Qu'on le veuille ou pas, Robot Jox
restera dans nos mémoires et nos cœurs de gosses, la bobine qui
précipita la chute de l'Empire Pictures. Un coûteux tournage
bicéphale entre Rome et le désert Californien (sept ou dix millions
de dollars selon les sources) aura raison des rêves de l'oscarisé
David Allen, du réalisateur star de la firme: Stuart Gordon et d'un
producteur à priori confiant. Dire qu'il fut un temps où Charles
Band annonçait fièrement dans la presse des effets visuels à la
hauteur de ceux de l'Empire contre-attaque. Évidemment, nous fûmes
loins du compte, si loin que l'on oublia un peu vite que l'opus 5 de
la saga Star Wars avait coûté à minima le double si ce n'est le
triple. Robot Jox était une superproduction certes, mais une
superproduction à l'échelle de l'Empire Pictures. D'ailleurs il
n'est pas rare de s'avouer entre cinéphiles de bonne compagnie, que
ce spectacle furieux et robotique, a rétrospectivement ses bonnes
pages, voir un délicieux arrière goût de nostalgie pré-numérique.
Dans la tambouille cinématographique
de Charles Band, rien ne se perd, tout se recycle et les géants métalliques du père Allen auront à nouveau droit d'imprimer les
écrans cathodiques dans des répliques vidéastiques ou pour le dire
autrement, des suites sympathiquement déconnectées. Ainsi, à
l'heure de la Full Moon et des contrepétries tentantes (Full Moon ,
Moule foune... ne me dites pas que vous ne l'avez pas déjà faites
!), la bataille de robot redevient d'actualité. Preuve en est la
douce année 90 qui voit Synthoïd 2030 aka Crash and Burn (Aussitôt
retitré Robojox 2 chez nos cousins de Pologne) s'installer sur les
linéaires de vidéoclubs. Trois ans plus tard, rebelote avec Robot >ars qui sera également retitré Robojox 2 mais cette fois ci en
Allemagne. (L'Europe, c'était pas encore gagné). Sans oublier un plus
distant mais néanmoins rigolard Robo Warriors qu'on nous a un temps
présenté comme le troisième opus d'une franchise qui n'en était
pas une. Une maman robot n'y trouverait pas ses petits...
Mais revenons à nos moutons et à ce «Robot wars» que l'éditeur Londonien 88 Films a accroché ce mois ci à son tableau de chasse. Nous voilà propulsé, tête en avant, corps en torpille en l'an de grâce 2041, après trente interminables années d'une guerre mondiale et dévastatrice. Les Mega-Robots qui jadis s'affrontaient sur les champs de bataille sont devenus des attractions à touristes et l'on embarque désormais à leur bord comme on loue une Rosalie au Grau du Roi. Lors d'un périple dans le désert nucléaire, le MRAS 2 est attaqué par les Murdaggians, une groupe de terroristes ultra violents qui entreprennent de détourner la machine Mais son pilote, Lane Drury ne l'entend pas de cette oreille. On ne vous le cachera pas plus longtemps, le scénario de «Robot Wars» apparaît aussi vague que les étendues désertique qu'il traverse. Tout est ici prétexte à une aventurette sci-fi, gentiment post apocalyptique, caviardée de séquences robotiques animées image par image.
Malheureusement, le budget, ostensiblement limité,
permet peu ou pas grand chose. Autrement dit, les fulgurances «Stop
Motion» sorties des studios David Allen, manquent précisément de
fulgurance. On reconnaîtra toutefois que ce mode d'animation permet
d'atteindre (paradoxalement par le manque de réalisme induit par la
technique, nous en avions déjà parlé dans ces colonnes) une
certaine forme poésie visuelle littéralement absente des effets visuels derniers cris. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Albert Band parvient à dérouler un récit minimaliste mais bizarrement efficace dans lequel le spectateur nourrit aux bandes VHS
embarquera sans trop se poser de question. (Il ne vaut mieux pas
d'ailleurs) . Pas dit que les jeunes générations y trouvent leur
compte mais la touche gentiment «Outdated» des 72 minutes
résultantes devrait ravir ceux qui comme moi, ont torpillé quelques
soirées des 90's dans l'exploration d'un imaginaire «made for
vidéo». Nostalgie quand tu nous tiens...
Pour ne rien gâcher, la sublime Barbara Crampton, reine hurlante de la maison Band, révélée par le non moins sublime «ReAnimator» de Stuart Gordon, promène sa blondeur et son air de ne pas y toucher sur les falaises du culte. C'est dire si ce disque convoque en mémoire de délicieux et mouates souvenirs.
Le disque :
88 films nous permet de jeter un oeil à «Robot Wars» dans une copie au format 1.33 4/3 de qualité honorable. Le tout est accompagné d'un seul et unique mixages Dolby Digital stéréo en langue anglaise. Pas de sous titres disponibles mais un numéro de Vidéozone dans lequel on peut découvrir quelques images du tournage, le trailer et une salve conséquente de bandes annonces des titres à venir chez 88 Films. (Et il y a du bon !) . Notons enfin que la jaquette est réversible et permet de retrouver à l'envie les visuels originaux. Y'a bon !