Evil dead (2013) : Critique et test DVD


Cher aoûtiens, ne traînez pas trop sur le chemin du retour. A l'aube de septembre, les amourettes estivales perdues dans le brouillard de la rentrée, les parasols rangés au grenier et les coups de soleil réduits à l'état de vagues souvenirs, Evil Dead cuvée 2013 s'élancera pour un second tour de France … vidéastique. Pour nourrir vos cauchemars et posséder vos platines (l'inverse est aussi jouable) Metropolitan nous a tronçonné des éditions simples et un combo Bluray DVD ensanglantés. Au programme une sacrée ballade forestière qu'Ecranbis s'est tapée avec quelques semaines d'avance. Verdict...


Perdue dans les bois, une jeune femme blonde devient la proie de deux mystérieux chasseurs qui la traînent dans la cave d'une cabane abandonnée. Enchaînée à une poutre, au coeur d'un étrange rituel de désenvoutement, la victime se voit brûlée vive par son propre père qui l'accuse d'avoir assassiné sa mère. De nos jours, Mia, jeune toxico vient passer le week end dans la cabane familiale avec son frère et ses amis. Elle espère ainsi tirer un trait sur son addiction. Mais une fois sur place, la bande de copain trouve la porte de la bicoque forcée. Une horrible odeur de brûlé semble venir de la cave. Dans le sous sol, des corps de chats momifiés pendent des plafonds et un curieux livre ancien les attendent. Sur chaque page figure des avertissements : Let this book alone... Ne le lisez pas...

Remake, reboot et compagnie. La machine à rêve hollywoodienne est-elle grippée au point de se borner à la reformulation de se propres mythes et discours ? Une chose est sûre dans ce grand lifting commercial et permanent, pas un classique ne semble désormais échapper à la révision des 20 000. Pour Nightmare on Elm Street, Friday the 13th, Fright Night, Maniac, Fog, Halloween, Amytiville... et autres pépites victimes d'une exécution présumée datée, la mise est en conformité est devenu obligatoire. A quand la date limite de visionnage ? La question ferait presque sourire si elle ne dévoilait pas une assez curieuse conception du 7e art, de ses perles réduite à l'état de vulgaires recettes. On ne prend pas les mêmes mais on recommence. Un produit remplaçant l'autre en rayon... Générationnellement du moins.


Ce penchant révisionniste du cinéma américain, entre reload et retouche numérique, finit par foutre la pétoche pour de bon. Aussi sans grande surprise, l'annonce d'un remake d'Evil Dead fut accueillie dans la fantasticosphère avec la froideur et le fatalisme d'usage... Certes, l'art de remettre le couvert ne date pas d'hier et à chaque nouvelle resucée, il est aussi facile de pointer du doigt les rayonnantes réussites de «The Thing» ou de «The Fly», que de rétorquer que n'est pas Carpenter ou Chronenberg qui veut.

Les pupilles mal dilatées par les régurgitations d'un Marcus Nispel (The Texas Chainsaw Massacre 2003, Conan 2011 et Friday The 13th 2009) , le cinéphile a une légère tendance à s'emballer voire à faire la moue. (Le cinéphile a une légère tendance à 100 balais à faire l'amour? NDLR). Regardons s'il vous plaît les choses avec un minimum pragmatisme, certains «Bis repetita» récent nous ont qualitativement surpris : le Piranhas d'Aja en tête (Si si Alexandre, c'est un remake, tu ne veux pas te l'avouer mais on te le dit : c'est un remake) , le The Thing préquelisant de Heljningen. Reste à savoir si cet Evil Dead rafraîchi suivra ces chemins vertueux. C'est bien en tous les cas, Sam Raimi, Bruce Campbell et Robert G. Taper qui ont ici endossé les maillots de producteurs et par la même occasion adoubé Fede Alvarez. L'Uruguayen s'est fait connaître en 2009 grâce à un court métrage (Ataque de Panico! ) posté sur Youtube. Cinq petites minutes d'invasion extra terrestre tournées avec 500 pauvres dollars.

