Helldriver: Critique et test bluray



Pour le plus grand bonheur des cinévores en manque de sensations fortes, Elephant films continue d'explorer les canalisations les plus trash du «Made in japan».  Le nouveau film de Yoshiro Nishimura, le réalisateur de Tokyo Gore Police et Vampire Girl vs Frankenstein Girl, s'écrasera sur les platines françaises le 21 août. De quoi patienter avant la sortie du coffret SUSHI TYPHOON Vol 1 (Pas moins de 9 DVD et 5 Bluray, le tout en édition limitée en septembre prochain). Ecranbis passe au review...ça va gicler !



Chronique: 

Le phénomène V-Cinéma et plus spécifiquement le succès qu'il embrasse au delà des frontières du Japon, est à première vue difficile à expliquer. Comment le public occidental, si prompt à railler les bobines échappant à sa propre culture pour ne pas dire aux standards d'un divertissement mondialisé, peut-il s'éprendre d'une production aussi spécifique et particulière que le V-Cinéma ? La question mérite plusieurs réponses et il faudra d'abord admettre que notre cinéma de genre tourne depuis quelques années en rond, se bornant à la digestion et re-digestion plus ou moins révérencieuse  de ses propres mythes fondateurs. D'autre part, pour quelques générations de cinéphiles, biberonnés aux animes, aux Sentai et autres mangas, il existe à défaut de véritable pan de culture commune, des passerelles ou plutôt des portes ouvertes sur l'imaginaire nippon. Deux choses apparaissent toutefois clairement. Primo: L'appétit des cinévores pour ces bobines vidéastiques folles et transgressives a depuis longtemps dépassé le stade de la curiosité ou du trip exclusivement exotique. Secondo: l' écolière au bras mitrailleur de Machine Girl a elle obtenu son visa pour la culture pop mondiale.


Excroissance de la firme Nikkatsu, le label Sushi Typhoon entend surfer la vague et l'engouement transfrontalier suscité par Tokyo Gore Police, Machine Girl & co. Et c'est l'un de ces premiers rejetons pelliculés, Helldriver, dont il nous est permis de disserter aujourd'hui. Première constatation, tout ce qui fait la substance des œuvres précitées se retrouve dans ce nouvel effort : Frénésie conceptuelle, folie visuelle et pitch improbable. Au programme, une jeune lycéenne nommée Kika qui découvre en rentrant chez elle que sa mère et son oncle sont en train de béqueter son père tétraplégique. (La journée commençait déjà mal !). Le temps de se retourner, un étrange corps céleste en flamme traverse le ciel pour  perforer le torse de cette maman cannibale dont la réaction laisse penser que l'instinct de survie est définitivement plus fort que l'instinct maternel. Elle arrache le cœur de sa pauvre fille pour se l'implanter sur le champs et se métamorphose (soyons fous !) en étrange monticule de résine, recrachant dans l'air un nuage de cendre. Nuage qui transformera une bonne partie de la population japonaise en créatures affamées et  dotées d'une tumeur cérébrale apparente. (Un demi bretzel planté dans le front).



Afin d'empêcher la propagation du fléau, le gouvernement construit un mur coupant le japon en deux. Six millions d'infectés sont parqués dans le Nord, ce qui n'est pas sans causer quelques divergences  politiques et questionnements humanitaires. D'autant plus que des trafiquants n'hésitent pas à franchir le mur pour arracher aux pauvres malheureux leur disgracieux appendice frontal.  Appendice qui une fois réduit en poudre constitue une puissante drogue dont la consommation excessive entraîne l'explosion de la boite crânienne (voilà voilà...). De son côté, Kika se réveille transformée en véritable machine de guerre, dotée d'un cœur artificiel et d'une épée tronçonneuse. Elle est envoyée de l'autre côté du mur pour exterminer la menace zombie et plus spécifiquement son origine, c'est à dire sa propre mère ! Vous l'aurez compris le scénario de «Helldriver» est une délirante compilation thématique. Des précédentes œuvres de Nishimura (Maya et ses bras tailladés,etc...) au Land Of Dead de Romero en passant par New York 1997, Blade Runner, le Grinhouse de Tarantino et Rodriguez , tout y passe, rien ne résiste. Pas même la structure du métrage, littéralement sans queue ni tête, qui s'offre 46 minutes d'introduction avant de lâcher son générique !



Mais  "Hell Driver" surprend finalement plus par son fourmillement incessant que par ses pirouettes scénaristiques et formelles. Ses 2500 plans, une idée folle toutes les 10 secondes font de ces quasi 2 heures un spectacle frénétiquement dense... Pourquoi la Zombie car?  Pourquoi Kika s’ingénie-t-elle à se venger de son oncle en lui redessinant la raie de fesses à coup de tronçonneuse ? Pourquoi le géant de chair attrape missile? Pourquoi la douce Maya se vide-t-elle de son sang par les mamelons ? Pourquoi cette ahurissante séquence de pole dancing sur une colonne vertébrale? « Pour le plaisir!»  semble répondre Nishimura  plongeant  par la même occasion son «HellDriver » dans la bassine d'une jubilation aussi extrême que gratuite... Face à ce Tsunami filmique qui pourrait passer faire les précédents fleurons du V-Cinéma  pour des épisodes de Bioman, il n'y a guère que 2 postures possibles... La première est d'accepter le trop plein , entrer dans le film tête première et de se délecter de sa charge régressive, la seconde est de rester à côté en s'interrogeant sur la santé mentale de ses géniteurs. Dans un cas comme dans l'autre, cet improbable ovni vidéastique ne laissera pas de marbre.



Test technique :

Pour l'occasion , Elephant films dégaine une édition premium Combo Bluray + DVD habillée d'un sur étui cartonné. Le deux disques permettent de découvrir le film dans son format 1,78 d'origine avec, bien entendu, un avantage certain de résolution pour la galette HD. Rayon audio, nous avons droit à  une version originale (Dolby Digital 5.1 pour le DVD et DTS HD Audio pour le Bluray) , un doublage français très honorable (DD5.1 et 2.0 pour le DVD, DTS HD audio pour le Bluray) le tout accompagné par des sous titres français. Pour le supplément, il faudra se tourner vers la galette simple définition qui embarque un très instructif making off de 42 minutes et la bande annonce du film. Sachez enfin qu'une flopée de bandes annonces vous attendent sur les deux disques. Ecranbis.com tronçonne  un 3,75/5 sur le boîtier  de ce combo 100% mad.