Jurassic Trash : Critique et test DVD



J'aurais aimé débuter ce modeste review, main sur le cœur, chantant la Marseillaise, larme à l'œil. Mais force est de constater que le véritable problème du prince du Bis Hexagonal, roi du bricolage vidéastique, sir Richard J. Thomson est précisément d'être né du mauvais côté de l'Atlantique. Chez nos cousins d'Amérique, notre homme aurait certainement, et à minima, embrassé une carrière à la Fred Olen Ray, David de Coteau... On l'imagine se pavanant dans les rues de Los Angeles, trainant derrière lui une filmo rutilante de 100 bobines aux titres et pitchs rigoureusement improbables. Coupez! Elle était bien mais on va la refaire. Réalisme quand tu nous tiens! Tandis que la fille de je ne sais quel parvenu, collectionne victoire de la musique et César, en attendant qu'on lui octroie le Goncourt et la couronne de miss France, ceux qui rame à la marge de l'aristocratie culturelle française se promettent de beaux parcours du combattant, à la Pierre Carles , à la Richard J.Thomson, venons-y.


1993, lorsque Jurassic park et ses dinosaures numériques déferlent sur les écrans, la réponse de la planète bis ne se fera pas attendre. Roger Corman et Charles Band répliquent en lançant respectivement Carnosaur et Prehisteria. Qui l'eut cru ? Ces œuvrettes reptiliennes deviendront trilogie, et la première aura même droit à son best of filmique... Un recyclage pelliculaire de haut vol titré Raptor et portant la griffe d'un certain Jim Wynorski. Sur le vieux continent, Norbert Moutier sera le premier gaulois à mettre un pied dans le monde perdu. 1998, Richard J. Thomson réitère l'exploit, prenant le dino par les cornes et lâchant ce qui sera dans un premier temps titré : Terror of Prehistoric Bloody Creature from Space (son titre d'exploitation VHS) avant d'être rebaptisé Jurassic Trash afin sans doute de souligner son penchant parodique. Oui Jurassic Trash regarde le film de Spielberg en farce, droit dans les oeufs... Mais pas seulement …

Il y a très longtemps, sur une planète pas trop lointaine, c'est à dire la nôtre, un homme préhistorique bien décidé à assurer la reproduction de l'espèce part au train d'une femme des cavernes. (Ne passons pas à côté des choses simples). Sa course folle va néanmoins s'arrêter au pied d'un étrange objet céleste, fruit d'une technologie extra-terrestre. Quelques années plus tard (à vu de nez) en Iran, le professeur Jules Rassic découvre intacts des œufs de dinosaure. Quelque part dans le Vaucluse, Dimitri, le fils d'un paysan parvient à se faire livrer un de ces coucous verdâtres et se lance dans d'horribles expérimentations scientifiques, dont l'objectif pas très caché est de créer une nouvelle race cumulant l'intelligence de l'être humain et la résistance des dinosaures. Quand on connait le destin tragique de la population dino-reptilienne sur la planète Terre, et le quotient intellectuel moyen dans notre beau pays, on se dit que ce n'est pas gagné d'avance...



Et en effet ce n'est pas gagné car bon nombre de personnages hauts en couleurs se sont précisément donné rendez vous dans la foret environnante. Une armée de naturistes, un chef scout azimuté, un clown à l'accent pied noir qui vient de se débarrasser de sa femme, un préfet, un mafieux, le professeur Jules Rassic et ses deux pulpeuses assistantes. Qui survivra à cette aventure trépidante dans la jungle vauclusienne? Pour le savoir, il vous faudra voir Jurassic Trash. Sachez tout de même, mes chers amis, que de ce gloubiboulga scénaristique, Thomson extrait avec soin et détermination une substance vidéastique inconnue aux effets hilarants et dévastateurs. Une boisson pour les yeux à base de n'importe quoi, mieux un véritable concentré Z. Sachez également que la mignonne Élodie Chérie, récompensée d'un hot d'or deux années plus tôt y offre son corps à la bête, tandis que Coralie Trinh Thin offre le sien à la science. Même Edouardo, chanteur culte instantané depuis disparu dans les limbes de l' avariété française vient pousser la chansonnette. ( Les dinosaures ne sont pas des chiens, les dinosaures ne sont pas méchants...Alllez Tout le monde chante avec moi !) 


Le résultat oscille entre la comédie sexy franchouillarde carabinée, l'effort science fictionnel intense et la bobine horrifique bercée trop près des murs. Max Pecas rencontre Ed Wood et visiblement ils se sont plus... Le reste est une histoire d'obstination, de Hi-8, d'humour interdit, de tétons à l'air et de craignos monster. Alors bien sûr, dans Jurassic Trash, le sieur Thomson ne parle peut être qu'à la génération Mad, mais il faudra concéder qu'il lui parle bien. La Vhs d'époque étant devenue introuvable ou hors de prix, et cette édition DVD étant sans aucun doute promise au même avenir, on ne saurez que trop vous conseiller de tenter le placement. (hypothéquez votre collection de timbres poste, braquez une banque de sperme... Faites quelque chose quoi!). Dans dix ans, vous nous direz merci (Quoique on accepte aussi les dons…). Enfin bref, toi oh grand collectionneur de galettes échappées de la 9e dimension, si tu n'as pas Jurassic Trash dans ta collection « Trésor du cinéma français" juste à côté de l'Ogroff de Moutier bah franchement, tu n'es pas sortable !  Et ferme vite cette page internet, tu nous fais même honte... 

Le disque :

Effort louable que de sortir notre «Terror of Prehistoric Bloody Creature from Space» en DVD ! Évidemment le matériel d'époque étant ce qu'il est, pas de miracle. On peut cependant annoncer sans trop de risques que jamais oh grand jamais (excepté dans le coffret Bach Films) vous n'aviez pu jeter un œil à la chose dans de si bonnes conditions. Dans l'essoreuse à bonus, un interview de Mr Thomson et un court métrage de poids... 9€90 !