Présenté l'an passé au Festival de Cannes et discrètement sorti dans le crépuscule aoûtien, le «Magic Magic» du chilien Sebastian Silva (La Nana, Les vieux chats) tente un second tour de piste vidéastique. Wild Side Vidéo en proposera une édition DVD (Malheureusement pas de Bluray en vue) doublé d'une sortie VOD dans la première quinzaine de cette nouvelle année. Le chat sauvage ayant déposé une galette de test au pied de notre sapin , Ecranbis a pu faire le voyage... avec un peu d'avance.
Ne me demandez pas pourquoi ni
comment, le terme « Thriller » est devenu le joker de la
classification et des genres. Dans la grande et pénible valse des
étiquettes, tout cinéaste ayant la malencontreuse idée de tenter
le programme libre, finit par se faire ramasser le trophée qu'il n'a
jamais convoité. Disons-le donc ouvertement, Magic Magic
n'entretient avec le «Thriller» , voire avec l'épouvante et
l'horreur, qu'un lien distendu, pour ne pas dire fantasmé. Il y' a
d'abord et pour commencer, cette jeune américaine fragile campée
par Juno Temple qui rejoint dans les profondeurs de l'Amérique du
sud sa cousine Sara, étudiante expatriée. Puis, vient cette maison
au bout du monde, hors de portée d'onde, cette bande de copains dont
la somme de psyché martèle , avec hargne, le clou Sartrien sur la
planche de l'humanisme béat. Le petit ami immature, la colloc
psychorigide, le candidat au coming out et la cousine, elle même
aspirée par sa propre trajectoire.
La mise en équation humaine et psychanalytique ne tarde pas à se résoudre d'elle même. Déracinement culturel et barrière de la langue aidant, frappé de plein fouet par l'égoïsme ordinaire d'une jeunesse , elle même horriblement ordinaire. Les pensées d'Alicia trébuchent et la jeune fille glisse peu à peu dans un épisode paranoïaque puis schizophrène. Résumé ainsi, Magic Magic tiendrait d'un très classique drame , d'un voyage intérieur . Ce qui serait le cas si Sebastian Silva n'avait pas eu l'excellente idée de moins s'attacher à la déchéance de sa psychotique de service qu'à l'étonnant ballet de son entourage. Entre mains tendues et coup de poing dans le dos, la chute d'Alice aux pays des merveilles éclaire paradoxalement une insoutenable normalité. Les peintures s'effritent, les masques se fissurent, une fable anti humaniste se dessine.
Le discours est d'autant plus poignant que Silva utilise avec intelligence le contre emploi. Celui de Michael Cera (Scott Pilgrim, Supergrave) et Emily Browning (Sucker Punch), étoiles arrachées aux cieux hollywoodiens et ici catapultées dans les ténèbres. Le vocable cinématographique « très indé », voire gentiment « Arty », les arabesques filmiques résultantes, finissent de convaincre. Reste finalement l'épineuse question de l'intention , celle d'un réalisateur, invoquant Le locataire, Rosemary's baby et le cinéma épouvante. On est d'accord sur Polanski et le rapport au spectateur beaucoup moins sur le propos horrifique présumé de l’œuvre en question. Regardons les choses en face, Magic Magic n'est ni conceptuellement ni mécaniquement un film d'épouvante et borne son exploration du genre à quelques dérapage très maitrisé, voir à la citation.
On ressort toutefois de Magic Magic ébouriffé par son étonnante capacité à briser les codes du teen movie pour laisser apparaître, dans un si beau décors, avec de si beaux jeunes gens et aux yeux du monde, la fragilité, la laideur, l'indifférence et tout ce qui navigue en douce dans les profondeurs de l’âme humaine. La magie, promise deux fois par le titre, est peut être là !
Le disque :
Toujours aucun problème du côté des édition Wild Isde. Magic Magic nous est offert laceré par son scope d'origine ( 2.40) dans un master 16/9 agréable à l'oeil. On regrettera toutefois l'absence d'une édition haute définition. On imagine que l'état actuel du marché et le potentiel commercial du titre n'ont pas aidé, Côté son un mixage doubvlé français en Dolby Digital 5.1 et des doublages VOST DTS 5,1 et Dolby Digital sétéréo. Notons que la galette mebarque une bande annonce et un making of d'un gros quart d'heure. Le tout aux prix de 12€99.
La mise en équation humaine et psychanalytique ne tarde pas à se résoudre d'elle même. Déracinement culturel et barrière de la langue aidant, frappé de plein fouet par l'égoïsme ordinaire d'une jeunesse , elle même horriblement ordinaire. Les pensées d'Alicia trébuchent et la jeune fille glisse peu à peu dans un épisode paranoïaque puis schizophrène. Résumé ainsi, Magic Magic tiendrait d'un très classique drame , d'un voyage intérieur . Ce qui serait le cas si Sebastian Silva n'avait pas eu l'excellente idée de moins s'attacher à la déchéance de sa psychotique de service qu'à l'étonnant ballet de son entourage. Entre mains tendues et coup de poing dans le dos, la chute d'Alice aux pays des merveilles éclaire paradoxalement une insoutenable normalité. Les peintures s'effritent, les masques se fissurent, une fable anti humaniste se dessine.
Le discours est d'autant plus poignant que Silva utilise avec intelligence le contre emploi. Celui de Michael Cera (Scott Pilgrim, Supergrave) et Emily Browning (Sucker Punch), étoiles arrachées aux cieux hollywoodiens et ici catapultées dans les ténèbres. Le vocable cinématographique « très indé », voire gentiment « Arty », les arabesques filmiques résultantes, finissent de convaincre. Reste finalement l'épineuse question de l'intention , celle d'un réalisateur, invoquant Le locataire, Rosemary's baby et le cinéma épouvante. On est d'accord sur Polanski et le rapport au spectateur beaucoup moins sur le propos horrifique présumé de l’œuvre en question. Regardons les choses en face, Magic Magic n'est ni conceptuellement ni mécaniquement un film d'épouvante et borne son exploration du genre à quelques dérapage très maitrisé, voir à la citation.
On ressort toutefois de Magic Magic ébouriffé par son étonnante capacité à briser les codes du teen movie pour laisser apparaître, dans un si beau décors, avec de si beaux jeunes gens et aux yeux du monde, la fragilité, la laideur, l'indifférence et tout ce qui navigue en douce dans les profondeurs de l’âme humaine. La magie, promise deux fois par le titre, est peut être là !
Le disque :
Toujours aucun problème du côté des édition Wild Isde. Magic Magic nous est offert laceré par son scope d'origine ( 2.40) dans un master 16/9 agréable à l'oeil. On regrettera toutefois l'absence d'une édition haute définition. On imagine que l'état actuel du marché et le potentiel commercial du titre n'ont pas aidé, Côté son un mixage doubvlé français en Dolby Digital 5.1 et des doublages VOST DTS 5,1 et Dolby Digital sétéréo. Notons que la galette mebarque une bande annonce et un making of d'un gros quart d'heure. Le tout aux prix de 12€99.