Après une première édition DVD chez Universal puis chez MEP Vidéo, Histoires Fantastiques (Amazing Stories) retrouve le chemin des petites lucarnes françaises. Cette fois ci et pour la première fois en France, la totalité des épisodes des saison 1 et 2 se trouvent embarqués dans un coffret 8 DVD édité par Elephant Fomùs qui sera vendu en dessous de la barre des 50 euros. Une aubaine pour le fantasticovore collectionneur. Pour l'occasion, Ecranbis.com revient sur la douloureuse genèse de la série produite par Steven Spielberg le temps d'un dossier spécial en 2 parties...
"Nous sommes au beau milieu des années 80 et tout ce que touche Steven Spielberg devient de l'or. "
Nous sommes au beau milieu des années 80 et tout ce que touche Steven Spielberg devient de l'or. Après avoir produit et au passage réalisé un segment de «The twilight zone» film hommage à la célèbre série télé «La 4e dimension», le père d' «E.T.» et de «Jaws» rachète le nom d'une mythique revue de science fiction américaine et signe dans la foulée un contrat avec NBC. Un accord à l'époque qualifié d'historique. Pour produire son anthologie fantastique, Spielberg va bénéficier de conditions totalement inédites. Il signe pour 2 saisons complètes, 44 épisodes. Chaque segment bénéficiera d'un budget de 800 000 à 1 millions de dollars US. On nous promet des épisodes de qualité cinématographique signés par des poids lourds du grand écran: Scorsese, Dante, Spielberg, Zemeckis, John Landis, Clint Eastwood, Burt Reynold en tête. Le tout accompagné par les scores de Jerry Goldsmith, James Horner et John Williams . De quoi donner le vertige aux amateurs de fantastiques. Lorsqu'en mai 1985, le lancement d' «Amazing stories» est annoncé, les murs de la télévision américaine tremblent ! En particulier du côté de la concurrence et chez CBS qui vient de lancer «The New Twilight Zone» ( diffusé en France sur notre regretté la cinq sous le titre de la cinquième dimension) sur son réseau.
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Le secret le plus absolu va accompagner les tournages. Spielberg et NBC vont tenir à l'écart ce que le monde compte de journalistes. Au diable les projections presse, le tandem sûr de l'adhésion massive du public à la série se passera de communication. On raconte que même le programme télé US, le sacro saint «TV Guide» n'est parvenu à mettre la main sur des résumés d'épisodes. Le succès populaire annoncé ne viendra pourtant pas. Dès les premiers diffusions, la presse prend sa revanche et personne ne sera tendre avec les nouvelles aventures cathodiques de «Spiel». Pire, l'audience ne suit pas et notre super production télévisuelle se voit même distancée par «Arabesque» diffusé à la même heure sur la chaîne concurrente CBS. NBC prend la mesure de l'échec et va retirer «Histoires fantastiques» de son programme du dimanche soir. La série est décalée au lundi soir et la chaîne se sent même obligée de lui octroyer une rampe de lancement. Ce sera le soap de science fiction «Alien Life Form» plus connu sous le nom de A.L.F. Les audiences remontent un peu mais NBC, échaudée, est à nouveau contrainte de déplacer le programme le vendredi soir, ne prendra pas le risque d'une troisième saison...
"Qu'on se le dise, le re-visionnage d' Histoires fantastiques est d'abord et avant tout une plongée nostalgique dans les années 80 et dans l'imaginaire Spielbergien."
Qu'on se le dise, le re-visionnage d' «Histoires fantastiques» est d'abord et avant tout une plongée nostalgique dans les années 80 et dans l'imaginaire Spielbergien. Finalement la série n'entretient que peu de rapport avec le pulp dont elle emprunte le nom. Nous sommes en fait face à une anthologie de type «Tales from de Crypt » soigneusement accrochée aux rails du spectacle familiale. Et c'est peut être dans l'exercice délicat de cet entre deux qu'Amazing Stories a laissé les spectateurs de l'époque sur leur faim. Suivez le guide...
Le train fantôme (Ghost Train)
Un vieillard découvre que son fils a fait construire sa maison sur une ancienne voie ferrée. A l'endroit précis où lieu un terrible accident dont il est le seul rescapé. Une entrée en matière très Spielbergienne avec un épisode qualifié à l'époque de mièvre. Ce Poltegeist ferroviaire se montre pourtant plutôt touchant. Son final, relativement spectaculaire ( une locomotive apparaissant dans le salon de cette pauvre famille américaine) n'y est sans doute pas pour rien.
La météorite (The Main Attraction)
Pour Brad Bender, l'avenir semble tout
tracé. Seul un miracle pourrait empêcher ce jeune sportif de
devenir le roi de la promo. Mais une nuit, un étrange météorite
s'écrase dans sa chambre et transforme notre fort peu sympathique
héros en aimant vivant. Trempé dans le Teen Movie S.F. et
rigolard, «The Main Attraction» est un spectacle drôle et léger
qui devrait faire mouche chez tout accros aux sacro-saintes années
80.
