Les pays de l'ex-bloc soviétique n'ont décidément pas besoin d'offices de tourisme, le cinéma américain se charge de tout ! Eli Roth avait fait l'apologie des prestations hôtelières slovaques, Oren Peli, Mr Paranormal Activity donne, lui, dans la promotion du tourisme nucléaire. Avec ce genre d'excursion, irradie-t-on de bonheur ? Pour le savoir, on enfile sa combi Mururoa, on allume son compteur Geiger et on suit Ecranbis.com pour un review DVD en zone contaminée.
Chronique :
Après avoir réussi l'un des plus étonnants tours de passe passe cinématographique de ces dernières années, Oren Peli entendrait-il borner ses efforts à l'exploitation pure et décomplexée d'un filon? A en croire la filmographie de cet ancien concepteur de jeux vidéo converti en prodige du film bricolé à la maison, la réponse serait plutôt oui. A son roublard et ultra rentable «Paranormal Activity», le jeune homme a déjà donné trois suites tout en s'acoquinant avec James Wan (Le créateur de la franchise de torture porn : Saw) pour Insidious. Peli, le nouveau roi de l'horreur «Low cost», le prince du buzz movie, remet le couvert en cette douce année 2012 avec «Chernobyl Diaries» qui en dépit de son insuccès sur le territoire américain, va faire partie des quelques péloches ouvertement horrifiques à atteindre les écrans de l'hexagone. «Laissant les fantasticovores sans voix» serions-nous tenter d'ajouter tant, en ce qui concerne le genre que nous chérissons, les options des distributeurs et exploitants français semblent désormais déconnectés de toute forme de logique. Comment faire avaler une énième aventurette fauchée en vue pseudo subjective tout en demandant au public français de se mettre Piranha 3DD ou le dernier Carpenter sur l'oreille ?
La presse spécialisée répondra à cette métaphysique question d'une seule voix, atomisant ces «Chroniques de Tchernobyl» de review peu flatteurs. Il faut bien dire qu'après 13 ans d'ersatz du «Blair Witch Project», le dosimètre du cinévore est fatalement dans le rouge et la coupe pleine comme une huître contaminée. Les vertus cinématographiques de cette nouvelle addition ne sautant à priori pas aux yeux, l'agacement de l'observateur et celui du public n'avaient rien pour ainsi dire rien d'imprévisibles. Quoiqu'il en soit, cette ressortie vidéo permettra de redécouvrir le film de façon certainement moins passionnelle, ou du moins sur un support plus en phase avec ses ambitions premières.
Le pitch , aussi malin que racoleur, abandonne une poignée de jeunes yankees en plein euro trip. Un périple sur le vieux continent qui passera par l'Ukraine et la peu orthodoxe agence de Yuri, ancien militaire reconverti dans le tourisme de l'extrême. Grâce à lui, nos insouciants pèlerins vont embarquer dans une camionnette pour une safari radioactif à 110 km de Kiev dans la zone interdite qui entoure la centrale de Tchernobyl. Arrivé sur place, ils auront la mauvaise surprise de tomber sur un barrage de l'armée, interdisant l'entrée dans la périmètre. C'était sans compter sur ce vieux loup de Yuri qui décide de prendre un chemin à travers les bois pour rejoindre Pripyat, ville la plus proche des réacteurs, devenue fantôme depuis l'évacuation de la population. Pour cause de radiation, ils ne pourront rester que le temps de prendre quelques photos. Mais au moment de repartir, le Van dont l'équipement électrique a été visiblement arraché, refuse de démarrer. Ils vont devoir rester sur place et survivre une nuit sans savoir connaître le terrible secret qui entoure les lieux.
Évidemment, l'idée de surfer la vague d'un des accidents nucléaires les plus effroyables de l'histoire est en soit d'un goût douteux, en particulier en provenance d'un pays qui s'est empressé d'expurger du montage de son «Spiderman» les plans des Twin towers par peur de réveiller le traumatisme 11 septembre. Deux poids deux mesures ? En tous les cas, Oren Peli ne manquera pas de se faire copieusement avoiner par les associations de victimes accusant le producteur scénariste de faire son beurre sur la catastrophe. Argument recevable votre honneur mais à relativiser. N'est ce pas le propre du cinéma de mauvais genre que de tremper sa plume dans la mauvais goût ? Et ce lui du cinéma fantastique d'assurer un rôle cathartique ? On sort de toute façon de ce «Chernobyl Diaries» avec une certitude, il n'y a ici pas de quoi fouetter un char de l'armée russe... Ni même son conducteur à vrai dire.
C'est finalement plus par sa forme que par son fond que le film de Bradley Parker titille l'intérêt. Bien qu'il ne soit pas définitivement classable dans le tiroir au «Found Footage», il en embrasse la totalité des codes. Shaky cam, cadrage à l'arrache, éclairage minimal et autres tics du cinéma à la première personne, tout ici semble donner au spectateur l'impression d'être le 7e larron de cette bande de teens en déroute. Un parti prix gonflé qui en dépit des efforts de ses deux géniteurs et des comédiens, dont les dialogues ont été, nous dit-on improvisé, place ces chroniques dans un délicat entre deux. A mi chemin entre l’œuvre de fiction classique et le cinéma réalité. Le résultat, parasité par quelques circonvolutions parfaitement inutiles et une poignée d'incohérences, manquera sans doute trop d'homogénéité pour embarquer le fantasticovore. Reste qu'aidé par l'étrange ambiance se dégageant de ses décors (Le film a été shooté en Hongrie et en Serbie) et la présence d'un menace aussi invisible que mortelle, «Les chroniques de Tchernobyl» parviennent à remplir 90 minutes. On sort quoiqu'il en soit avec l'impression étrange d'avoir vu un film se balançant au bout d'une corde prête à rompre. Va donc pour cette fois, mais le prochain coup, Mr Peli il faudra vraiment trouver autre chose. 5/10
Test technique :
On ne peut pas dire que notre péloche
du jour brille particulièrement par son esthétisme, reste que comme
souvent chez Metropolitan, l'édition ne fait techniquement pas
peine. On appréciera une compression discrète y compris dans les
passages les plus sombres. Le rendu colorimétrique plutôt
respectueux des grisallieux décors fait aussi son petit effet.
Rayon plaisir du canal auditif, nous avons droit à Dolby Digital
5.1 à tous les étages, comprenez en langue française et anglaise.
Pas de quoi étalonner son installation home cinéma, reste que le
mixage est plutôt convaincant. Du côté des Bonus, une
flopée de bandes annonces, une fin alternative qui a bien fait de
rester alternative, un court doc sur la légende urbaine de la zone
interdite, ainsi qu'une fausse pub pour la Yuri extreme Tourisme
agency. Édition correcte mon colonel !