Parmi les trois films
d'épouvante anglais exhumés par Artus films ce mois de juin, Le
sang du Vampire (Blood Of the Vampire) présente un intérêt
cinéphilique à part puisque nous découvrons par le biais de cette
nouvelle édition DVD, et ce pour le première fois depuis le doux de
temps des magnétoscopes, l'effort d'Henry Cass dans une version
intégrale. Les éditions Américaine, Anglaise et plus récemment
Allemande n'embarquaient en effet qu'un cut expurgé de tout écart
visuel bridant quelque peu l'audace de cette intrigue vampiro-scientifique. L'existence même de deux montages distincts, le
premier conçu pour ne par effaroucher ces messieurs de la censure
britannique, le second pour ravir les spectateurs du continent,
explique-t-elle à elle seule une étonnante différence de
considération de part et d'autre de la Manche ?
En tous les cas si «Blood Of The Vampire» est rarement cité comme étant une œuvre majeure du répertoire fantastico-gothique par nos cousins grands bretons et
américains, la bobine revêt en France un caractère plus
«indispensable» (peut-on aller jusqu'à prononcer le mot «culte» ?
Ne comptez pas sur moi pour lancer le débat...). Sa sortie vidéastique française dans une version «Uncut» réjouira ceux qui, pour jeter un oeil à la chose, n'avait comme unique choix que celui de
céder au chant magnétique des sirènes de la VHS. (Pour les
amateurs deux cassettes existent, la première chez RCA diffusion,
la seconde chez fil à films). Artus films propose donc ce mois ci en
DVD une copie complète mais composite, puisque réalisée à partir
de plusieurs sources. Le procédé pose inévitablement une question
d' homogénéité qualitative mais présente paradoxalement
l'avantage de ses inconvénients. Les plans remontés étant de
moindre qualité et facilement identifiables, nous avons
l'opportunité de voir un cut continental dans lequel rien ne manque
tout en ayant une excellent idée de ce que devait être le montage
exploité en Angleterre et aux États Unis.
1958, Après avoir ressuscité
Frankenstein, la Hammer et Therence Fisher déterrent un autre monstre
classique du cinéma Hollywoodien. Dracula revient lacérer
l'imaginaire et la grande toile sous le trait d'un certain
Christopher Lee. «Horror Of Dracula» sortira le 16 juin de cet
année, soit à peine plus de deux mois avant que «Blood Of The
Vampire» ne pointe le bout de sa première bobine. Le deux
films ont en fait quasiment été produit simultanément. Le
tournage du «Sang du Vampire» a même commencé avec un
peu d'avance sur celui du «Cauchemar de Dracula» (le 21 octobre
1957 alors que celui du premier film de vampire estampillé Hammer
ne débutera que le 17 novembre de cette même année). Les deux
jets, outre leur vampirique propos et leur contemporanité partagent
une troisième qualité. Celle de porter à l'écran un scénario
sorti de l'imagination de Jimmy Sangster. L'une des forces vives de
la Hammer Films (The Curse of Frankenstein, The Revenge of
Frankenstein, Jack the Ripper, The Brides of Dracula, Dracula: Prince
of Darkness... )
Bien que paraphés de la même plume
ou pour le dire autrement bien que partageant le même sang (celui de
ses pauvres victimes), les scripts de «Horror Of Dracula» et "Blood
Of the Vampire» abordent de façon radicalement différente la
thématique du vampirisme. Le premier attaque le sombre édifice par
sa face littéraire, mythique et légendaire, le second escalade le
concept par la voie scientifique (science fantasmée, quasi
romantique, mais science quand même). Bizarrement, Il y a beaucoup plus du Frankenstein de Mary Sheiley que du Dracula
de Bram Stocker dans le Sang du Vampire. Le suceur de sang, créature
de la nuit et insatiable prédateur aux dents longues y brille par
son absence ou du moins existe-il de façon parabolique à travers
le personnage du Dr Callistratus dont le corps réclame transfusion
sur transfusion pour échapper à la mort. Un postulat aussi moderne
qu'enchaîné à son «héros négatif » : Médecin chercheur
, présumé vampire, exécuté d'un coup de pieu, ressuscité et
maintenu en vie par sa propre science. Callistratus campé par un
Donald Woklfit Lugosien est au moins autant la créature que son
créateur... Et quelque part la première victime de sa folie.
Pour le reste le film d'Henry Cass semble délicieusement ancré dans son époque. Décors somptueux et gothique, homme de main difforme, chiens enragés,
tombes vides, jolies demoiselles poitrine gonflée, belles enchaînées aux murs
... prêtes à tourner de l'oeil à défaut de pouvoir tourner les
talons. Toujours dans les arguments charnels de ces 84 minutes, les connaisseurs reconnaîtront sans doute dans la rôle de la fiancée de
«John Pierre» (Pernow ?), une certaine Barbara Shelley appelée à devenir
une régulière du cinéma fantastique. Vu plus de 50 ans après sa
réalisation, «Le sang du Vampire» tire sans doute un peu trop
à blanc pour glacer le sang, mais reste un beau film fantastique
qui trouvera sa place sur l'étagère de toute collectionneur un tant
soit peu déviant.
Le disque :
Artus films nous propose de jeter un œil au Sang du Vampire dans une copie certes perfectible, mais qui a au moins le mérite d'exister. Elle est accompagnée de pistes audio française et anglaise ainsi que de sous titres français. Le mixage français est quelques fois un peu douloureux mais encore, il convient de prendre la rareté du film et sa présentation intégrale en considération. Dans la geôle à bonus: Diaporama, bandes annonces de la collection. Vous aurez également l'honneur de partager la cellule d'Alain Petit durant une grosse trentaine de minutes pour une excellente présentation du film. 12€90 sur le site d'Artus Films dès aujourd'hui, et le 4 juin prochain dans le commerce. En attendant , allez jeter un oeil à la critique d'un autre film de la collection : Horror hospital.