L'effroyable secret du docteur Hichcock: Critique et test DVD


Artus Films nous avait annoncé une année 2012 riche en galettes et le moins que l'on puisse dire c'est  que la promesse est tenue. Alors que des bruits de couloir annoncent la sortie de plusieurs Franco à l'automne prochain, une salve de gothiques italiens vient de tomber sur nos platines. Des disques qui seront  officiellement  disponibles le 5 juin mais que vous pouvez déjà acquérir sur le site  de l'éditeur. Ecranbis.com ouvre le bal en vous parlant « L'effroyable secret du docteur Hichcock...

1962, alors qu'il vient d'envoyer Maciste en enfer (Maciste all’inferno), Riccardo Freda retrouve le «nom d'emprunt» sous lequel il a signé Les vampires (à deux mains avec Mario Bava)  pour le premier volet d'un vrai faux diptyque:  «L'orribile secreto del Dr Hichcock». Un effort résolument «Hammerisant» auquel il répondra l'année suivante avec «Le spectre du professeur Hichcock ». Empressons-nous d'ajouter que «Lo spettro», son titre original, n'est pas une suite de «L'orribile secreto» et ce bien que nous y retrouverons la sublime Barbara Steele, quelques seringues perdues et un étrange scientifique portant le nom d'Hichcock. Un patronyme qui fait de l'œil à un réalisateur anglo-américain pour répondre au cinéma britannique, ne tenons-nous pas là une aussi curieuse qu'involontaire définition du cinéma horrifico gothique italien... Quelque part entre génie et mercantilisme ?



Le scénariste Ernesto Gastaldi dont la carrière donnera le vertige à tout cinéphile un tant soit peu éduqué (2019 après la chute de New York, Atomic Cyborg, L'orgie des vampires, Le corps et le fouet, La queue du scorpion, L'étrange vice de Miss Wardh, La vierge de Nuremberg, Mon nom est personne…) sort ici courageusement des pincettes pour porter à l'écran les discutables orientations sexuelles d'un médecin Londonien. Bernard Hichcock a en effet un penchant certain pour la chevauchée de défuntes. On savait déjà la chair faible, on apprend ici que certains l'aiment froide. Aussi le soir venu et les invités reconduits, il organise avec Margherita, sa jeune femme consentante, quelques parties de corps à corps à  la lumière de bougies funéraires. Pour parfaire l'illusion, rien de tel que l'injection d'un anesthésiant «fait maison». Sa blonde endormie et totalement offerte, Hichcock peut s'adonner à son vice, le corps inanimé de son amoureuse dans les bras.



Mais un soir, certainement dans le but de jouer les prolongations (et peut être même qui sait les penalties...), notre bon docteur a la mauvaise idée de doubler les doses. Erreur fatale pour la belle qui ne tarde pas à vaciller et fermer son parapluie pour de bon. Fou de tristesse, ivre de rage et certainement très conscient qu'il ne sera pas aisé de retrouver une partenaire pour se genre de coquinerie, Hichcock quitte son manoir. Il en trouvera toute fois une en la personne de Barbara Steele qui depuis son éblouissante prestation dans «Le masque du démon» arpente les couloirs du cinéma d'épouvante. Ignorant tout des pratiques scandaleuses de son nouveau Jules, la belle brune au regard abyssal accepte de partager sa vie, mieux  d'habiter son inquiétante demeure. Il semble toute fois que le spectre de la première femme du docteur n'ait pas encore définitivement quitté les lieux.



Si quelque chose saute aux yeux dans ce cet «Effroyable secret du Docteur Hichcock» c'est bien la maîtrise de technique de Riccardo Freda qui expédie en 12 jours le tournage ce qui est aujourd'hui unanimement considéré comme un classique du cinéma gothique transalpin. La légende raconte également que le film ne fut pas tourné en Studio mais dans une villa que Freda  transforme littéralement en écrin (sombre et brumeux, il va sans dire) pour une Barbara Steele belle à mourir... Point intéressant, si l'esthétisme de ces 84 minutes évoquent clairement les productions horrifiques de la Hammer, le récit, lui,  une fois expurgé de son vocabulaire nécrophilique, se montre étrangement timoré. Le film de Freda ne s'autorise finalement qu'une danse langoureuse avec le fantastique et les apparitions spectrales de Margherita y trouveront une explication (presque) rationnelle. Inutile de réveiller Dracula, semble nous dire Riccardo, l'âme humaine n'est elle pas assez monstrueuse ?



Au rayon des curiosités, on retiendra un pauvre chat noir qui passe l'essentiel du film à se retrouver parachuté dans le cadre par un technicien. Le pauvre félin ignorant visiblement qu'il vient de rentrer dans l'histoire du cinéma de genre par la grande porte. Mais le plus surprenant reste le personnage de Margherita campé par la jeune Maria Teresa Vianello qui ré-apparaît dans le film 12 ans plus tard sous les traits d'une sexa belliqueuse à la voix grinçante. N'est ce pas là révéler à des millions de spectatrices apeurées, l'effroyable secret de ce fou d'Hichcock :  Mesdames, sachez-le, les années de chagrin comptent triple...

Test technique :

Artus nous permet de découvrir ce «Freda» dans d'excellentes conditions, c'est à dire une belle copie au format 1.85 d'origine accompagnée de mixages français et italien.  Barbara Steele est doublée par Mireille Darc dans la VF. (Ce qui ne gâche rien). Rayon bonus, outre les bandes annonces des autres titres de la collection « les chefs d'œuvres du gothique» et un diaporama, les cinévores pourront se délecter d'un entretien avec Gérard Lenne qui présente pendant une vingtaine de minute l'objet du délit. Le tout pour 12€90 …A commander dans ce coin du web : http://www.artusfilms.com/