Le messager d’Alamo (Alamo Jobe)
Un adolescent, pris dans l'Assaut du
Fort Alamo commence à avoir de surprenantes visions. Sous ses yeux
le présent et le futur se mélangent. Des touristes passent entre les
balles, appareils photos à la main et une étrange boutique de
souvenir s'est ouverte en plein champ de bataille. Un très classique
voyage dans le temps qui s’essouffle rapidement. Alamoe Jobe est sans
doute l'un des plus mauvais segments de la saison.
Papa, momie (Mummy, Daddy)
Cet épisode qui connu l'honneur des
salles obscures françaises nous propose de suivre les aventures
d'un acteur. Arnold joue le rôle de la momie dans un petit film d'horreur. Il se voit contraint de quitter le tournage avec
précipitation pour rejoindre sa femme sur le point d'accoucher. Dans
l'empressement, il ne retire ni maquillage, ni costume et son périple
nocturne s'annonce pour le moins épique. Il va devoir affronter une
bande de culs terreux persuadés d'avoir à faire à une véritable
momie. Hilarant et redoutablement bien torché, Mummy,
Daddy est une pépite télévisuelle à ne manquer sous aucun
prétexte.
La mascotte (The Mission)
Spielberg revient aux commandes pour un
cinquième épisode cinématographique somptueux. L'équipage d'un
bombardier s'y trouve en bien mauvaise posture. Suite à une attaque,
les trains d'atterrissage endommagés, ils ne pourront atterrir sans
sacrifier l'un d'eux coincé dans une tourelle. Kevin Costner et
Kiefer Sutherland sont excellents, l'idée de départ pas mauvaise
mais l'exécution pique, elle, au fil des minutes, du nez. L'entrée
très tardive du fantastique dans le récit ne sauvera pas les
meubles. Au contraire...
L’incroyable vision (The Amazing Falsworth)
Dans un cabaret de Los Angeles,
l'étonnant Mr Falsworth
fait un numéro dans lequel il prétend pouvoir lire dans les
pensées des clients en les touchant. Surprise ! Son don n'est
pas du chiqué et lorsqu'une tueur en série s'invite dans le public
en cours de représentation, le numéro du magicien va prendre une
toute nouvelle tournure. Sympathique, honnête mais pas forcement
renversant.
Programme spatial (Fine Tuning)
Avec son pitch prometteur mettant en scène un petit génie qui après avoir bricolé une antenne parvient à recevoir les chaînes de télévision extraterrestres, Fine Tuning donne l'eau à la bouche. L'épisode à l'époque très critiqué n'est certes pas à la hauteur de la promesse, mais il reste néanmoins amusant, rappelant pèle mêle : Explorers, Cocoon ou encore Terrorvision. Notons la présence de Matthew Laborteaux et une bande «craignos monsters» à faire rougir Charles Band. C'est dire !
Mister Magic (Mr. Magic)
Lou, un vieux magicien dont la carrière est sur le déclin va mettre la main sur un vieux jeu de cartes magiques qui vont le remettre en selle. Un très bel épisode qui bien que très classique dans sa réalisation et sa forme, se hisse dans le haut du panier de cette première saison. Touchant et très réussi.
Vacances forcées (Guilt Trip)
Difficile de raconter ce curieux épisode réalisé par l'acteur Burt Reynolds. La mauvaise conscience personnifiée est priée de prendre des vacances sur un bateau de croisière, et il se pourrait bien qu'elle y rencontre une incarnation de l'amour. Un segment fort original pour ne pas dire bizarroïde mais qui manque un peu de fond.
Le zappeur fou (Remote Control Man)
Walter pour échapper à sa morne
existence, passe le plus clair de son temps devant la télévision.
Un nouveau modèle de téléviseur, acheté dans une étrange chaîne
de magasins (Metaluna certainement en référence aux Survivants de
l'Infini) va lui permettre d'aller plus loin en remplaçant son
entourages par des vedettes de programmes TV. Complètement barge,
Remote Control Man est aussi pour ne pas dire surtout un véritable
festival de Guest Stars ( Arnold et Willy, L'agence tout risque,
Hulk...) Excellent d'un bout à l'autre.
Nuit de Noël (Santa ‘85)
Évidement , Amazing stories n'échappe
pas aux traditionnels épisodes de noël. Celui ci, complétement tiré par la barbe, ne fera en tous
les cas pas date. A oublier très vite...
Vanessa (Vanessa in the Garden)
Après que Vanessa, sa jeune femme, perde la vie dans un accident, un artiste va trouver un curieux moyen de la faire revivre à travers sa peinture. Un épisode à priori peu engageant signé par la main de Clint Eastwood. Le résultat est contre toute attente très bon. On ne s'y ennuie pas une seconde.
