Grizzly: Critique et test DVD


Après s'être offert aux précieuses mirettes des lecteurs de Mad Movies en début de mois , le croquant Grizzly a droit à une sortie vidéo digne de ce nom. Le 24 mai, Filmédia en proposera un nouveau transfert restauré et HD s'il vous plaît. L'occasion ou jamais de succomber au charme très mid seventies de ce «dents de la mer » bucolique... et  d'effacer de nos mémoires le douloureux «griffes de la foret» , dernière aventures d'un nounours rageux à avoir atterri nos écrans, libéré par un David De Coteau en roue libre... Allez cinévores, sors tes chaussures de marche, on a de la route à faire... Le campement est encore loin...



1972, quelques années après avoir fait ses armes sur le plateau de Wild wild West (Les mystères de l'ouest) en qualité d'assistant, William Girdler débute une carrière éclair de réalisateur qui prendra tragiquement fin six années plus tard. 1978. Alors que notre homme assure aux Philippines les repérages de son nouveau film, un accident d'hélicoptère lui sera fatal. Entre temps, Girdler aura tout de même réussi à emballer 9 bobines, trempant sa caméra dans l'horreur (Asylum of Satan, Three on a Meathook) , la blacksploitaion (Un exorciste noir titré Abby et un Pam Grier )... et de s'octroyer  les services de quelques célébrités égarées:  Leslie Nielsen  ou Tony Curtis, ce qui n'est tout de même pas rien. Soyons francs, de cette grappes de péloches obscures, seul notre «Grizzly» du jour se détachera vraiment. Le film est même  fréquemment cité parmi les  répliques les plus amusantes du cinéma d'exploitation au Jaws de Spielberg et aura  même droit à la reproduction de son affiche dans l'excellent ouvrage de John Landis : Monsters in the Movies . Que d'honneurs !


Tout commence par un scénario signé David Sheldon, connu pour être le véritable réalisateur de Devil Time Five (sortie chez Artus il y a peu) bien qu'il ne soit pas officiellement crédité. On raconte que William Girdler, séduit par le script  s'est proposé de réunir le financement à la condition de pouvoir en assurer la réalisation. Le producteur Edward Montoro (à qui l'on doit le sympathique « Mutant » de John 'Bud' Cardos pour ne citer qu'un film)  mettra finalement 750 000$ sur la table... Et fera par la même occasion le coup de fusil  de l'année 1976 . Grizzly  rapportera 30 millions de dollars, dépassant les recettes de Monty Python : Sacré Graal !  au box office américain. Il faut dire que le film arrive à point nommé. 1975, un certain Steven Spielberg fait d'un requin blanc la star du premier blockbuster de l'histoire.  L'animal pousse le monstre dans les champs du possible, l'heure est aux mâchoires affûtées,  à l'exploitation des peurs ancestrales... et aux questionnements  primaires. Dans l'estomac de quelle bestiole vais-je faire de vieux os ?

Grizzly transpose le Moby Dick Spielbergien sur la terre ferme et remplace dans la foulée le prédateur aquatique par un  cousin aussi lointain que poilu. Un Urus Arctos Horribilis (du moins d'après le spécialiste naturaliste de service) aux mensurations démentes ... 4 mètres debout, 2 couché, plus d'une tonne sur la balance et un goût certain pour la chair fraîche. Après s'être envoyé deux campeuses en amuse gueule,  notre Bloody Teddy prend le parc national américain pour un buffet à volonté , gouttant à tous les plats... Fliquette naturiste, femmes et  enfants...  cheval même (c'est un peu l'ours Spangero quoi!).  Le clou de spectacle? La mise à mort de la bête à coup de Bazooka après que celle ci se soit attaquée à un hélicoptère... (qu'est ce qui t'arrive t'es tout pâle?).


Vu plus 35 ans plus tard le propos, borné à la redite,  semble d'une  vacuité totale mais le résultat reste lui étrangement comestible. Autrement dit, l'ours de Girdler a pris un sacré coup de vieux entre les deux oreilles, mais c'est peut être bien ce qui fait son charme. Oui il y a quelque chose d'irrésistible à voir voler les membres d'un bout à l'autre du cadre à chaque coup de griffe de notre prédateur carnivore. Un plaisir presque insondable à apprécier une réalisation et des dialogues délicieusement datés. Ne réduisons cependant pas l'attrait de ces 90 minutes à un vague charme  kitsch, car en dépit du sommaire de ses effets spéciaux,  Grizzly offre encore quelques attaques impressionnantes (Celle de la campeuse, joyeusement agitée entre deux arbres par exemple).

Les cinéphiles observateurs ne manqueront pas de reconnaître Christopher George (Le droit de Tuer, Frayeur ) dans le rôle du Sherif Kelly  et Andrew Prine qui se fit connaître en France sous les traits d'un extraterrestre belliqueux dans la série V. N'oublions pas non plus l'apparition en maillot deux pièces de Victoria Johnson dont le fait de gloire fut d'être la doublure d'Angie Dickinson dans le Pulsions de De Palma... Pensez-y en rematant la scène de la douche! Sachez enfin que pour des raisons obscures,  Montoro aurait été le seul à bénéficier du succès de la dite pépite, oubliant de rétribuer son réalisateur... Il en aurait de toute façon plus pour décourager William Girdler qui récidivera dans le drame animalier l'année suivante  avec beaucoup moins de succès ( Day of the animals... )


Le disque :

On nous avait promis une copie restaurée... Elle l'est.  Nous n'avons eu qu'une galette DVD dans les mains, il sera donc difficile de vous parler des arguments HD de ce master. Mais en ce qui concerne la SD c'est effectivement  très propre. Petit détail Le fourreau cartonné annonce un format 1.85 ce qui sous entendait que le film ait été recadré, la jaquette du Dvd annonce elle du 2.35. La bonne nouvelle c'est que le film est effectivement dans son format d'origine scope et accompagné de pistes Dolby Digital stéréo anglaises et françaises (sous titre français amovibles). Pas de forêt de bonus dans les suppléments, mais une simple bande annonce. C'est toujours ça de pris