Comme pour nous aider à chasser de nos mémoires de lointains souvenirs de plage et autres rêves de sable, MEP Vidéo nous invite le 10 octobre prochain à succomber au doux chant de «Siren», un thriller fantastique anglais qui eu l'honneur d'imprimer les écrans du BIFFF l'an passé. Oh, lecteur, qu'il est difficile de rester de marbre à l'appel des sculpturales amazones «squattant sa jaquette», machette en main et bikinis sévèrement tendus. D'autant plus difficile que la péloche, très éloignée du survival touristique annoncé s'avère une des surprises vidéastiques de l'automne... Ecranbis.com a largué pour vous les amarres...
Chronique :
Né au Canada, Andrew Hull entre dans le monde du cinéma par la petite porte à la toute fin des années 90. On le retrouve en qualité d' «Art Director» sur une dizaine de productions dont «Robocop Prime Directive » série dérivée du film de Paul Verhoeven et quelques autres petits plaisirs très vidéastiques : Un Anthony Hickox (Jill The Killer), un Russell Mulcahy (Ressurection ) et même un Tibor Takács (Sancturay). Son unique fait de gloire: avoir mis la main à la patte de P2 (2e Sous sol) sympathique thriller sous terrain au dessus duquel planent les ombres de nos compatriotes Alexandre Aja et Gregory Levasseur. Notre homme profitera néanmoins de cette période de labeur purement alimentaire pour mettre en boite une poignée de courts. Siren sera son premier et malheureusement dernier long métrage, en effet Andrew Hull décedera tragiquement à l'age 46 ans à Londres quelques mois avant la sortie du film. Paix à son âme...
Son auteur passé de l'autre côté du miroir, Siren, oeuvre involontairement testamentaire va tout de même faire son bout de chemin... Le film est distribué sur le territoire américain par Liongate et se voit dévoilé au public européen durant le sacro saint Bruxelle Fantastic Film Festival de l'année 2011. Et le moins que l'on puisse écrire c'est que de son passage dans la capitale belge, nous n'eurent que de peu élogieux échos. Première critiques et retours à prendre avec précaution car on le sait, dans l'ambiance survoltée des projections publiques, porté par un enthousiasme très festivalier, il arrive souvent que le cinévore taxe un premier effort maniéré de «sensation de l'année» ou à l'inverse, prenne une opale pour un vulgaire caillou. Oh Joies de l'open bar et de la critique écrite dans le TGV du retour, les yeux humides, la gorge sèche, la céphalée carabinée en prime. Il faut bien dire que dans l'art de camoufler les desseins de son auteur, ce «Siren» fait fort en disposant en vitrine (comprendre sur son affiche) des arguments qu'il n'a pas en stock. Pour le dire vulgairement, le pauvre spectateur persuadé de tomber sur un prolongement cinématographique et "Koh-lanteux" de Beach Babes from Beyond peut aller se faire cuire un oeuf. Siren est un tout autre film …
Nous aurions volontiers crié «remboursez !» avec les loups de mer, si le métrage d'Andrew Hull n'avait pas immédiatement offert à nos fiévreuses mirettes quelques qualités ou du moins une bonne raison de se mettre les trois baigneuses de ses séduisants visuels sur l'oreille. Oui dès son énigmatique introduction, Hull annonce la couleur comme son intention de rebattre sans cesse les cartes de la réalité proposée. Son éternel trio amoureux embarqué sur un petit voilier au large de la Tunisie, Ken , Marco et Rachel semblent à première vue voguer vers un classique huis clos maritime ? Et bien non, à l'approche d'une île mystérieuse, l'un d'eux aperçoit un appel de détresse lumineux. Ils tenteront en vain de secourir un naufragé en plein délire schizophrénique avant de découvrir une jeune femme complètement désorientée répondant au doux nom de Silka. Étrange créature à visage humain, perdue au milieu de la méditerranée... Sur une île dont personne n'est jamais revenu...
Vous l'aurez compris, la bobine d' Andrew Hull est toute accaparée par la relecture moderne du mythe de la sirène poussant le vice jusqu'à donner au bateau le doux nom d'un divinité Greque (Persephone) et à s'offrir quelques poussives évocations de l’Odyssée. Peu importe, le choc est de toute façon plus formel que titanesque. Siren parvient en effet à se rouler dans les draps froissés du film d'auteur, sans pour autant définitivement tourner le dos au cinéma d'exploitation. Mieux, et en dépit d'un budget qu'on imagine aussi serré qu'un expresso du matin, Hull accouche d'une oeuvre atmosphérique, au cadrage souvent superbe. Si l'on ajoute un récit se balançant, non sans grâce, entre onirisme et réalité … ( Façon Lost Things, autre curiosité à découvrir) , on se dit que l'on tient là un petit film fantastique aussi curieux qu’envoutant. 6,7/10
Test technique :
Mep Video nous permet de découvrir ce «Siren» dans son format d'origine scopé 2.35 et avec une qualité d'image très satisfaisante (Exception faites d'un court passage onirique ayant visiblement fait l'objet d'un traitement numérique intense par les auteurs du film, rendant par conséquent la copie très granuleuse). Au rayon plaisirs auditifs , des pistes Dolby Digital 5.1 et stéréo en français et en anglais ainsi que des sous-titres. Seul point noir: une absence totale de suppléments dans la cale à bonus.