La baby-sitter (The Sitter)
Une mère divorcée a toutes les peines
du monde à trouver une baby-sitter pour ses deux fils
particulièrement turbulents. Après avoir terrorisé toutes les
jeunes femmes du quartier, nos deux pestes vont trouver en la
personne d'Angela, sorcière guatémalienne un calmant des plus efficaces.
Un épisode clairement adressé au jeune public. A voir au moins pour
Seth Green qui trouve ici l' un de ses tout premiers rôles.
Le héros malgré lui (No Day at
the Beach)
Très audacieux, tourné en noir et
blanc avec un Charlie Sheen en grande forme. No day at the Beach
restera sans doute l'une des plus grosses déceptions de cette
saison. On y suit les peu passionnantes aventures d'un soldat dont le
seul rêve est de devenir un héros. Un spectacle longuet !
Le dernier verre (One For the Road)
Cette réalisation de Thomas Carter
rappelle les meilleurs moment de la 4ème dimension. Il y est
question d'un ivrogne pas pressé de fermer son parapluie au grand
désespoir des autres clients d'un bar. Ces derniers espèrent en
effet profiter d'un contrat d'assurance vie. A voir.
Le collectionneur (Gather Ye Acorns)
1932, un jeune garçon préférant les
bandes dessinés au travail va recevoir les curieux conseils d'un
Elfe. Quelques 50 années plus tard, alors qu'il croit avoir choisi
le mauvais chemin, sa vie va basculer. Pas franchement emballant en
dépit de la présence de Mark Hamill et d'un message à tout ce que
la terre compte de collectionneurs.
Bouh ! (Boo!)
Épisode très attendu puisque réalisé
par Joe Dante, l'enfant terrible d'Hollywood. A l'époque, la
déception fut quasi unanime. On se demande aujourd'hui bien
pourquoi. Les tribulations d'un vieux couple de fantômes face à de
nouveaux colocataires particulièrement allumés (Mr est impresario,
Madame fait du porno) valent assurément le coup d'œil. Cocasse et
délirant.
Dorothy et Ben (Dorothy and Ben)
On termine ce 3iem disque avec un segment particulièrement émouvant. Il y a sera question d'un étrange lien télépathique entre une petite fille dans le coma et son camarade de chambrée, Ben, 40 ans qui vient lui juste d'en sortir.
Miroir, miroir (Mirror, Mirror)
Le pitch rappelle furieusement un des segments de La maison qui tue, célèbre film à sketches produit par l'Amicus. D'ailleurs dans sa séquence introductive, Scorsese semble rendre hommage au cinéma gothique britannique avant de s'accrocher au destin d'un auteur de livres horrifiques à succès. Ce dernier touché par des hallucinations aperçoit dans les miroirs un tueur balafré et monstrueux. Une très belle mise en scène accompagne le tout. Très fréquentable.
Le cinéma secret (Secret Cinema)
A classer
directement sur le haut de la pile, cet épisode fou réalisé par
Paul Bartel raconte l'histoire de Jane, jeune femme à qui il
n'arrive que des malheurs. Elle ne tardera pas à découvrir que sa
malchance a une explication très rationnelle. Elle est sans le
savoir l'héroïne d'une série de films comiques. Le Truman Show
avant l'heure et un épisode incontournable dans cette première saison.
La moumoute sanguinaire (Hell Toupee)
Nettement moins réussi mais, faut-il le reconnaître assez gonflé, Hell Toupee cause d'une prothèse capillaire tueuse. Amusant mais c'est bien tout.
La poupée (The Doll)
Très Spielbergien dans son propos et plein de bon sentiments, cet épisode vaut son pesant de porcelaine. Un homme visitant un magasin de jouet fait main pour trouver un cadeau d'anniversaire, va être fasciné par une poupée. Il en tombe presque amoureux et va remuer ciel et terre pour retrouver la femme qui a servi de modèle au vieil artisan.
L’encyclopédie vivante (One For the Books)
Un vieil homme qui fait le ménage dans un lycée va soudainement découvrir qu'il est polyglotte et qu'il maîtrise aussi bien les sciences, l'histoire que les mathématiques. L'explication de cette soudaine et brutale érudition est à chercher dans le ciel ou plus précisément dans l'espace. De la SF simple mais efficace qui se clôturera par l'apparition d'une belle soucoupe volante vintage au beau milieu d'un stade de football américain.
Le fantôme de Charlie (Grandpa’s Ghost)
Cette première
saison d'Histoires fantastiques se termine sur l'un de ses épisodes
les plus étranges. Après le décès de son grand père, un jeune
homme décide de prendre sa place. Ce segment, traversé par de
surprenants passages oniriques, semble parfois échapper à toute
logique narrative. Un véritable ovni !