Le cimetiere des morts vivants : Critique et test DVD


1965 , année très gothique pour Massimo Pupillo qui entre dans l'histoire du cinéma fantastique italien avec trois films mythiques : 5 tombe per un medium, Il boia scarlatto et la malheureusement toujours difficile à voir : Vendetta Di Lady Morgan. 3 mémorables explorations de l'étrange avant que l'homme ne tourne le dos au genre, préférant coller les bask' de Django avec « Bill il taciturno » qu'il réalise en 1968. Après avoir ébloui nos mirettes d'un flamboyant «Vierges pour le bourreau», Artus offre à la collection « Les chefs d'oeuvre du Gothique » un petit détour par le cimetière des mains vivantes, ou des morts vivant, on ne sait plus trop. Ecranbis.com déterre ses notes de visionage...


Envoyé par son notaire de patron dans les profondeurs de l'Europe pour assurer une pressante affaire de succession, Albert Kovac, clerc de son état, va faire une peu commune et résolument macabre découverte. Son client, le mystérieux Mr Hauff est depuis belle lurette passé de l'autre côté du miroir. L'acte notarié en travers de la gorge, Albert se console en tenant compagnie à la veuve du défunt (Barbara Steele) et surtout à sa belle fille, la jeune et jolie Corinne. Un petit week end à la campagne avec la perspective d'une « prise en sandwich » sentimentale, la mère et la fille d'un lancé, le panier plus la pénalité... ça ne se refuse pas... Malheureusement, Albert va devoir « momentanément » se placer les espoirs sur l'oreille. Notre étrange Mr Hauff , scientifique talentueux a en effet consacré l'essentiel de son existence à l'étude du paranormal et à l'occultisme. Quand à sa sinistre demeure, elle fut construite sur un lazaret, dernière demeure des pestiférés mis en quarantaine. Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, la mort frappe dans le village voisin et il se pourrait bien que les victimes soit précisément ceux qui ont apposé leur paraphe sur l'avis de décès de Mr Hauff.



Tourné à la chaîne avec « Vierges pour le bourreau », Notre cimetière des morts vivants fut longtemps attribué à son producteur Ralph Zucker. La vérité triomphe toujours (ou pas ...), on finit par apprendre que l'œuvre, du moins dans sa version italienne, fut entièrement signée par la main de Pupillo. Face à des producteurs américains réclamant de façon insistante plus de violence et d'horreur, Massimo se serait fendu d'un « Do it yourself ! » forme polie du traditionnel « va fen culo ! » italien que nous nous empresserons de traduire par « C'est fou comme tu m'exaspères! ». Revers de la médaille, il perdra par la même occasion la paternité du métrage. En fait la version américaine du film, comprendre son « producer cut » ne diffère que de peu du montage italien. Quelques coupes, une scène de mort alternative et un simple prologue qu'Artus films a eu la bonne idée d'inclure dans les suppléments. Bref, vous ne perdrez pas une miette de ce « 5 tombe per un medium », vous verrez tout ce qu'il y a à voir... 

 

« Le cimetière des morts vivants » est souvent présenté comme une œuvre mineure, voir anecdotique, ne valant que par la présence d'une Barbara Steele supportant de moins en moins son statut de reine de l'horreur. On cite également et régulièrement la charge érotisante présumée (pour l'époque il va sans dire) de quelques scènes qui raviront encore aujourd'hui les fétichistes du dos et des épaules. Ce jugement puise ses arguments dans plusieurs puits. Sa tête d'affiche, Barbara Steele n'y tient pratiquement qu'un second rôle... Ou du moins pouvons nous affirmer sans trop nous mouiller qu'elle n'est nullement l'héroïne du film ? D'autre part, l'œuvre s'habille d'une certaine lenteur et d'une linéarité dans ses deux premiers tiers. Pupillo se cherche-t-il ? (Rappelons qu'il s'agit là de son premier effort) Pêche-t-il par excès de méticulosité ? Toujours est-il que le cimetière des Mort vivants s'étire dangereusement, évitant avec habilité toute fulgurance. On en viendrait presque à comprendre les requêtes des financiers au cinéaste : Hey Massimo, embraye ça fume !

Fort heureusement, les 20 agitées et réjouissantes dernière minutes viendront arracher le spectateur à sa torpeur et libérer les morts vivants promis par le titre français. Pestiférés revenus de l'au delà pour ne montrer que le bout de leur mimines dans la pénombre brouillardeuse. Peu importe, sur les terres du cinéma plus qu'ailleurs, l'intention prime. Non, « 5 tombe per un medium » n'est ni le joyaux manquant de la couronne, ni un grand film fantastique italien. Il reste cependant un gothique atypique , intéressant et dont la rareté justifie à elle seul un visionnage ou un achat. 2,8/5 



Test technique :

La galette éditée par Artus films permet de découvrir le film de Pupillo dans de bonnes conditions. Un beau transfert et des pistes sonores françaises, italiennes ainsi que des sous titres français. Au rayon bonus, comme précisé dans la chronique, vous pourrez vous repaître du prologue de la version US, ainsi que d'une scène de mort alternative tournée par Zucker pour le montage américain. En plus d'un diaporama et d'une poignée de bande annonce, l'éditeur offre 35 minutes de culture cinéphilique en compagnie d'Alain Petit. Que demande le peuple ?