Haunter: Critique et test Dvd



Y'a pas à dire... Pour le cinéphile déviant, l’indécrottable explorateur des ruelles les plus sombres du septième art, l'année 2014 débute mieux que 2013 n'a terminé. Un Carpenter que l'on attendait plus chez Carlotta, une salve démente de Franco chez Artus et deux belles nouveautés chez Wild Side. De quoi nous faire oublier pour quelques heures le vieux dancing décrépi qu'est devenu notre petit hexagone, les vieux lustres qui s'y balancent et une chute sans doute à venir. Gageons qu'à force de révéler le potentiel insurrectionnel de notre beau pays, nous finirons par l’expérimenter.  Chronique d'un nouvel an à défaut d'un nouveau monde...


Entré dans l'histoire du cinéma de genre par un coup de poker que seul le cinéma indépendant peut encore se permettre (le paranoïaque , claustrophobe et existentialiste Cube), Vincenzo Natali a déjà confirmé à de multiples reprises tout le bien que l'on pensait de lui. Cypher , Splice, notre homme semble caresser l'objectif d'enfoncer le clou, sans hâte ni hype mais au contraire avec soin et sérénité.  Même si la froideur réservée de nos jours au cinéma fantastico horrifique conditionne désormais toute péloche de genre à l'exil vidéastique, ( Et oui, messieurs les exploitants, dès fois qu'il nous viendrait l'idée d'aller pisser sur vos sièges ou braquer le distributeur à friandises...) l'arrivée de son nouvel effort, éveille fatalement chez l'amateur éclairé, l’intérêt ou le plus simple des questionnements... Mr Vincenzo sera-t-il à la « Haunter ? » (Avouez qu'elle nous tendait les bras).


Attention cher amis, dans cette descente toute numérique et modestement littéraire, Ecranbis va tenter de slalomer entres les spoilers... Autrement dit, je tenterai ici de vous en dévoiler suffisamment, sans vous en dire trop. Vu « l'alambiquage » du script, le résultat n'est pas garantie. Sachez toutefois qu' il est ici question d'une gamine prise dans une boucle temporelle. Chacun de ses matins débute par le même appel de son frangin sur le même talky Walky, se poursuit par les mêmes repas, discussions et le même linge qui disparaît. Mais à la différence de sa famille, Lisa sait que quelque chose tourne en rond sans tourner rond. La maison familiale, entourée de brouillard du soir au matin cache un secret, quelques recoins oubliés et un occupant dont on préférait ne pas se souvenir. L'homme pale, guette ses faits et gestes, la traque jusque dans ses pensées. Un ghost movie classique me direz vous à la lecture de ce pitch (du moins de cette tentative de résume). Ce à quoi je ne pourrais que vous répondre : Tout faux.


Non Haunter est au moins autant une variation horrifique d'un jour sans fin, qu'un simple récit d'âmes perdues. Vincenzo Natali y passe le liane en liane, s'agrippant aux « Autres » de Alejandro Amenábar, pour se payer un croquemitaine sur lequel Wes Craven n'aurait sans doute pas craché. Les contours de son monstre à visage humain, campé par un Steve Mac Hattie en grande forme, ne sont en effet pas sans rappeler ceux d'un triste cramé aux griffes d'acier. Le versant onirique en moins, à moins justement de considérer le départ pour l'au delà comme une invitation à la sieste éternelle. Fausse joie de l'époque, le propos est plus composite que neuf. Haunter prend à droite et à gauche, twist dans sa première demi heure pour reprendre du poil de la bête. La bonne nouvelle c'est que l’effort de Natali ne cale jamais. Mieux, il finit par convaincre. Certainement plus par son ambiance « entre deux chaises », sa métaphore adolescente, son propos retenu et gentiment dérangeant , que par son maniérisme très numérique et ses arabesques filmiques « Plan plan ».


Ce n'est pas encore aujourd'hui qu'on criera au génie, à la paire de claque. Mais même borné dans la reformulation, Haunter (à ne pas confondre avec celui de Mac Carter datant de la même année) assure une jolie ballade dans la twilight zone.Il ne nous en faudra pas plus pour vous recommander chaudement le voyage...

 Le disque :

La galette argentée que nous avons déposée dans notre lecteur, nous permet une fois de plus d'écrire tout le bien que nous pensons de son éditeur. Un beau master dans son flat d'origine. Une piste anglais en Dolby Digital 5.1 et deux mixages français, le premier en DTS 5.1 le second en stéréo. Rayon en bonus, en plus d'une salve  de trailer à l'insertion du disque, vous aurez droit à un making Of de 17 minutes, une bande annonce et un joli menu en prime. Notez que le bluray est proposé au même prix. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire.


La bande annonce (VOST):