Présenté il y a plus d'un an au Festival du Film International de Toronto et disponible chez nos cousins d’Amérique depuis le printemps dernier, «Aftershock » fera trembler les salons des vidéovores français le 27 novembre prochain. Alors que le site du très sérieux «Servicio Nacional de Turismo Chile» interroge les voyageurs en quête d'une future destination (Et pourquoi pas le Chili?), Nicolas Lopez et Eli Roth apportent une réponse aussi sanglante que cinglante. Au menu, grosse secousse, nuit d'enfer pour touristes en détresse et Selena Gomez en prime... (oui c'est carrément horrible ) Ecranbis.com est parti en éclaireur. Accrochez-vous à vos souris, ça va bouger.
Coup du sort, c'est en signant «Promedio Rojo», le pendant latin d'American Pie que la route de le Nicolas Lopez va croiser celle d'une des valeurs montantes de l'horreur made in USA. Eli Roth entré sans perte mais avec fracas dans l'histoire du cinéma de «mauvais» genre avec Cabin Fever, l'invite jusque dans la salle de montage d'Hostel. Auréolé par le succès de son tortueux et tortureur diptyque, à peine en mesure de décider les investisseurs sur sa simple personne (ou comment transformer son nom en oui !), Roth pense à produire un film avec son camarade Chilien. Reste à trouver un alibi narratif digne de ce nom. Ils n'auront pas à chercher longtemps. Une simple conversation leur offrira le Graal scénaristique. Lopez fut l'un des témoins d'un tremblement de terre survenu au Chili en 2010. Ses douloureux souvenirs suffiront à convaincre Roth qui endosse illico presto les dossards de co-scénariste et co-producteur, sans oublier de s'offrir (on est jamais mieux servi que par soi-même) l'un des rôles principaux.
Tout commence par une party bien arrosée pour trois jeunes touristes. Rencontrant à même le dancefloor, trois demoiselles en quête du loup, Ariel, Pollo et Gringo planifient pour le lendemain un journée d'excursion à Valparaiso suivi d'une soirée de débauche. L'alcool aidant, des couples se forment, des amitiés se brisent jusqu'à ce qu'un tremblement de terre d'une rare intensité mette fin à la fête. Murs effondrés sur le personnel, corps ensanglantés gisant sur le sol, piétinés par les autres clients tentant d'échapper à l'enfer. Tout n'est plus que désolation, individualisme. Parvenant à se soustraire à cet insoutenable spectacle de désolation , nos six compagnons ignorent encore que ce qui les attend dehors dépasse leur imagination. Dans une ville en ruine, en proie à une horde de prisonniers échappés d'un centre de détention, des sirènes tentent d'avertir les survivants qu'un tsunami approche.
Dans la grande tradition du survival touristique (Paradise Lost, The Ruins...) et celle du film catastrophe, Aftershock joue au moins autant sur son choc de plaque tectonique que sur le choc des cultures. Dans un Valparaiso dévasté, nos bandes de voyageurs insouciants découvrent un univers auquel ils sont définitivement étrangers. En ce, le film de Nicolas Lopez a des airs de carte postale post apocalyptique, un prospectus sur lequel le voyagiste aurait écrit en rouge «Restez chez vous». Plus que victimes, nos héros sont pris au piège dans un environnement dont ils ignorent tout, sans point de chute, sans échappatoire. Il faut dire que pour ne rien arranger la fatalité s'acharne. Le script d'Amoedo, Lopez et Roth joue la carte d'une faucheuse déterminée et du bowling humain, rappelant par éclair l'instoppable death count de «Final Destination» .
Du film de James Wong, Aftershock reprend d'ailleurs l'humour (très noir) et distancié. Le cumul de situations horribles et de manque de veine finit à grand renfort de fulgurances gores, par faire sourire sans que le film ne bascule véritablement de son postulat initial, celui d'un pur survival. Est-ce que c'est réussi, oui mon capitaine ! Ces 85 minutes délivrent le spectacle attendu, voire même un peu plus. La qualité des effets visuels, les prestations d' Eli Roth, de l'Ukrainienne Natasha Yarovenko (dont nous parlions il y a peu dans notre chronique de l'ibérique « Prince Killian » récemment sorti chez Condor Entertainment) et d'Andréa Osvart (Spy game) n'y sont sans doute pas pour rien.
Dit autrement nous voilà face à l'un des plus sympathiques DTV de la fin de l'année. Reste que ses qualités de spectacle exploitatif et son approche cynique mesurée ne lui suffiront peut être pas à imprimer durablement la mémoire des cinéphiles de l’extrême. La chose devrait en tous les cas suffire à faire patienter les fans d'Eli Roth , le temps que son «Green Inferno» parviennent jusqu'à nos salles obscures ! Si il y parvient... On croise les doigts.
Le disque :
Les lecteurs les plus assidus nous attribueront sans doute la palme de la répétition et l'oscar de la redite, peu importe. Il se trouve que quelques éditeurs font de remarquables efforts dans la réalisation technique de leur galette. Wild side en fait partie et par conséquent, sans surprise, Aftershock nous arrive dans un master sans faille en flat (1.85), aux limites du support. (Compression très discrète et Upscale impeccable testé sur plusieurs platines). De la SD qui ne milite pas pour le passage à la HD. On encourage cependant les cinévores à se tourner vers le Bluray (3€ de plus !) pour profiter d'un vrai master HD en 1080/24p. Du côté des plaisirs de l'oreille : Deux pistes Françaises Dolby Digital Stéréo et DTS 5.1, ainsi que la piste originale (Sous titre français disponible). Des mixages corrects sans être forcement renversants.
Côté bonus : Un making of court mais pas inintéressant (9 minutes), la bande annonce du film et «Un casting de choc» (une sorte de caméra cachée visiblement réalisée dans le cadre du casting du film).