Don't Open Till Christmas : Critique et test DVD


Qu'on se le dise. Dans l'esprit sévèrement dérangé du psycho killer, on ne joue du couteau que pour les grandes occasions... 1er avril (Week-end de terreur) , Halloween et Vendredi 13 (pour les sagas éponymes), le réveillon (Bloody New Year). Bien sûr,Noël n'échappe pas à ce mortel calendrier et depuis le Black Christmas de Bob Clark, considéré à tord ou à raison comme le premier Slasher de l'histoire (n'ouvrons pas ici la boite à polémique), le mal fête à sa façon la naissance du petit Jésus. Christmas Evil (1980) et la série des «Silent Night, Deadly Night» initiée par Charles Edward Sellier en 1984 suivront le traîneau sanglant d'un père noël décidément pas très catholique. Le 19 décembre de cette même année, «Don't open till Christmas» atterrit inopinément (ou pas) dans les salles obscures de nos voisins d'outre manche...



L'histoire ? Alors que toute l'Angleterre se prépare aux festivités de  Noël, sa capitale est devenue un théâtre de sang. Dans les ténèbres de la nuit, le mal frappe emportant les âmes de ceux qui auront l'imprudence de se déguiser en "Père Noël". Dans un club branché, le père de Kate est assassiné, ce qui a pour conséquence d'attirer l'attention de Scotland Yard sur son petit ami. Mais l'enquête de l'inspecteur Harris et du sergent détective Powel piétine. Alors que les cadavres pleuvent et que la peur s'abat sur Londres, un journaliste met Powel sur une étrange piste..

Une pitch prometteur derrière lequel nous retrouvons Dick Randal. Un producteur compulsif et megalomaniaque dont l'étonnante carrière a d'abord barboté dans la marre aux mondos et aux nudies, pour remonter lentement mais sûrement le fleuve bis. Rois des montages financiers improbables, Randal s'essaye à tout. De sa prolifique et improbable filmographie, s'échappe du faux Bruce Lee ou du vrai Bruce Le (une simple question de point de vue), le désespérant «Château de l'horreur» qu'il s'autorise à réaliser lui même en Italie sous un pseudonyme, une mémorable apparition de Weng Weng (acteur de petite taille adulé par la communauté du site français Nanarland.com), un léger parfum d'érotisme (Emanuelle à Cannes de Jean-Marie Pallardy , la sœur d'Emmanuelle...) et bien sûr quelques Juan «pas Piquer des vers» Simon. Supersonic Men, Le sadique à la tronçonneuse, sans oublier Los nuevos extraterrestres, improbable récusée espagnole d' E.T. L'extra terrestre, exploitée en VHS en France sous des visuels trompeurs et sous un nouveau titre : Visitors (chez RTZ vidéo).



L'autre homme de Don't Open Till Christmas est indiscutablement Edmund Purdom. Un acteur Britannique qui connu sa petite heure de gloire hollywoodienne dans les années 50. On le retrouve par exemple à l'affiche de L'Egyptien de Michael Curtiz (dont nous vous parlions il y a peu avec «Le fier rebelle»). Pour la petite histoire, le film devait se tourner avec Marlon Brando et Maryline Monroe, il se fera finalement avec Purdom et Bella Darvi. Jouant de malchance et enchaînant les insuccès, notre acteur débute une seconde carrière en Italie où il apparaît dans des péplums. On le retrouvera ensuite sous les caméras de Joe D'Amato (Horrible et Ator l'invincible), Sergio Martino (2019 après la chute de New York), Ruggero Deodato (SOS Concorde), Jess Franco (Los ojos siniestros del doctor Orloff), Juan Piquer Simon (Pieces) ou à l'affiche d'Émilie l'enfant des ténèbres (Massimo Dallamano) comme du (le monde est petit) château de l'horreur. Don't Open Till Christmas sera sa première et dernière tentative de réalisation. On murmure que Purdom aurait accepté le rôle de l'inspecteur Harris (savourez le clin d'oeil) à la seule et unique condition de réaliser le film.



Un tournage chaotique qui s'étalera sur 2 ans... Purdom renonce à sa casquette de réalisateur en cours de route, il est remplacé sur le champs par un Derek Ford (qui joue un clown dans une scène de cirque) remercié quelques jours plus tard. C'est finalement le distributeur du film qui va demander à Alan Birkinshaw de remanier le scénario du film et à Ray Selfe de le terminer. Conséquence directe, Don't Open Till Christmas apparaît comme une œuvre résolument composite. Plusieurs séquences dont celles réalisées dans le musée Londonien de l'horreur et de la torture (The London Dungeon), la scène  d'électrocution ou celle de la «lutte finale» tranche radicalement avec le reste du film... Le contraste se veut même auditif puisque durant ses passages, la musique très synthétique du film laisse place à des orchestrations beaucoup plus classiques.

Il est bien entendu impossible aujourd'hui de dire ce qui appartient au script original et ce qui a été réécrit. Mais l'on pourra s'étonner que l'héroïne du film, Kate trouve la mort de façon expéditive en cours de récit pour laisser la vedette au personnage quasi secondaire d'une danseuse de PeepShow (D'ailleurs qui est véritable le héros de ce Noël Sanglant ? Plus on le cherche moins on le trouve). Ou encore que le générique crédite Nicholas Donnelly dans le rôle d'un certain Docteur Bridle qui bien qu'évoqué n’apparaît pas dans le film. Très paradoxalement «Don't open Till Christmas» tire de sa douloureuse genèse une partie de sa ténébreuse ambiance... Tout y semble bancale, intrinsèquement glauque et profondément bizarroïde à l'image de l'apparition soudaine et inexplicable d'une Caroline Munro (Dracula 73, l'abominable Dr phible, l'Espion qui m'aimait, Slaughter High, Star Crash , Maniac, Capitaine Chronos , Les predateurs de la nuit de Franco) venue jouer les "guest scream queen" le temps d'un jour de tournage.


L'autre élément intéressant de ce Don't Open Till Christmas tient à sa nature d’œuvre miroir Et l'on ne peut s'empêcher dans voir dans le film de Purdom, une sorte de reflet, de négatif du Christmas Evil de Lewis Jackson. Premièrement car dans les deux films, le mobile, ou du moins l'origine de la perversion du tueur est pratiquement identique. Dans le film de Jackson, tout est exposé dans la séquence introductive, dans «Don't open...» cela sera fait à la fin. Dans Christmas Evil, le tueur est le père Noël, dans le film de Purdom, il tue des pères Noël. En bout de course, ce macabre calendrier de l'avent, bien que terriblement maladroit et biscornu (dans son fond comme dans sa forme), finit par constituer pour toutes les raisons précitées une véritable curiosité cinématographique. L'amateur collectionneur de Slasher peut donc dès aujourd'hui l'ajouter à sa liste de Noël...


Le disque :

Uncut Movies nous permet de découvrir "Don't Open Till Christmas" dans une édition DVD collector limitée à 1000 exemplaires. Le film est présenté dans un transfert très convaincant au format 1.77 accompagné d'une piste anglaise sous titrée en Français (Le film est également visionnable sans sous-titres). En plus des traditionnelles galerie de photos et bande annonces éditeur, vous pourrez poser vos délicates mirettes sur un des plus étranges making of qu'il nous ait été donné de voir (Une cinquantaine de minutes). 19€ et des poussières à commander sur le site d'Uncut : http://www.uncutmovies.fr/