Après un coffret édité il y a
quelques mois par Bach Films et un rendez vous manqué avec Bloody
Flowers (dont la sortie vidéo prévue chez Emylia a été repoussée
suite à un imbroglio juridique) Richard J.Thompson livre deux
nouvelles galettes fumantes à domicile. Jurassic Trash d'un côté,
Eject de l'autre. Soyez rassurés, Ecranbis.com vous en offrira les
review «sauce piquante» (si vous êtes gentil, on vous les coupera
en huit) et on commence d'ailleurs aujourd'hui... tiens !
Toute juste sorti des dix huit mois de post prod avec son premier long métrage : «Lady Blood», Jean Marc Vincent reçoit un coup de téléphone qui va l'entrainer dans les canalisations les obscures du 7e art. A l'autre bout du fil, le prince du «Z in France», pionnier incontesté de l'auto-production vidéastique, Richard J. Thompson en personne. Le producteur culte, vénéré par les tribus les plus sauvages et reculées de la planète bis, travaille sur un projet de parodie saignante, se moquant ouvertement d'un film horrifique espagnol à succès: le REC de Paco Plaza et Jaume Balagueró. Le réalisateur pressenti ayant quitté le navire en pleine préparation, abandonnant femmes et zombies, Thompson propose à Jean Marc Vincent de reprendre le flambeau... Et tout ce qui va avec ou plutôt avec le peu qui va avec, l'ami Richard étant réputé pour imposer les conditions de tournages les plus écono-drastiques de France, voir d'Europe...
Vincent, à qui les tournages commando ne font définitivement plus peur, accepte et se retrouve le script d'«Eject» entre les mains. Il ne sera pas déçu... Appréciez plutôt… La jolie Samantha, apprentie journaliste à tendance «Canal Nuche» et son fidèle cameraman sont envoyés par un producteur de télévision cynique (Comment ça euphémisme?) réaliser un reportage «choc» aux pays merveilleux des ambulanciers urgentistes. Ils rêvent de mettre en boite des images de taule broyée, de carcasses fumantes, de corps mutilés et ainsi remplir à moindre frais la désespérante grille des programmes de la TNT. Mais, les deux ramasseurs de macchabées sur lesquels ils vont tomber, ont un tout autre programme: se vider la seringue dans un bordel clandestin de la région parisienne... Le Lulu's Paradise tenu comme son nom l'indique assez bien (enfin on trouve) par Madame Lulu, maquerelle un tantinet nympho dont le compteur affiche, à vue de nez, au moins 72 500 heures de vol … aller et au moins autant Retour...
Arrivés sur place, nos quatre fantastiques ont la bien mauvaise surprise de tomber sur Rurik Salé en slip (Horreur !) et sur des jeunes filles plutôt mal en point (Malheur !). Pour le dire autrement, au «Lulu's Paradise», on se mouche un peu trop vert pour inspirer l'amour. Une curieuse épidémie semble en effet se répendre dans l'établissement et les premiers cas de zombification carabinées ne tardent pas à apparaître. Panique au dancing ! Le sort s'acharne, et les forces de l'ordre encerclent le bâtiment. Suceuses et sucés se trouve par conséquent pris au piège... enfermés dans une maison décidément très close (tu vois Dominique quand on te disait que que t'en était bien sorti !). Pour avoir une chance de survivre à cette «grippe of the dead», ils devront trouver un moyen de rejoindre la foret proche, elle-même infestée par une armée de scouts revenus de l'au delà… Chienne de vie !
Si vous
avez survécu à la lecture du pitch ci-dessus, si votre petit cœur
d'indécrottable bisseux palpite intensément et que la perspective
de passer une heure vingt la tête coincée entre morve, cadavre
marcheur et paire de nichons vous excite l'hémisphère droit du
cervelet (et plus si affinité mais comprenez qu'on ne peut tout
oser dans ces vertueuses et respectables colonnes numériques),
Ecranbis.com a une bonne nouvelle: Eject est fait pour vous... De
toute évidence, ni Thomson , ni Vincent ne connaissent de limite
dans le mauvais goût : répliques d'anthologie, loufoqueries
en tout genre... Le propos mi gore dégueux, mi érectile rigolard
d'Eject (qui aurait pratiquement pu être titré Ejac, la retenue ne
s'étant visiblement pas présentée au casting), envoie son
spectateur dans la 27e dimension, un doigt dans le culte en prime.
«C'est n'importe quoi !» Aboieront certainement les chiens de
garde de la bien-pensance couchée sur pellicule... Oui mais c'est
marqué sur la boite, répondront les amateurs d'art primitif avec un
Z. (On vous laisse placer le Z où vous voulez...).
Comme il faut reconnaître qu'à
l'image de ses peu frileuses actrices, la chose n'est pas trop mal
troussée, on serait presque tenté d'écrire que ce «Eject»
pourrait constituer une sorte de première marche pour apprenti
cinéphile déviant ou une branche accessible du «Direct to vidéo
artisanal». Bref, même si le film de Jean-Marc Vincent est
indiscutablement tourné vers un public d'initiés, pour ne pas dire
acquis à la cause de ses géniteurs survoltés, il n'est pas
interdit pour les autres d'y jeter un œil... voir les deux (attention quand même les filles, pour une première fois, vous
pourriez avoir un peu mal...).Pour les autres, les vrais, les durs,
nous quoi, Eject a l'immense qualité de faire souffler un vent de
folie sur un fantastique français «mou du caleçon» et constitue
une halte vidéastique rafraichissante, hallucinée et pour le coup
difficilement contournable.
Le disque:
Jaguarundi s'est fendu d'une édition DVD techniquement très honnête et à prix réduit ( 9€90 frais de port inclus). En bonus : Le journal du tournage, un clip , des interviews des personnages et un commentaire audio en prime. Bref, voilà un disque qu'il est fait pour vous...