Furie : critique et test bluray



Octobre 2013, Carlotta films continue d'explorer la tentaculaire filmographie de Brian De Palma. Après Pulsions (voir notre critique/test) et Blow Up, c'est au tour de The Fury, œuvre, concédons-le, mineure mais néanmoins passionnante, d'obtenir son passeport pour la haute définition. Une événement Bluray et double DVD collector que l'Ecranbis.com ne pouvait pas manquer sous aucun prétexte... Review fiévreuse pour galette furieuse !

Robin Sandza est un jeune homme doté de pouvoirs psychiques hors norme. Alors qu'il passe quelques jours de vacances au bord de la mer avec Peter, son père, Robin est enlevé par une mystérieuse agence. Peter, lui même au service du gouvernement est laissé pour mort mais parvient contre toute attente à échapper à la faucheuse. Lancé aux trousses des ravisseurs, il parvient à retrouver la trace de Robin, grâce à Gillian, une jeune fille, elle aussi pourvue de pouvoirs télékinesiques.



Après avoir triomphé à Avoriaz au milieu des années 70 avec son adaptation rock et barrée du fantôme de l'opéra (Phantom Of the Paradise), Brian De Palma continue d'arpenter les sombres ruelles du fantastique. Carrie au bal du diable, adaptation du premier roman de King, deviendra presque instantanément une œuvre cathédrale et rapportera quelques 33 millions de dollars à ses producteurs. Soit un peu plus de dix huit fois la mise initiale. La même année, «Obsession» inaugure un cycle parallèle faisant rimer sexualité et violence sur fond psychanalytique. Une œuvre qui mènera le cinéaste à Pulsions en 1980. Mais deux années plus tôt, De Palma, tout auréolé de la réussite de son opéra Kingien et télékinesique, se retrouve également à la barre de «The Fury». Un film, produit par la Twenty Century Fox offrant à son réalisateur son premier budget confortable (7,5 millions de dollars US), Kirk Douglas et John Cassavetes en prime.

Pour les cinéphiles, Furie apparaît souvent comme un prolongement de Carrie, surfant le  thème de adolescence, la thèse d'une «super humanité», tout en proposant un traitement radicalement diffèrent. Les artifices du thriller, voire du film d'espionnage, et la thèse complotiste s'y marient à la dramaturgie et l'épouvante au point de faire de «The Fury» une œuvre indiscutablement composite. Pour ne pas dire vaine dans l'éparpillement parfois peu adroit de son propos. On pourrait également considérer que Furie préfigure un autre «grand classique» du cinéma fantastique, électrochoc pelliculaire que David Cronenberg mettra en boite 3 ans plus tard : Scanners. Cette antériorité flatteuse ne résout toutefois pas notre équation du jour: Par quel bout prendre le film de Brian De Palma? Comment en interpréter la substance ? Est-il, comme on le présente parfois, le prototype même du film de commande? Un rendez vous manqué entre le cinéaste et son public ?


Au fond, le scénario de John Farris, adapté de son propre roman éponyme se raccroche à deux branches. À ma droite, l'existence potentielle d'individu à capacités psychiques hors norme et à ma gauche leur instrumentalisation dans un contexte politico sociétale. Ces deux éléments, que l'on retrouve aussi bien chez Cronenberg en 81 qu'au début des années 60 dans l'entrée fracassante des X-men dans l'imaginaire collectif, se rejoignent par leur penchant xénophilique à peine voilé. En faisant du «super être», un plus humain qu'humain, comprendre en l'habillant des valeurs positives d'un humanisme fantasmé, on renvoie tout autre protagoniste dans une forme de tare instinctive, la peur de l'autre, son instrumentalisation guidée par l'avidité politique ou financière. Le personnage de Gillian matérialise ce bloc sémantique tout en se confrontant à Robin, sorte de double perverti par les expérimentations scientifiques et hasardeuses.



Ainsi Furie montre aussi bien le don de la nature à l'état brut, «la faculté de» que l'exploitation qui en est faite par l'homme. Au bout de cette équation anti humaniste et sombre, le résultat, Robin, est un monstre qui renvoie à notre propre monstruosité.
Étrangement, peut être guidé par des motivations plus autobiographiques (Voir bonus), De Palma fait le choix de ne jamais aller au bout de ses multiples discours. Aussi, Furie n'est au final qu'accessoirement un thriller, qu'accessoirement un film fantastique, et plus volontiers un terrain de jeux cinématographique où la forme, la grammaire et quelques ahurissantes figures artistiques (La fameuse scène de la course au ralenti) l'emporte sur tout, contre tout.



Le disque :

Carlotta offre à Furie une édition Bluray luxueuse qui devrait sans trop de mal pousser les cinéphiles à se séparer des éditions 20 Century fox jusqu'ici disponibles. Le film nous est présenté dans un master haute définition 1080/23.98p emballant (Niveau de détail parfois troublant, grain cinéma conservé) en dépit d'un peu de fourmillement sur les plans sombres. Le tout au format Flat 1.85. On a jamais  vu Furie dans d'aussi bonnes conditions. Rayon plaisir de la feuille, on retrouve le mixage 4.0 d'origine encodé en DTS-HD Master Audio (langue Anglaise) ainsi que des pistes DTS-HD Master Audio monophoniques en langue française et anglaise. ( Sous-titres français disponibles).

Pour prolonger ces 118 minutes de plaisirs cinéphiliques , le disque embarque une série de suppléments en HD :

- Une présentation du film par Samuel Blumenfeld

- Du sang sur l'objectif (26mn) : Un entretien avec le directeur de la photographique : Richard H.Kline

- Histoire de pivotage (13 mn) : Fiona Lewis revient sur son personnage

- Furie : Journal de tournage ( 48 minutes) avec Sam Irvin

- 4 entretiens d'époques (De Palma, Amy Irving, Frank Yablans, Carrie Snodgress)

- Double négative (Court métrage hommage à De Palma)

- Une bande annonce