Galactic Assault : Critique et test DVD



Hunter Prey de l'américain Sandy Collora, devenu mystérieusement Promotheus pour sa sortie vidéo française, Nydenion de l'allemand Jack Moik désormais connu sous le nom de Star Cruiser, El Baron contra los demonios (Battleship Pirate) de l'espagnol Ricardo Ribelles et désormais Hunting Grounds (Galactic Assault) du québécois Eric Bilodeau, partagent bien plus que les joies d'un retitrage surprenant. Venues des quatre coins du monde, lâchées par quelques éditeurs courageux sur les chariots de nos platines DVD, ces folles épopées vidéastiques ont un code cinématographique en commun. Le gène du DIY (comprendre Do it Yourself), de l'autoproduction et de l'ultra bis. Voyage au coeur de cet autre cinéma pour la sortie française de «Galactic Assault » chez Factoris Films.


Les univers et le propos diffèrent, mais derrière la caméra, l'histoire et la même. Un curieux chef d'orchestre, producteur, monteur, réalisateur, scénariste, responsables des effets spéciaux et parfois même acteur... ayant l'héroïsme, ou la folie (l'un pouvant parfois passer pour l'autre) de partir à l'abordage d'un scénario impossible, d'un bric à brac conceptuel malaxant aussi bien les références que les révérences. Les équipes de tournage se composent d'amis et de passionnés, embarqués de grès ou de force sur les routes du bénévolat et de l'aventure humaine. Venu du court métrage Sf, Eric Bilodeau est de ces capitaines improbables. Trois ans avant que ne débute le tournage de «Galactic Assault», ce fou de cinéma qui se définit, lui, comme un spécialiste du «peu de moyen», loue un DVD qui lui met la puce l'oreille. «J'étais tombé sur un film très mauvais» déclare-t-il «Il me semble qu'on peut faire mieux que ça!" . S'en suivra un long travail d'écriture avec un autre québécois Jonathan Gagné. L'équipe de base, pour beaucoup des habitués des courts métrages du brave Eric, va petit à petit s'enrichir d'acteurs et de techniciens.


Le tournage débute fin septembre 2006 au Saguenay Lac St-Jean, essentiellement le week-end. Olivier Xavier, spécialiste reconnu des maquillages d'effets spéciaux (The Second Arrival, Death Race, Voyage au centre de la terre 3D) que Bilodeau a rencontré dans des congrès de Science fiction et de fantastique, vient prêter main forte. Un tournage sans moyen et inévitablement compliqué auquel s'ajoute une autre difficulté. Dans l'espoir d'une distribution internationale, le film sera tourné en grande partie en langue anglaise. Eric n'a pas peut être pas d'argent mais il a des idées comme en témoigne le pitch particulièrement touffu de son assaut galactique. Accrochez vous à vos slips, belles personnes, ça va secouer. Nous voilà propulsés (et le mot est faible) en 1886 sur une rivière gelée du Canada. Lexa et Paul traquent, fusils en mains, d'étranges créatures au poil sombre... Durant la chasse, la jeune femme est mortellement blessée. Coup de chance il ne s'agissait que d'une simulation informatique. Le couple appartient à une toute autre époque. Un futur, qu'on nous dit pas si lointain, où afin de protéger la nature et lui permettre de renaître après des décennies d'exploitation intensive, l'Homme a pratiquement renoncé aux ballades champêtres.


98% de la population vit désormais dans des villes prisons cerclées de béton et n'accède au grand air que par des programmes de réalité virtuelle. Seuls quelques militaires, scientifiques et industriels sont autorisés à franchir les portes de l'ancien monde. Et c'est d'ailleurs non loin de Québec City , dans une base militaire cachée dans les bois que le Dr Carradine (David ?) expérimente un sérum miraculeux. Une fois injecté dans le corps humain, le Koliome régénère en quelques minutes les tissus vivants. Un séisme d'une magnitude de 3.2 sur l'échelle de Richter va néanmoins troubler les travaux des scientifiques et accessoirement déclencher une fuite de leur potion miracle dans les sols entourant le laboratoire malheureusement construit sur un cimetière. Ramené à la vie par le Koliome, une horde de zombie sort de terre... Au même moment Lexa, Paul et quelques autres amateurs de chasse parviennent à quitter la ville en se faisant passer pour des agents du département national de sécurité. Ce qui s'annonçait comme un petit week end de chasse va tourner en une véritable course à la mort.



Comme beaucoup des productions «ultrabis» précitées, Hunting Grounds impose un choix à son spectateur. Vu à travers le prisme de la production cinématographique Hollywoodienne, y compris celle qui n'hésite plus à se délocaliser en Bulgarie, le spectacle proposé tourne à l'expérience psycho traumatisante carabinée. Sacré nom de dieu mais qu'est ce que c'est que ce film canadien ? Dirait le belge Benoit Poelvoorde. Pour le vidéovore déviant et averti, Hunting Grounds a une saveur joyeusement amateurisante et compilatoire. Prenez une tranche de Matrix, faite la revenir avec un peu d'anticipation et de fable écolo, ajoutez une poignée de zombies... Ne plaignez ni le gore, ni l'usage des fonds verts et placez quelques plans CGI (réalisés avec le logiciel libre Blender) pour la décoration. Et vous obtiendrez cette aventure définitivement plus spéciale que spatiale. En tous les cas si les films réalisés à l'huile de coude et au sirop d'érable ne vous font pas peur, si un poster de Richard J.Thompson est accroché au dessus de votre lit et si la production estampillée Charles Band vous semble définitivement trop bling bling, il n'est pas interdit de se laisser tenter. Si vous ne remplissez aucun de ces critères, ne désespérez pas, Eric Bilodeau annonce à qui veut l'entendre qu'Hunting Grounds n'est que le premier volet d'une quadrilogie. Autrement dit : Soyez patient votre tour viendra …  

Le disque :

Factoris films propose de découvrir Galactic Assault dans une éditon économique vendue à prix mini (aux alentours de 10 euros). Évidemment pour le prix nous aurons droit à un traitement minimaliste : un master au format 2.35 uniquement accompagné de pistes anglaises stéréo (au choix Dts Digital Surround et Dolby Digital) avec en prime des sous titres français. En guise de bonus, la copie digitale illimitée compatible PC et Mac du film.