Wild side vidéo, décidément très en forme ces dernières semaines enrichit sa collection "les introuvables" d'un nouveau titre: Satan mon amour (The Mephisto Waltz) de Paul Wendkos avec Jacqueline Bisset. Une sorte de chaînon manquant entre Rosemary's Baby et L'exorciste qui avait déjà connu l'honneur d'un zone 2 édité par la Fox au milieu des années 2000. Ecranbis.com ne pouvait faire l'impasse sur cette ressortie inattendue... Review !
Chronique :
Myles Clarkson, jeune journaliste et pianiste raté, réalise le reportage de sa vie auprès d’un pianiste virtuose et légendaire sur le point de mourir : Duncan Ely. A sa grande surprise, le vieux Maître s’intéresse plus à ses mains qu'à ses questions. Petit à petit Ely tente de séduire Myles en le conviant aux étranges festivités qu'il organise dans sa demeure et en lui présentant sa fille. Lorsque Myles change brutalement de personnalité, Paula, sa jeune femme se doute que quelque chose de terrible vient de se produire.
Au début des années 70, Quinn Martin, figure incontournable de la production télévisuelle américaine, se détourne des petits écrans pour caresser la grande toile. Un dérapage, plus qu'un détour, ajouteront les langues bien pendues puisque, coincé entre les électrochocs du « Rosemary's Baby » de Polansky, et de « L’exorciste » de Friedkin, The Mephisto Waltz connut un succès inversement proportionnel à celui embrassé par les séries télévisées de la firme « QM production » (Les envahisseurs, Les incorruptibles, Cannon, Le fugitif, Les rues de San Francisco et j'en passe). Cette déconvenue va avoir deux conséquences directes, la première, de vacciner notre homme qui retourne prestement à ses premieres amours cathodiques, la seconde, de faire de ce film une œuvre rare et doit-on le préciser... assez obscure. Visionné plus de quarante ans après sa réalisation , « The Mesphisto Waltz » laisse apparaître quelques plaies toujours à vif, son ambition assumée de surfer la vague de Rosemary's baby, le classicisme de son traitement... Tout en affichant quelques flamboyantes qualités...
La richesse de son propos pour commencer, puisque « Satan, mon amour » (Surprenant retitrage français quand on y pense) est une curieuse valse de concepts et de thématiques. Il y a d'une part l'idée de la possession avec le glaçant personnage de Duncan Ely qui semble voler d'enveloppe charnelle en enveloppe charnelle. Un cas de figure scénaristique qui traverse littéralement l'histoire du cinéma fantastique, de la SF des années 50 à aujourd'hui, et qui trouve ici une explication ésoterico-diabolique assez floue. Qui est Duncan , un démon en pèlerinage sur terre, un humain ayant pactisé avec le malin ? Nous aurons pour seule réponse, un mode opératoire, un culte ancestral et la vague impression que notre voyageur n'en est pas à son coup d'essai... (Le nombre de masques accrochés au murs de sa maison).
Il y a aussi dans «Satan, mon amour » quelque chose que son titre français ne laisse pas entrevoir, son rapport étroit à la musique et plus précisément à la première des Mephistos valses de Listz. Alors bien sûr, on fera aisément le parallèle entre le propos du film et le conte que la composition est censé illustrer. (Mephisto saisissant un violon et poussant Faust à festoyer puis goûter au plaisir de la chair). On pourrait également s'intéresser à Listz, lui-même, compositeur romantique et personnage d'une extraordinaire complexité, dont on suspecte l'appartenance maçonnique tout en connaissant les crises mystiques qui ont failli le faire entrer dans les ordres. Personnage étonnant qui définissait lui-même la musique comme un art à la fois divin et satanique. Satanique, le mot est lâché et l'on s'amusera de voir comment « The Mephisto Waltz » pointe du doigt la Jet Set décomplexée, décadente, oisive et cosmopolite qui entoure Duncan Ely. Car bien entendu, le satanisme n'est pas le fait de petites gens, d'ouvriers et d'employés, le satanisme est un phénomène bourgeois.
Une idée ancrée dans l'imaginaire (pour ne pas dire le fantasme) populaire et également dans une certaine réalité sociétale historique. Fêtes orgiesques, alcool, musique, luxure, masques, tout y passe jusqu'au crime, le plus abject, le symbole ultime de la trahison du peuple, de l'humanité , la preuve ultime de la soumission au malin, le sacrifice d'enfant. Une thématique polymorphe qui a depuis échappé au vocabulaire diabolique... pour se lover dans les recoins les plus sombres du cinéma de genre. Que penser des fusionnelles parties de jambes en l'air des habitants de Beverly Hills dans « Society » de Brian Yuzna, des soirées secrètes de « Eyes Wide Shut » de Kubrick ... et peut être même de la série X-files et de ses hauts fonctionnaire ayant sacrifié leur enfant sur l'autel d'un pacte avec les envahisseurs. La théorie du complot porte-t-elle le génome du projet satanique ?
Revenons sur terre, un instant, car dans « Satan mon amour », on ne saura jamais vraiment si notre superficielle hyperclasse partage véritablement les secrets démoniaques de Duncan. Comme l'habit ne fait pas le moine, l'orgie et le folklore d'un enterrement peu catholique ne font pas le suppôt du diable, pourrions nous dire. Et puis il y a ces 20 dernières minutes presque « folles » puisqu'échappant à toute forme de morale. Paula cède-t-elle à la chair ou au désir de vengeance d'une femme trompée? Peu importe puisque dans les deux cas, elle succombera à la tentation. Regardons les choses en face, « Satan mon amour » n'est pas un chef d’œuvre oublié et apparaîtra sans doute à bon nombre de cinéphile comme assez daté. Il n'en reste pas moins un film fantastique réussi, ponctué de quelques scènes superbes (les séquences onirico-psychédéliques, la scène du bal masqué, celle du rituel de Paula dans la chambre d'hôpital). Le cinévore déviant peut donc sans trop de risques se laisser tenter. Ecranbis.com offre 6/10 à ce film d'horreur oublié.
Test technique:
Auteur: Miss Z.