Videotopsie 13 : le review


Depuis 20 ans déjà, le Dr Didelot opère à l'œil (dans tous les sens du terme) et à la plume les patients pelliculaires souffrant d'une invisibilité chronique. Pauvres péloches perdues dans les limbes du cinéma d'exploitation, ou retenues ici bas à l'état de spectres magnétiques par l'amour singulier (et parfois pluriel) de vidéophiles siphonnés. Parfait et indispensable accessoire de plage pour bisseux en vacance (Prévoyez une grande bouteille d'eau et un maillot en kevlar, un incident diplomatique avec Madame est si vite arrivé), le numéro treize de Vidéotopsie renvoie sur le billard le «Caligola: La storia mai raccontata» de Joe D'Amato. Objet de fantasme cinéphilique dont votre serviteur dévoué eût vent en octobre 1983 alors qu'Hollywood Vidéo affichait ses pépites de soufre (Le droit de tuer, Evildead, First blood, Creepshow et notre Caligula en question ) au dos d'un écran fantastique spécial «Retour du Jedi». Bien sûr à l'époque, j'avais 8 ans et je dus me contenter de lécher l'affiche (ce qui en soit n'avait rien de très exceptionnel...) en m'interrogeant sur la nature du spectacle proposé. Mais que font tous ces gens à quatre pattes derrière le monsieur, quelqu'un aurait-il perdu sa montre ? 


Il faut ajouter que le titre «La véritable histoire de...», sous entendu qu'il en existait une fausse et que personne n'avait pris la peine de me la raconter, m'avait retourné l'esprit. Curieusement dans ma folle course contre le temps, mon grand marathon de rattrapage vidéastique, la péloche d'Amato disparut des mes objectifs prioritaires pour refaire surface sans crier gare lors de la sortie DVD du Caligula de Tinto Brass c'est à dire en 2003. La réputation forumique de la chose, le film avec le cheval dedans, (le syndrome Spanghero avant l'heure ?) eut vite fait de réanimer ma curiosité et je du faire des pieds, des mains, des sabots pour nourrir mon Audrey II à moi, un vieux magnétoscope increvable (et d'ailleurs toujours de ce monde). Quand on nous disait Sony, construit pour durer.... Mon sens de l'égarement me perdra, revenons à Vidéotopsie.. 

Là où la presse spécialisée aurait coulé l'embarcation en dix lignes et une vanne peu ou  mal inspirée (ce film est au Caligula de Brass, ce que la pub Terra de Jonhson est à Ben Hur... Ne rigolez pas je l'ai lu y'a pas longtemps), l'empereur Didelot ne compte pas les pages.... Poussant le vice jusqu'à plonger en apnée dans sa labyrinthique fiche technique, détailler la douzaine de versions existantes, les multiples éditions VHS et DVD, reconnaître la moindre hardeuse traversant le cadre (de gauche à droite , ou de haut en bas...). Ce qui dans la saillie centrale et participative de cette orgiaque leçon d'histoire représente, pardonnez le peu, un sacré travail de «Dos culs». 


Cette petite trentaine de pages interdites, que notre rédacteur en chef n'illustre d'ailleurs pas avec le dos de la pelle, sont complétées par une palanquée de chroniques déviantes. Du Mattei (L'altra Donna, Snuff Killer), quelques petits plaisirs exotico-Philipins (The Woman Hunt,Zuma, The Killing of Satan). Vous reprendrez bien un peu D'Amato (La nuit fantastique des morts vivants, Porno Holocaust) Le cheval de Caligula ayant eu son compte, on saute du coq à l'âne avec un Mondo isolé (Shocking Africa), Vacanze per un masscaro (à ne pas traduire même si la tentation est forte par "je donne mes vacances à celle qui me prête du maquillage"), Le monstre qui vient de l'espace ( Et qui, toute xénophobie mise à part, ferait mieux d'y retourner...)  du «Kung résolument Fou». Et encore on ne vous dit pas tout. L'autre gros morceau de ce Vidéotopsie est un dossier hommage à Daniel Riche, fondateur de la collection gore avec en prime un entretien exclusif datant du milieu des années 90 et à ce jour inédit. 


Tandis que Christophe Gaquiere réhabilite avec succès Halloween troisième du nom (et il a bien raison de le faire), Stéphane Prieur tente un pirouette en posant un regard décalé sur les deux premiers opus. Petites incohérences et VF délirantes en prennent sévèrement pour leur grade. L'exercice est d'autant plus réussi qu'il a le mérite de poser avec humour et bonne humeur (Ou humeur et bon humour, on vous laisse seul juge) la question du doublage. Si comme moi vous aviez cru que la VOST régnait en maître sur les terres cinéphiliques, détrompez-vous. Il suffit de voir le tollé provoqué par l'absence de pistes françaises d'époque sur les galettes argentées des Dents de la mer ou du Star Trek premier du nom. Le bon vieux doublage à papa aurait-il quelques insoupçonnables vertus et quelques indécrottables fans au pays des cinévores ? Affaire à suivre... Et peut être dans ces colonnes numériques, si le coeur m'en dit... Un de ces quatre matins.


En bonus, David nous explique son Bloody Weekend (Celui de l'an passé) au point de nous faire regretter de pas y avoir été, sans oublier une indispensable et ultime déambulation commentée dans un rayon «autres fanzine» plutôt garni. Voilà un numéro hautement nécessaire à tout âme désirant abandonner, pour une heure ou deux, la triste réalité d'un pays s'enfonçant chaque jour un peu plus dans la crise et le désespoir fou en résultant... Heureusement qu'il nous reste ça... 

68 pages / couvertures couleur. 7€ + frais de port.
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David DIDELOT
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FRANCE

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