Hammer of the Gods : Critique et test DVD



En plein cœur de l'été, alors que les cinévores les plus chanceux seront en train de se rincer l'œil (ou autre chose) sur les plages de la Grande Motte, Palavas et autres hauts lieux de débauche estivale, les oubliés des congés payés, les prolos, les travailleurs, la France qui se lève du mauvais pied, pourront se consoler en jetant un œil à «Hammer Of The Gods» (on se calme les filles, c'est pas mais alors pas du tout ce que vous croyez...) que nous traduirons littéralement par «Le marteau des dieux»... Une galette britannique à tendance Viking, forgée par E-One Entertainment et distribuée à dos d'esclave par Wild Side. Au menu: du sang, du muscle, de la sueur et du mâle hirsute. C'est attendu en DVD et Bluray le 7 août prochain mais on parle ici et tout de suite...


A première vue, l'épopée viking, plus ou moins barbarisante semble une terre d'accueil idéale pour le cinéaste sans le sou. Prenez trois grands gaillards sortant d'une salle de musculation, confisquez leur rasoir, habillez-les de quelques fausses peau de bête «made in China» et débrouillez-vous pour filmer l'improbable équipage sans qu'un poteau électrique ou un avion de passage ne vienne traverser le cadre. Il serait dommage qu'un anachronisme malencontreux ne vienne ruiner votre travail de reconstitution. Manque de chance, le sous genre est plus traître, plus exigeant qu'il ne le laisse paraître. La portée des scénarios, souvent limités par le contexte historique (Moi taper toi très fort pour moi devenir roi) laisse au spectateur le temps de lire entre les lignes, de flâner entre les coups d'épées, de plonger du regard dans les paysages splendides et vertigineux, emporté par le souffle d'un score symphonique tonitruant... Et parfois plus simplement de piquer un somme.


Évidemment lorsqu'on a ni Basil Poledouris (Compositeur de la musique de Conan le Barbare) ni Dino de Laurenti sous le coude et pour seul unique shooting location, le champs du voisin, l'exercice devient quelque peu plus acrobatique... Résultat des courses, on ne s'étonnera presque plus de voir quelques jeunes réalisateurs téméraires s'embourber sur le terrain marécageux de la fresque DTVisante d'époque, poussés à la faute (étalonnage foireux, SFX numérique poussifs et autres joyeusetés cinématographiques, acting en roue libre) et dans la boue par un budget aux abonnés absents. Le moment venu d'insérer délicatement la rutilante galette de «Hammer Of The Gods» dans le lecteur, on prie pour ne pas repasser par les heures les plus sombres de notre périple cinéphilique, les douloureux et pénibles visionnages du Vikings de Tony Stone (oui oui celui avec la bande son métal!) ou encore du plus récent (et norvégien, l'un n'empêche pas l'autre) Dagmar, l'âme du Viking... Pour n'en citer que deux.

Nous voilà projetés en Angleterre en l'an 870 après Jésus Christ. Un certain Bagsecg, roi des vikings, mène ses troupes affaiblies dans une lutte sans fin contre la résistance Saxon. Sentant son armée en péril, Bagsecg demande à un de ses fils, le vaillant Steinar de venir lui prêter main forte. Accompagné par ses brutaux mais fidèles amis : Hagen, Grim et Jokul, le jeune prince débarque en drakkar sur les cotes anglaises sans se douter qu'il arrive trop tard. Le roi vieillissant vient d'être blessé durant un combat. A l'agonie, Bagsecg demande à Steinar de supprimer son demi frère «Vali» , mi saxon, mi viking, qui a déshonoré la famille en fuyant le champs de bataille. Steinar s'y refuse mais va tout de même se voir confier une seconde mission. Sauver la civilisation viking (et visiblement c'est pas pas gagné, ça fait un moment que je n'en ai pas croisé) en partant à la recherche d'un nouveau roi, Hakan, premier fils du roi Bagsecg, mystérieusement banni du royaume.


Pour mettre en image ce voyage initiatique et guerrier, les producteurs de «Monsters» sont malicieusement allés chercher un contributeur régulier de la production télévisuelle anglaise. Farren Blackburn découvre d'ailleurs le script d' «Hammer Of the Gods» alors qu'il est sur le tournage d'un épisode du célébrissime Dr Who. Le jeune homme y voit une opportunité en or, celle de passer la seconde en réalisant son premier long métrage. Un «faiseur» de série pour un long métrage, une curieuse idée ? Oui et non, car on imagine bien que ce «Marteau des dieux» aura peu de chance d'imprimer la rétine dans les salles obscures et sera par conséquent exclusivement découvert sur petit écran. D'ailleurs et c'est une bonne surprise, le mode narratif choisi par Blackburn,  télévisuel à plein tube cathodique est  la principale qualité du film.  L'acting n'est pas mal non plus, me souffle ma femme en train de terminer le repassage...Tout en bavant sur le torse suant de Charlie Bewkey (Twilight)


Hammer of the Gods  tient assurément plus de l' épopée miniature, de la fresque économe que de la superproduction promise. Mais il faut  tout de même lui reconnaitre de se laisser suivre sans déplaisir. Mieux de se situer quelques poils de yak au dessus des bobinettes précédemment citées. Même plombé par ses efforts esthétisant convenus (Filtrages contreproductif, composing visible), ses tics réalisationnels tendances et  pénibles (cadrage flottant, scène montée au couteau, voire au silex), cette petite heure et demi vidéastique ne patauge pas trop dans la marre aux barbares. Les aficionados de Vikingeries taillées dans la roche y trouverons certainement de quoi exciter leur intellect déviant... Pour les autres soyez en  prévenus, ce "Marteau des dieux"  ne sent pas non plus l'after shave.  Alors si les beaux garçons qui transpirent ne vous font pas d'effet, on me souffle dans l'oreille gauche qu'il reste quelques exemplaires du Colorado de Sollima en stock, c'est bien Sollima... C'est très bien même.



Le disque:

E-one s'est fendu d'un disque DVD relativement sympathique avec un master un petit peu granuleux (format Scope d'origine)  mais honnête. Le tout est  accompagné de pistes Dolby Digital 5.1 et simple stéréo en langue française et anglaise. (Visionnage en VOST vivement recommandé pour cause de doublage douloureux). Les bonnes surprises sont à chercher dans la soute aux suppléments puisque nous avons droit à une salve de bandes annonces au lancement du disque, un making of, un doc sur les effets spéciaux et des entretiens avec les acteurs.