Sortie en DVD et Bluray à la fin de
l'été dernier chez nous cousins d'Amérique, le «Blood Money» de
Gregory Mc Qualter débarque sur les côtes vidéastiques françaises
le 19 février. Au menu, un «Action Flick» qui distribue les pèches
comme un radar distribue les prunes, un remplaçant pour le petit
dragon (rien que ça !) et un rappeur à lunettes en prime. Cela
faisait si longtemps que nous n'avions reçu de "kungfuteries" carabinées
dans les dents et les platines (depuis Manhattan Samouraï , c'est
dire !) qu'on s'est dit que ça valait bien une chronique...
La chronique :
Souvent boudés par la presse et les sites spécialisés, y compris par ceux qui comme nous explorent avec délectation la face sombre du 7e art, les films d'art martiaux constituent encore et qu'on le veuille ou non, une branche active du cinéma d'exploitation. Un cinéma fait de sueur et de cris, d'acteurs bondissants et de scénaristes en vacances, exclusivement tourné vers la forme donc. «Pour la beauté geste» comme on dit. Reconnaissez que jamais l'expression n'a aussi bien collé à un genre. Faute de salles de quartier ou en l'absence de diffusions télévisées (dire qu'il y a 20 ans, M6 balançait 2 films de ninjas par semaine…) et peut être par overdose de VHS frelatées, le film de karaté pur jus, taxé de sous produit cinématographique, ne fait plus rêver les foules....
C'est bien dommage car sous des airs de divertissements primitifs, les action flick tendance «main dans ta gueule» sont restés l'expression d'un certain cinéma populaire... Un gentil, un méchant, un qui balance les coups, un qui les reçoit... Un échange philosophique et une leçon de morale à poings nus. Blood Money, première frasque cinématographique de Sir Gregory Mc Qualter en est un parfait spécimen et trouve dans la mondialisation des trafics de drogue et des guerres de gangs, un providentiel prétexte à la répartition de châtaignes. Jugez en par vous même. Le jeune Zhou a vu sa petite sœur être enlevée et ses parents exécutés par une mafia de Hong Kong : La triade du Dragon. Fou de rage et orphelin, il trouve refuge chez les moines Shaolin qui l'initient aux techniques ancestrales des arts martiaux. (Coup de gong!) 18 mois après avoir terminé sa formation, Zhou, devenu une véritable machine à faire des «beignets de crevés» et «des nehms aux morts», se fait engager comme homme de main (et de pied ) par ceux là même qui retiennent encore sa jeune soeur.
Il exécute ainsi, jusqu'en Chine, ceux qui refusent de se soumettre à ses employeurs, tout en caressant l'espoir (pas trop) secret de se venger. Alors qu'il est envoyé cuisiner des Colombiens et délivrer une mystérieuse otage, Zhoo va rencontrer l'amour ( Allez Zou ! On se fait la bise ? ) auprès d' Angie Ho. Lâché par la triade du dragon, seul face à tous, le jeune homme n'a plus que deux chemin devant lui, celui de vengeance et celui de la justice. Une chose est certaine, ils seront tous deux bordés de sang. Voilà un premier film pour son réalisateur scénariste et une première apparition à l'écran pour son gladiateur naturellement mono expressif (sinon ce n'est pas drôle), l'athlétique et impassible Zheng Liu. Comédien que Mc Qualter confesse avoir déniché dans un véritable temple Shaolin en Chine. Pour lui tenir le crachoir ou lui servir de Punching Ball (c'est selon) , le vénérable Gordon Liu (vu dans les deux Kill Bill et dans L'homme aux poings de fer) et chose plus étonnante, un rappeur, star de la musique club, «Pitbull». Notons immédiatement que l'artiste ne fait ici qu'un caméo furtif pour ne pas dire très anecdotique.
Avec son esthétique de clip de rap, ses CGI too much, Blood Money risque d'horripiler bon nombre de vidéovores. Reste qu'avec les performances acrobatiques de son acteur principal, la poésie qui se dégage de ses dialogues inspirés (Tu crois pouvoir venir ici me braquer avec un putain de flingue et repartir avec tes deux baloches), son héros qui vise sans scrupule sous la ceinture, ses lancés de cure-dents métalliques, ses balles caméras et ses lunettes à la Terminator, cette petite production emballée à coup de Red avec seulement 2 millions de dollars a un je ne sais quoi de hautement jouissif. Mais Il faudra pour gouter à sa juste valeur sa vidéastique moelle, abandonner le premier comme le second degré (peut être même le troisième) voir toute forme de raison. (Option sans doute la plus raisonnable, appréciez le paradoxe ). Vous voilà averti, si «Black Eagle, l'arme absolue» est votre film de chevet, si un poster de Gary Daniel trône fièrement au dessus de votre lit et si le simple nom de Cynthia Rothrock vous fait faire un tour dans votre slip, Blood Money est fait pour vous...
Évidemment si votre cinéphilie n'a pas encore atteint ce point de non retour, la ballade risque d'être plus longuette. Bref, un spectacle pour initiés ou à déguster à vos risques et périls...
Le disque :
Antartic offre à Blood Money, une édition simple mais techniquement efficace. Le film est présenté comme sur le disque US au format 1.77. L'image, qui profite d'un shoot à la Red est joliment définie et détaillée avec une touche «vidéo» assez appuyée . Malheureusement nous n'avons eu qu'une édition DVD dans les mains et nous ne pouvons donc pas vous dire si l'apport de la HD est significatif. Rayon plaisir du tympan, deux mixages DD5.1 en langue anglaise et langue française. (Doublage minimaliste mais correct) Le tout doublé de sous titre français. Pour les suppléments, il faudra se satisfaire d'une bande annonce VOST.