On ne va pas se mentir... La simple évocation du mot «Found Footage» donne à tout cinéphile déviant digne ce nom une sensation vague, entre nausée et vertige. La perspective d'affronter quatre-vingt dix minutes de plans séquences au cadrage tremblotant et la soirée de migraine qui l'accompagne, l'exploration opportuniste et déraisonnable du film "perdu retrouvé" depuis le bucolique «Projet Blair Witch» nous a conduit là où le cinéma d'exploitation finit toujours sa course: encastré au platane du trop plein ou en panne sur la bande de l'indigestion fatale. Voilà peut être une des limite du cinéma bis. A chaque duplication, le concept s’altère, jusqu'au néant vidéastique, la neige et le bruit blanc. On est pas loin du fond, chantent en chœur et à chaque nouvelle plongée, presse et web spécialisés. L'iceberg du "Found Footage de Gueule" s'approchent en effet dangereusement de la coque. Mais rien n'y fait. Comme à la peu glorieuse époque du Torture Porn, cinéastes et producteurs entendent tirer jusqu'à la dernière cartouche, jusqu'à ce que la corde cède.
C'est dire si cette armée de Frankenstein se lance en terre cinéphilique hostile. Mais sentant sans doute qu'un énième FPS filmique ne suffirait pas à tenter un chaland devenu (crise aidant) sélectif, Richard Raaphorst a la bonne idée de courir un second lièvre. A savoir la seconde et très actuelle vague nazisploitative. On croyait le sulfureux exercice définitivement banni des écrans, son vocabulaire enfermé dans la cage de l'éros-svatika, partageant la cellule avec quelques autres bobines enterrées vivantes avec la dépouille de la VHS. Mais depuis Dead snow, et plus récemment avec Zombie Planet, Iron Sky, SS Trooper, l'exploitation graphique des symboles du troisième Reich va bon train. Le nazi, incarnation absolue du mal, concentré de vice, est-il en passe d'entrer tête baissée dans le bestiaire fantastique ? On reconnaîtra que sa simple présence suffit à rappeler comme le monstre est humain et à quel point l'homme est un monstre.
Nous voilà catapultés dans l’Allemagne de 1945, terre d'apocalypse souillée par la folie, pénétrée de toute part par des alliés guidés par la rage et la soif de revanche. Front nord, un bataillon de l'armée russe passe la frontière pour une mission de reconnaissance. Croyant capter un appel de détresse, les hommes font route vers la mort. Dans le plus grand secret, les nazis ont permis au docteur Vicktor Frankenstein, petit fils d'Henry de prolonger les travaux de son grand père. Profitant du chaos, d'un taux de morbidité sans précédent, ce cinglé entend donner la vie à une toute nouvelle race. Mi zombies, mi robot... ( Des zombots ou des rombzies, on vous laisse choisir) L'officier chargé de filmer cette mission de sauvetage ne tarde pas à découvrir que l'horreur sera son seul et unique scénario.
Bonne nouvelle, en dépit de son procédé éculé et de son concept gentiment compilatoire, le film de Richard Raaphorst parvient a définir une esthétique qui lui est propre. Apocalypse sous cloche, revenants biomécaniques, vision primitive, vintage et anarchique du cyborg. Le tout servi par un rejet clair et net de l'effet numérique. Le plus intéressant restant bien entendu la confrontation de ces «Monstres» à une humanité elle-même entre la vie et la mort . Bizarrement et bien que le scénario tente jusque dans son titre de construire une filiation entre cette balade morbide et la Prométhée moderne de Shelley, la thématique est éludée, ou plutôt réduite aux élucubrations de Vicktor Frankenstein. Une démonstration délirante trouvant son apogée dans une expérience inattendue. Réconcilier communistes et nazis en créant un être nouveau à partir de deux cadavres. La scène, craspec au possible assure un troublant spectacle... Tout en donnant un parfait résumé du film. Frankenstein's army se montre aussi graphiquement réussi, qu'il canarde à blanc.
Si les premiers symptômes d'allergie
au faux documentaire horrifique et aux jeux vidéos filmiques n'ont pas fait apparition, On vous conseille cette auto médication en provenance des laboratoires Entertainment One ( distribué par Wild side), pour le plaisir des yeux et du concept.
Le disque :
E-One offre à "Frankenstein's army" une jolie édition aux visuels aguicheurs, coiffée d'un sur-étui cartonné. Bien sûr, les efforts déployés pour donner à l'image un touche pellicule millésime 1945 ne permettent pas de tirer pleinement (du moins au sens où nous l'entendons ) partie de la haute définition. Le master 1080p/24 s'autorise un grain très visible et une colorimétrie vacillante. Un choix artistique qui participe toutefois à l'ambiance. Le disque embarque des pistes 5.1 française et anglaise en DTS HD. Des mixages corrects mais qui ne permettront sans doute pas de faire la démonstration de votre installation Home cinéma à votre cousin de passage. Dans le coffre à bonus, un making of d'une trentaine de minutes.
Un mini site pour tout savoir : http://www.frankensteinsarmy.fr/
Extrait :
Le disque :
E-One offre à "Frankenstein's army" une jolie édition aux visuels aguicheurs, coiffée d'un sur-étui cartonné. Bien sûr, les efforts déployés pour donner à l'image un touche pellicule millésime 1945 ne permettent pas de tirer pleinement (du moins au sens où nous l'entendons ) partie de la haute définition. Le master 1080p/24 s'autorise un grain très visible et une colorimétrie vacillante. Un choix artistique qui participe toutefois à l'ambiance. Le disque embarque des pistes 5.1 française et anglaise en DTS HD. Des mixages corrects mais qui ne permettront sans doute pas de faire la démonstration de votre installation Home cinéma à votre cousin de passage. Dans le coffre à bonus, un making of d'une trentaine de minutes.
Un mini site pour tout savoir : http://www.frankensteinsarmy.fr/
Extrait :