«Camarades cinévores, cinéphiles, on
vous sexploite» lance, non pas Arlette, mais Artus films ! Au
mois d'octobre nous arrive le premier titre d'une (on l’espère) longue
collection dédiée à la sexploitation américaine et baptisée
Erotik. Erotik avec un «K», plus chébran qu'avec un «C» et moins
cochon qu'avec un Q. Du cul il en est pourtant bien question dans ce
«Journal secret d'un mannequin». Au menu : de la fesse 60's,
de la psychanalyse de haut vol et une délicieuse touche Weird.
Ecranbis.com que la chair rend poétiK (avec K, je ne vous refais pas
la démonstration) et lover, a profité d'un soirée de célibat
pour s'atteler à l’œuvrette. (sans jeux de mots ou presque).
Jenny,
belle plante fraîchement déracinée de la Nouvelle Angleterre
dort... Dans la ville qui ne dort jamais. Coup du sort, elle passe
des bras de morphée à celle d'un violeur. Ce dernier s’introduit
dans l'appartement puis dans sa locataire. La jeune femme visitée de
force décide elle aussi de forcer le destin et visitant l'autre côté
du miroir. Elle s'entaille les veines et attend résignée le tramway
de la mort. Il ne viendra pas, sa pulpeuse colocataire ayant eu la
bonne idée de faire une halte dans la salle de bain. Hospitalisée,
notre héroïne échappe à la faucheuse mais pas au fantôme de Sigmund Freud. Elle emprunte le chemin de la reconstruction, chemin qui passera évidemment par un tunnel psychanalytique peu éclairé. Façon Brigitte
Lahaie t'explique ce qui se passe dans ton slip ... voire dans le sien. La nymphe livre le récit de sa
vie, le parcours fléché d'une sexualité refoulée. Jenny «toujours
prise de force», éternelle victime, sorte de «Martine» de la fesse expose sa
désarmante mais touchante naïveté à la face sombre du monde.
Jenny à la ferme, Jenny à New York, Jenny à la partouze psyché ,
Jenny fait des photos... Jenny voit pas du tout de quoi tu parles...
En bout de course, notre bon
docteur Maboule, aussi fier et sûr de sa science qu'un Gerard Miller qui aurait mangé Marcel Rufo, annonce
que grâce à ses soins (mets des mots dessus pour dépasser le
stade émotionnel, ma cocotte), la belle vient d'échapper de justesse au
lesbianisme ici présenté comme une sexualité de substitution,
mieux, un comportement refuge. C'est à dire une conséquence directe d'une expression agressive du désir de l'homme.Comme si le n'importe quoi ne suffisait plus à lui même dans la scène qui suit, Jenny rentrant chez
elle offre ses lèvres à sa coloc. A ce niveau de vol plané, seul le service après ventes des magasin But (Que j’expérimente en ce moment mais c’est une autre histoire) peut suivre. La thématique de la femme objet (sexuel) ne servira de toute manière que de justificatif vague et de fil rose entre épisodes malencontreux et scènes de
nudité.
A première vue «Journal secret d'un
mannequin» laisse un peu plus sur la faim que sur les fesses. Ou
plutôt interroge. La nature érotique du propos a-t-elle perdu au
fil des années, sa charge ? Oui, vue de 2013, les batifolages
les plus audacieux du film des frères Amero semblent étrangement
sages. Difficile de bander... euh pardon de trancher, votre serviteur contentera donc d’évaluer à la
louche le taux de polissonnerie présumée pour l’époque tout
savourant le carton «Déconseillé aux moins de 16 ans».
Fort heureusement , notreDdevil in Miss Bridget Jones échappe au fade par sa face bizarroïde contrastant avec le ton très gentillet (voir complètement niais ) d’une narratrice semblant tomber en permanence du cocotier. A ce titre la description faites de la soirée virant à la swinger party, scène exploitative aux limites du mondo, vaut son pesant de cacahuètes. Notre pauvre gourde, coincée au beau milieu d’une partie fine, explique : «Je commençais à croire que tous ces gens étaient des exhibitionnistes et s’étaient réunis dans le seul but de satisfaire leur vice...» et poursuit: «J’avais l’impression s’assister à un spectacle écœurant." Non sérieux ?
Le disque:
L'édition qu'Artus propose permet de découvrir « Journal secret d'une mannequin » dans une copie moyenne mais acceptable au format 1.37 (Noir et blanc). Une unique piste audio française, un diaporama et un entretien avec le très sympathique Eric Peretti en prime.