Le retour de Django: Critique et test DVD


Coup dur pour les westernophiles et amateurs de plaisirs cinéphiliques italiens, ce printemps l'éditeur Sinodis braquent nos comptes bancaires en sortant deux Django inédits en DVD. Nous avions déjà parlé de «Django prépare ta tombe» il y a quelques jours, c'est au tour du «Retour de Django» d'Osvaldo Civirani de passer à la chronique mitrailleuse d'Ecranbis.com.

Osvaldo Civirani n'est pas forcement un grand nom du cinéma d'exploitation italien mais plus un réalisateur producteur courant avec plus ou moins de réussite, et de grâce, après les modes. Il débute ainsi en 1963 avec un pseudo mondo/film de cabaret qui enchaîne les effeuillages (Sexy Proibitissimo/Sexy Interdit) puis l'année suivante s'essaye au péplum, offrant à Giuliano Gemma le rôle du Prince Maytha dans « Hercule contre les fils du soleil ». On le retrouve en 1965 en pleine tentative d'espionnage (Opération Poker). Mais la succès de «Pour une poignée de Dollars» l'invite à s'atteler au Western. Il en réalisera d'ailleurs cinq de 1966 à 1972. A commencer par Uno sceriffo tutto d'oro (Sheriff with the Gold), puis la même année que notre «retour de Django», «Ric e Gian alla conquista del West» mettant en scène le duo comique italien Ric et Gian. Suivront "pour un dollar je tire" (1968) et en 1972 en pleine vague comédie, un opportuniste «Les deux fils de Trinita».


Le titre français «Le retour de Django» n'est pas sans créer la confusion avec «Le grand Retour de Django» suite officielle et tardive (1987) du Django originel. Le titre Italien «Il figlio di Django» (littéralement: Le fils de Django) devrait à la fois mettre tout le monde d'accord et dans le même temps définir le lien, pour ne par dire une filiation entre le film de Civirani et le chef d'oeuvre de Corbucci. Oui ici, Django n'apparaît pas… ou du moins uniquement de dos dans la séquence introductive, avant d'être abattu de 3 balles sous les yeux terrifiés de son fils de 9 ans. On fera donc tous les efforts du monde pour croire qu'il s'agit bien de Franco Nero, ce subterfuge digne des faux Bruce Lee les plus éhontés, étant l'unique rapport possible entre les deux bobines.

Car pour le reste, nous sommes face à un western spaghetti au propos plutôt conventionnel avec d'un côté la vengeance du gosse devenu adulte et de l'autre, l'affrontement de deux propriétaires... Thomson et Clay. Autrement dit, un scénario très classique signé par les mains d' Alessandro Ferraù et surtout Tito Carpi (98 scénarios au compteur, dans tous les genres, s'il vous plaît. On retiendra pèle mêle: Son nom crie vengeance de Mario Caiano, La prof donne des leçons particulières avec Edwige Fenech , Le dernier monde cannibale de Deodato, Tentacules, Les aventuriers du cobra d'or, Les nouveaux barbares et Les guerrier du bronx 2 de Castellari , Last platoon en 1988 et Alien la créature des abysses de Margheriti).


Le fils de Django, c'est Gabriele Tinti. Un carrière de 137 films, essentiellement en Italie, quelques escapades françaises (La folie des grandeurs, Le gendarme de Saint Tropez) ou américaines (Le vol du Phoenix de Robert Aldrich). L'homme est également connu pour avoir épousé l'une des reines de l'érotisme européen, l'Emanuelle (avec un seul «m», ne vous trompez pas) italienne, Laura Gemser. Il partagera d'ailleurs avec elle l'affiche d'une vingtaine de films donnant à son parcours cinématographique un sulfureux prolongement (Emanuelle chez les Cannibales, Black Emanuel, Révolte au pénitencier de filles, Caligula: la véritable histoire). On le verra également dans Amazonia: La jungle blanche de Deodato ou encore Le gladiateur du futur de Joe D'Amato. Pour être très franc, dans Il figlio di Django, Tinti ne crève pas l'écran et n'a hérité de son père (celui du film bien sûr) qu'un regard vaguement clair. Voilà peut être l'une des particularités du genre western (et par extension du cinéma d'action, si on considère justement le western comme une de ses matrices), le héros y est un personnage que l'on incarne plus que l'on ne joue. Et il manque résolument quelque chose à l'ami Gabrielle pour se glisser dans la peau du Cow Boy Solitaire. Aussi, et sans grande surprise, le far west italien ne fera plus appel à lui après le retour de Django…


Face à Gabrielle, une vedette américaine dans le rôle d'un ex flingueur devenu révérend. Guy madison, venu, au tout début des années 60, tenter l'aventure européenne, campe lui parfaitement la conscience, l'ange gardien ou plus simplement le bien ... Il y a finalement dans la relation Jeff Tracy/Révérend Fleming quelque chose de très psychologique, très intérieur, une sorte de dialogue entre la vengeance et la morale. D'ailleurs, et cela explique sans doute une accroche à priori surprenante au dos de la jaquette «L'idéal du héros de western Américain», Tracy n'ira pas vraiment jusqu'au bout de sa vengeance. Contre toute attente, Le retour de Django sort sur sa fin des rails du western italien... N'allez pas pour autant conclure que l'effort de Osvaldo Civirani tire à blanc.

Ces quelques 95 minutes empruntent en effet sans trop se poser de question le boulevard situationnel du Western rital. On parle à coup de bourres pifs, on pense à coup de flingues. Et si la vision de l'ouest proposée se veut modeste (essentiellement pour raison économique), Civirani habille son spectacle pétaradant d'une certaine maîtrise technique. Il manque sans doute un peu d'élan, d'ampleur, de souffle et de budget pour propulser ce rejeton pelliculaire de Django sur le haut du panier du Western européen. Reste une sympathique incursion dans le cinéma d'exploitation transalpin et une pépite que les connaisseurs sauront s'arracher...


Le disque :

Django nous revient dans une édition DVD joliment troussée puisque le film nous est proposé dans son format scope 2.35 d'origine et dans un master restauré avec soin. Deux pistes audios sont disponibles : Italienne et française, ainsi que des sous titres français. Au lancement, un carton avertit le spectateur. Afin de présenter le film dans sa version intégrale, et des morceaux du doublage français ayant été perdus ( Il est même probable qu'ils n'aient jamais été doublés puisque coupés avant doublage), certains passages de la VF passent en VOST. Dans les bonus, un diaporama et une présentation du film par Jean-François Giré. Fourreau cartonné en prime !