Archétype de la péloche portée par le buzz, "The Hamiltons" était revenu de son périple festivalier couvert de prix et d'éloges. Difficile de nier l'évidence, en ces temps de «Torture-porn-mania» (nous étions en 2006), cette production DTVidéastique aussi indépendante que fauchée faisait tache... Mais dans le bon sens du terme. Bienvenue chez les monstres, autopsie familiale en prime, les frères Butcher (qui n'entretiennent et c'est le comble, aucun lien de sang) ont indéniablement marqué des points. Depuis de l'eau est passée sous les ponts, des kilomètres de bobines ont défilé sur nos petits écrans … Et comme souvent, recul aidant (en particulier si comme nous il vous vient l'idée de réinsérer la galette argentée de "The Hamiltons" dans votre lecteur DVD avant de vous jeter sur "The Thompsons"), une doute ne tarde pas à refaire surface : N'en a t-on pas un peu trop fait ? Regardons donc ces 83 minutes dans le blanc des yeux, "The Hamiltons" n'était pas un grand film, ni même un bon, mais nous lui concéderons d'avoir astucieusement jouer la démarcation, gagnant ainsi ses galons d'œuvre définitivement attachante... Passons à la suite ...
Nous retrouvons nos chers Hamiltons après un véritable carnage dans une station service américaine. Filmée par des caméras de sécurité, la famille, désormais recherchée dans tous les états, n'a guère qu'une solution devant elle. Fuir les USA, traverser l'océan Atlantique, rejoindre le vieux continent et prendre une nouvelle identité... Ils seront désormais les Thompsons. Francis est chargé de retrouver les Stuarts, une autre famille de vampires vivant cachés dans la campagne anglaise. Alors qu'il est accueilli avec courtoisie par le clan et qu'il demande à ses frères et sa sœur de le rejoindre, Francis découvre qu'un terrible piège vient de se refermer sur eux. Les Stuarts n'ont qu'un seul objectif en tête, assurer leur descendance et affirmer leur domination sur l'humanité.
On ne sait pas trop si les Butcher Brothers avait déjà à l'époque l'idée de donner suite à leur effort (ces messieurs déployant un sens aiguë de la contradiction lorsqu'il s'agit de se prêter au périlleux exercice de l'interview). Reste que l'enthousiasme des spectateurs, de la presse spécialisée a visiblement convaincu Mitchel Altieri, Phil Flores et leur opportunistes producteurs de la nécessité d'une séquelle. Ainsi naîtra l'idée de «The Thompsons» qui après quelques errances scénaristiques va finir pas déposer son récit et ses personnages sur le vieux continent, plus précisément en Angleterre. Au diable le focus familial et l'impression que les Hamiltons étaient les seuls monstres au monde, cachés dans les entrailles de Amérique..."The Thompsons" est une brutale prise d'altitude... Le nouveau film des frères Butcher: Un vision du monde ? On sous-entend en tous les cas ici l'existence d'une race déviante tentant de survivre à une humanité dominatrice (par le nombre de têtes, il va sans dire.) Race génétiquement supérieure ou génétiquement dégénérée, voire malade, deux visions contradictoires du vampirisme s'affrontent (essentiellement à travers le duel des deux familles) le long de cette ballade horrifique retors.
Vampirisme le mot est lâché et si "The Hamiltons" caressait la thématique sans trop en avoir l'air, "The Thompsons" assume, lui, parfaitement son dépoussiérage du tueur aux dents longues. «Nous voulions dépouiller le mythe du vampire Hollywoodien» affirment haut et fort ses géniteurs. Sans vraiment de surprise, le très audacieux objectif n'est que partiellement atteint. Autrement dit si "The Hamiltons" semblait avoir un tour d'avance sur Twilight , "The Thompsons" en a pratiquement (ou quasi mécaniquement) un de retard. Le script se confronte surtout à une autre problématique (et pas des moindre), celle de devoir imposer une interprétation adulte et plutôt exigeante du vampirisme en pleine fureur Bit lit... Mais l'intérêt de l'effort des frères Butcher est justement là, terré dans les souterrains de son récit ...
Car au delà du spectaculaire du propos, du festival de dentiers et des banquets sanglants offerts à nos rétines, Mitchel Altieri et Phil Flores proposent un tout autre repas. Une réflexion aiguisée sur le monstre comme sur ce qu'il matérialise et incarne: La différence, l'anti norme. Évacuant toute possibilité de conversion par morsure ou retour post mortem, "The Thompsons" fait du vampire un être naturel, profondément vivant, un prédateur en voie d'extinction qui plus est se trouve soumis à la morale et par conséquent appelé à accepter ou transcender sa propre nature. Non ici le monstre n'est pas l'accessoire, mi-victime mi-bourreau, d'un projet démoniaque mais une créature minoritaire parmi les créatures, définissant son rapport au monde par sa différence. A ce titre le personnage de Riley Stuart (Elizabeth Hendstridge, superbe au passage), fille humaine d'une famille de vampires, renverse assez intelligemment la problématique. Elle est en quelque sorte un monstre parmi les monstres... Le message est clair : L'anormalité tout comme la norme ne sont au fond que le fruit d'un exercice comptable. La philosophie souterraine frôle, elle, l'existentialisme : L'important n'est pas vraiment ce que vous êtes mais ce que vous en faites.
On savoure bien entendu ce sous discours inattendu tout en concédant à cette aventure vampirique d'évidentes qualités cinématographiques (Une photo joliment torchée, un joli scope) et même quelques moments subtilement envoyés (dont la "Tarantinesque" scène de la station service). Si on l'accepte donc de fermer les yeux sur quelques passages à vide ou bavards … The Thompsons pourrait même valoir le détour et le coup de canine …Ceux qui avaient déjà craqué pour "The Hamiltons" peuvent dans tous les cas morde à l’hameçon sans craindre d'y laisser une dent...
Le disque :
Free Dolphin, qui avait déjà édité The Hamiltons, offre à The Thompsons un écrin vidéastique particulièrement soigné. Nous avons en effet droit à un master HD efficace en terme de définition respectant le format d'origine 2.35
La chose est accompagnée de pistes audio DTS HD Master Audio 5.1 en langue française et anglaise. Le doublage est très correct même si évidemment on vous conseillera de vous tourner vers la version originale. Dans la boite à bonus, 2 petits making of :
- La famille déménage ( 12 minutes)
- En lettre de sang (12 minutes)