Quasi instantanément reperé par Hollywood (Une semaine après l'upload de sa vidéo, le jeune homme enchaînait déjà les rendez vous à Los Angeles ), il se voit d'abord proposer d'en réaliser une version «long métrage» par Ghost House Pictures. (La société de Sam Raimi ). On raconte que son cachet flirte déjà avec le million de dollars, soit quatre fois celui d'un réalisateur débutant. C'est finalement sur un  autre film de la même écurie qu'Alvarez va faire ses armes : un nouvel Evil Dead qui ne sera pas l' opus 4 promis depuis belle lurette mais un remake.

Remake, le mot est vite dit, puisque dans son effort reproductif, le brave Fede joue la carte de la mesure. Evil dead 2013 emprunte à son modèle de 81, une trame, un concept voire une certaine radicalité (j'y reviendrai) tout en évitant soigneusement l'éclipse et la substitution. Voilà un parfait exemple de remake situationnel, soucieux de préserver l'intégrité des aventures originelles d'Ash (Visionnez le le film jusqu'à la fin du générique, conseil d'ami), clins d'oeil appuyés et respectueuses révérences en prime. On finira même par s'interroger : Evil dead reloaded, n'est-il pas une suite qui s'ignore ? Disons que le résultat pelliculaire fleure délicieusement l'entre deux et par conséquent devrait permettre aux fans de la première heure, un visionnage comment dire... plus apaisé. Mais la vrai surprise vient de la sauvagerie du propos. Evil dead est un film ouvertement gore, esthétiquement jusqu'au boutiste, fidèle sur ce point à son modèle. On y bave avec grâce, on y vomit de bonheur, on s'y saigne à blanc sans oublier de se soulager sur les chaussures. (Comprendre: I piss on your groles... )


On est donc loin, très loin même de l'aseptisation galopante des récentes refontes horrifiques US. (Prom Night en était sans doute le plus brillant exemple, bien que le mot brillant ne soit pas forcément le premier qui me vienne à l'esprit lorsque je pense à Prom Night) Esprit es-tu là ? Oui, semble nous répondre en choeur Raimi et Alvarez. Mais, quels que soient les efforts produits pour caller à la touche «Bricolage Punk à tendance cartoon» du film original (le refus d'effets numériques pour n'en citer qu'un), ce nouvel Evil Dead reste un film d'horreur moderne dans son exécution comme dans ses représentations. (La touche fantôme asiatique de certaines séquences, l'absence d'humour). Bref, un pot de miel pour kiddies plus qu'une bonne vieille soupe pour quadra cinévore. La bobine d' Alvarez, aussi rutilante soit-elle, touche donc ici sa limite.

Cela n'empêche pas ces quatre vingt dix minutes de faire le job et même plus. Comprendre qu'en se retenant de toute comparaison (Je sais c'est dur mais tu peux le faire), on ressort de ce spectacle de foire grand guignolesque, avec la banane solidement incrustée et l'impression de ne pas s'être fait avoir. A la vue de la production horrifique actuelle, la chose est suffisamment rare pour être mentionnée.


Le disque :

Belle édition en provenance de Metropolitan, nous avons droit à un master 16/9 présentant le film dans son scope d'origine. Convaincant, même si quelques passages montrent sans grande surprise les limites techniques du support DVD. Passez au bluray ! Depuis le temps qu'on vous le dit ! Pour le même prix, vous aurez droit à des mixages dolby digital 5.1 joliment immersif et dynamique ( VF et VO) ainsi qu'une piste audio description pour mal voyant. (Stéréo simple) et des sous titres français. La partie supplément est composée de featurettes de  :

- Le tournage (Directing The Dead – 7 minutes)
- La renaissance (The reboot – 9 minutes)
- Une expérience difficile (Making life Difficult – 8 minutes)
- Le livre des morts (Unleashing The Evil Force – 5 minutes)
- Moi Mia (Being Mia – 9 minutes)
- Avant première à Paris (10 minutes)

Notons la présence d'une flopée de bandes annonces (VF et VO) dont celle bien sûr d'Evil Dead.