Victime d'une édition DVD Zone 2 perfectible (sans bonus) et surtout inexplicablement cut (laissant au zone 1 l'exclusivité d'un montage intégral européen, un comble !), «Dressed To Kill», plus connu de ce côté de l'Atlantique sous le titre «Pulsions» ressort en Bluray collector chez Carlotta films en même temps qu'un autre thriller célèbre de Brian De Palma : «Blow Out». Une édition bénéficiant d'un nouveau master Haute définition, qui présente enfin le métrage dans une version non censurée et restaurée. La chose comme que son pendant simple définition (une édition double DVD collector) sont attendus dès le 21 novembre 2012 dans les vidéostores dignes de ce nom. Ecranbis.com est parti en éclaireur...
Synopsis:
Kate Miller souffre de fantasmes érotiques si vivaces qu’elle a du mal à faire la part du rêve et de la réalité. Un matin, elle se rend chez son psychiatre, Robert Elliot, pour lui parler de ses déceptions sexuelles avec son mari. En se rendant au musée, Kate séduit un homme qui l’emmène dans son appartement pour y passer la nuit. Le lendemain matin, en prenant l’ascenseur pour quitter l’immeuble, Kate est atrocement assassinée à coup de rasoir par une femme blonde portant de grosses lunettes noires…
Chronique :
Non, pour les cinévores collectionneurs que nous sommes, la ressortie de classiques en Bluray disc n'est pas une simple formalité et l'argument HD, bien qu'à priori central, ne suffit pas toujours à déclencher un achat. Victimes de pratiques parfois douteuses, pure et simple upscaling, Dynamic Noise Réduction, traitements louches, la course aux pixels a fini par inspirer une certaine méfiance. De toute façon les attentes de ce fidèle public de passionnés dépassent allègrement le simple bon technologique. Repasser à la caisse pour un titre, déjà acquis en DVD (payé au prix fort et parfois déjà en plusieurs éditions différentes), oui ! Mais à condition de mettre la main sur une édition ultime (Au moins pour quelques années) corrigeant si possible les erreurs éditoriales du passé. Les exemples ne manquent pas. Citons le très perturbant nouveau doublage des dents de la mer, qu'Universal a eu la très mauvaise idée de proposer dans ses éditions de 2005. Couac effacé de nos mémoires par le Bluray sorti cette année Le cas du Pulsion de De Palma est tout aussi significatif. MGM l'a en effet proposé dans un zone 2 techniquement honnête mais limité à un montage censuré.
Pour l'observateur, ces ressorties posent un tout autre problème. Ces classiques et parfois chefs d'œuvres ayant acquis le statut de culte, ils tiennent désormais une place particulière dans l'histoire du cinéma et dans la cinéphilie de bon nombre de lecteurs. L'exercice critique devient alors à défaut d'impossible, inconfortable. Comment entrer dans un film cathédrale autrement qu'en «regardant ses pompes» ? Ajoutez à cela, le nombre considérable d'esprits cultivés et plumes inspirées passés avant vous. Bref, que n'a-t'on pas encore écrit sur le Pulsion de De Palma ? Le tentation de répondre rien est forte, le défi invite par conséquent à l'extrême modestie. Alors bien sûr, nous pourrions sonder la dimension Hitchockienne de l'oeuvre. Et dieu sait qu' au visionnage de «Dressed to kill», opéra visuel coincé entre deux scènes de douche, l'impression que «Psychose» habite conceptuellement le moindre recoins du film De Palma est vivace. Une œuvre révérencielle donc? En partie certainement car «Pulsions» puise aussi son vocabulaire et de son esthétisme ailleurs, dans la giallo italien notamment.
Voilà qui pourrait expliquer l'intérêt particulier des fantasticophiles pour ce Thriller : Sa dimension profondément déviante, sexuelle, bestiale, fétichiste et morbide. Les années passent, le malaise reste, se dit-on en parcourant ces 105 minutes. Et ce même si, il faut bien l'avouer, vu plus de 30 ans après sa réalisation, Pulsions a en terme de provocation sans doute perdu un partie de sa charge. Reste la forme. Son incroyable ballet cinématographique poussant une Kate Miller, épouse frustrée à la poursuite d'un étrange et séduisant inconnu dans un musée labyrinthique. Somptueux premier acte en quasi apesanteur, parachevé par un meurtre effrayant, traînant par les cheveux l'effort de De Palma dans le psycho thriller urbain et brutal. Le résultat : un poème cinématographique obsédant, cruel, lacéré (et la force du cinéma de De Palma est là) par des rafales d'électrochocs visuels. Scènes cultissimes dont les images ont fait bien plus que de s'inscrire sur le grand livre du cinéma, en entrant pour l'éternité dans la culture populaire et l'imaginaire collectif.
Voilà ce qu'est «Pulsions» , une oeuvre révérencieuse, devenu matrice. Un film clé dans les filmographies d'Angie Dickinson, Michael Caine et Keith Gordon (qui reviendra hanter le cinéma de mauvais genre trois années plus tard sous la camera de Carpenter pour ce qui est sans doute son meilleur rôle, le Arnie de "Christine"). Sans oublier l'un des plus belles et charnelles apparitions de Nancy Allen au cinéma. Un grand De Palma qui mérite assurément sa place sur vos étagères aux côtés de Carrie, Phantom of paradise, entre autres. Ecranbis.com signe ce review d'un 8/10 .
Test technique :
Commençons la visite par le menu supplément et une intéressante préface vidéastique de Samuel Blumenfeld (Journaliste pour Le monde et et co-auteur d'un ouvrage d'entretien avec Brian De Palma). 8 minutes d'introduction à Pulsions qui explore la dimension "Autobiographique" du film en contournant sa charge hitchcockienne. Nous avons également droit à quatre entretiens : Symphonie de la peur (17 minutes) avec George Litto, le producteur. La femme en blanc (29 minutes) avec Angie Dickinson, La femme en violet (22 minutes) avec Nancy Allen et enfin Une leçon de cinéma (30 minutes) avec Keith Gordon. Il faudra ajouter une bande annonce et un bonus titré "Pulsions en trois versions" qui permet de comparer 3 versions de montage du film sur un certain nombre de séquences: L'uncut (celui présent sur ce disque), le Rated R et le montage télé. A ce propos, nous n'avons pu résister à l'idée de dégainer notre édition DVD Zone 2 MGM datant de 2002. Il apparait que le montage présent sur ce DVD est encore différent. Sur la scène d'ouverture par exemple, on en voit un peu plus que sur le Rated R mais un peu moins que sur l'Uncut.
Du côté technique, on nous promettait un nouveau master haute définition , et bien sachez que ce bluray propose en effet une très très belle image tout en conservant un grain cinéma apreciable (On dit que l'éditeur serait partie du master HD de la MGM pour y apporter quelques ultimes retouches). Le Br propose également un version anglaise mono absente du disque américain.Il faut donc se rendre à l'évidence, (nous savons que ça fait mal), le porte monnaie doit à nouveau s'ouvrir !
Spécificités du disque :
BD50 - Master haute définition - 1080/23.98p
Version Originale DTS HD 5.1 & 1.0
Version française DTS HD 1.0
BD50 - Master haute définition - 1080/23.98p
Version Originale DTS HD 5.1 & 1.0
Version française DTS HD 1.0
Format 2.35
105 minutes
