Dead Set: Critique et test DVD

Le coffret Dead Set

Fin octobre, ce que la France compte de cinévores fantasticophiles sont sévèrement priés d'accrocher leur ceinture. Le virage vidéastique en vue promet en effet quelques dérapages joyeusement gore. Après avoir un temps squatté la grille des programmes de Cine Cinéma Frissons, Dead Set, la mini série britannique lâche enfin sa horde de «contaminés» sur les linéaire des vidéostores français. De quoi effacer définitivement de nos mémoires une bien fadasse saison 2 de «The WalkingDead». Ecranbis.com se devait de célébrer le retour dans l'hexagone de cet ovni télévisuel d'un R qui veut dire... Review...


Chronique :

Si vous cherchez à savoir ce qui a poussé Charlie Brooker, humoriste spécialisé dans le taillage de costards sur mesure à se frotter à la thématique «Macchabées revenu accidentellement à la vie», ne cherchez plus. En plus d'assumer la paternité de chroniques grinçantes pour «The gardian», le monsieur avoue volontiers souffrir d' une passion dévorante pour le cinéma fantastico horrifique doublée d'une collectionite aiguë. Envoûté par le délicieux parfum émanant des productions de Romero et Fulci, notre pince sans rire anglais rêve secrètement de chairs putréfiées et d'entrailles offertes (encore chaudes il va sans dire) à une armée de morts vivants. Jusqu'au jour où la petite lucarne offre à ses mirettes émerveillées le Graal télévisuel. Big Brother, rite cathodique, exutoire voyeuriste, gonzo cérébral faisant passer le «Huis Clos» de Sartre pour une après midi Tupperware... Peu importe, Brooker sait qu'il tient là un formidable concept, recyclant de façon définitive l'un des piliers de l'œuvre Romeresque: le brassage social en vase clos. 

Heroine de Dead set


L'idée est aussi simple qu'opportuniste, alors qu'une bande de décérébrés, volontaires à la célébrité instantanée et à l'enfermement, jouent les poissons exotiques dans un aquarium vidéo surveillé, le monde s'écroule sous les pas d'une armée de cadavres marcheurs. Et peu importe si le brave Charlie se défend depuis d'avoir creusé en douce dans les fondements de son apocalypse quelques galeries suintant la critique sociétale. Le connaisseur, lui, ne s'y trompera pas, s'étonnant tout de même que la société Zeppotron, derrière laquelle se cache Endemol ait pu mettre la main à la pâte d'un tel pamphlet. Mieux que la véritable animatrice du «Big Brother» anglais: Davina McCall ait pu accepter d'y interpréter son propre rôle... jusqu'à la mort. Le «sens de la dérision» si particulier à nos voisins d'Outre Manche nous étonnera toujours. Surprise quand tu nous tiens, c'est un jeune réalisateur frenchy qui sera appelé à la barre.

un zombie de Dead set


Yann Demange, expatrié français ayant fait ses armes télévisuelles en torchant quelques épisodes de la série « Journal intime d'une call girl» pour la télévision anglaise et que rien de prédisposait à l'étalage de tripailles sur petit écran se retrouve donc embarqué dans la folle aventure de Brooker. On parle d'un tournage éreintant, 40 jours de sueurs, d'absence de sommeil et de corps à corps avec l'indigence budgétaire. Douloureuse genèse que le résultat pelliculaire ne laisse aucunement entrevoir. Dead Set, antérieur de deux ans aux aventurettes zombifiques de Frank Darabont ouvre la porte de la production cathodique aux fulgurances gores, au mauvais genre... Éléments depuis longtemps digérés par la génération pré comme post geek et entrés dans la culture populaire sur le dos du cinéma d'exploitation. L'apport au sous genre, celui du «Zombie Flicks» est faut-il l'admettre presque inexistant, autrement dit Dead Set promène son armée des morts en terrain balisé, passant d' amoureuses révérences en clins d'œil appuyés. Mais l'avancée culturo télévisuelle doublée d'une indiscutable qualité d'écriture l'emporte haut la main. 

Femme attaquée par un zombie dans dead set


Une fois la première galette insérée dans la platine et les 20 premières minutes écoulées, impossible de décrocher de l'écran, déloger ce foutu disque à moins que cela ne soit pour enfourner le second. On finit donc par avaler ce peu délicat mais indéniablement savoureux met filmique d'une traite. La réalisation de notre compatriote Demange, même ternie par un usage maladif de «Shaky cam», n'y est sans doute pas pour rien. Une chose est sûre, cela faisait longtemps qu'on avait pas autant «trippé» devant une série TV. Une revigorante claque dans la petite lucarne qui mérite bien un 4/5.
attaques de morts vivants dans dead set

Test technique :

Koba Films nous permet de découvrir «Dead Set» dans un fort sympathique coffret 2 DVD à l'image de très bonne tenue (et ce en dépit de la photographie parfois un peu terne de la série). Du côté des plaisirs auditifs, nous avons droit à des mixages simple stéréo en langue française et anglaise, accompagnés de sous titres français. Le "plus" indéniable de cette édition est à chercher du côté de ses suppléments, tous regroupés sur le disque 2. Un making of, des scènes coupées, un doc sur les effets spéciaux, des entretiens avec Yann Demange et Charlie Brooker. Des bonus courts mais que l'éditeur a pris soins de sous titrer. Une excellente édition.

menu DVD de dead set



Auteur : Claude G.