paire de fesses ou une poitrine aussi refroidis soit-elles, pour mettre son spectateur en appétit.
Si Projet Biohazard n'est bien sûr pas le Z de l'année, ses 50 minutes constituent pour le cinévore déviant une excellente mise en bouche, suintant la passion et le délire entre passionnés. Bref du cinéma fou comme on l'aime.
Avec «Sang pour sang», Anthony passe au long métrage et s'acoquine avec le slasher forestier. La chose s'ouvre de façon particulièrement étrange: Un travelling irréel criblé d'inserts évoquant des rites sataniques et coquins avant de finir sur une tombe de laquelle surgira un zombie. Séquence superbement chorégraphiée et visuellement amusante, la tombe laissant échapper fumée et lumière façon 80's. Plus terre à terre (façon de parler), la deuxième partie de l'introduction expose le cruel massacre (à coup de lampe solaire de jardin entre autre) d'une famille avant de céder la place à un générique tout aussi inattendu puisque visiblement constitué de film de voyages. (D'ailleurs ce ne sera pas le seul recyclage du film). Il s'agit en fait du périple égyptien de la jolie Sarah (Sarah Vavasori) qui de retour en France se voit invité à une fête champêtre.
Qu'on se le dise il faudra une bonne demi heure et bon nombre de détours scénaristiques avant que «Sang pour sang» ne s'aventure véritablement dans le bois, mais une fois nos jeunes lâchés dans la nature, le spectacle se montre assez généreux. Décapitation, faucille, arc, marteau, tournevis, lame de scie circulaire, le vocabulaire meurtrier et bricoleur (l'un n'empêche pas l'autre) de notre tueur masqué n'a rien de limité. Histoire de pimenter un peu son récit champêtre et ne pas tomber dans récital pour fan de Vendredi 13, «Sang pour Sang» s'autorise même quelques détours par un fantastique bienvenu. Un souvenir égyptien (un scarabée en terre cuite) se transformera en épée sous le regard médusé de son propriétaire (ah ben merde alors !) et il se pourrait bien qu'une explication magique soit donnée à celle partie de bowling humain.
Vous l'aurez sans doute compris, Mr Vavasori ne se prend pas trop la tête avec son scénario (ni avec ses dialogues). A l'image de son personnage arpentant désespérément les bois à la recherche de feuille de grande taille pour s'essuyer l'arrière train, il semble traverser son récit avec un seul objectif, mettre en image ses délires cinéphiliques et révérencieux, en ne lésinant ni sur la sang, ni sur la chair. Notons la présence au générique de Lali, ex candidate de Secret Story reconvertie dans le X par ce coquin de Dorcel. Bref, amateurs de dingueries vidéastiques, il y a dans cet ultrabis girondin de quoi manger !
Pour plus de renseignements sur les œuvres d'Anthony Vavasori, un site internet, un seul : http://www.vava-production.fr/