Sharknado: critique et test Bluray



Après s'être payé un buzz d'anthologie chez nos cousins d'Amérique, les squales volants de Sharknado viennent roder près des côtes vidéastiques françaises. Au menu, des édition DVD et Bluray estampillées «Free Dolphin», du vent, de la pluie, de l'humour mordant, une double dose d'effets numériques bon marché, et Tara Reid... ou ce qu'il en reste. Pour savourer cette soupe de poissons aussi filmique que discount, les frenchy devront patienter jusqu'au 18 février prochain. Mais, pour vous, Ecranbis.com relève les filets avec une écaille d'avance... 


Je veux bien que ceux qui ont usé fringues et futales sur les fauteuils cradingues du Brady nous expliquent que le cinéma d'exploitation est mort, emporté à jamais dans la tombe du drive-in US, du cinéma de quartier ou du vidéo clubs. Il n'est certes pas question ici de comparer l'âge d'or du Bis rital ou du cinéma fantastico-gothique aux flots d’œuvrettes numériques et cheepos qui rebondissent dans nos platines pour finir leur course encastrées dans le mur de l'audimat, comprendre sur les secondes parties de soirée de la TNT. Mais plutôt de constater qu'en dépit de l'inexorable déclin du DVD en qualité de support, l’extrême frilosité des acquéreurs, une production fantastique existe encore... aussi mièvre soit-elle. Parti en trombe sur les rails posés il y a plus d'une décennie par Nu Image, UFO Films ou encore Cinetel, The Asylum assure désormais le spectacle vidéastique pour cinéphiles un peu barges et pas trop exigeants!


La firme qui s'est d'abord fait connaître par ses mockbusters et récusées parodico-opportunistes s'est même fait une clientèle auprès des amateurs de nanars rutilants. Elle lorgne en effet sur le concept movie : affrontement titanesque de Mega Machin contre le poulpe géant, requins à deux têtes (réalisé par Christopher Ray, fils de Fred Olen Ray) et pluie de poiscailles. La recette maison n'a ni changé d'un poil, ni d'une écaille. La firme californienne assume tout. Mieux, sublime ses propres carences budgétaires, le bad acting qui traverse ses œuvres, comme son usage immodéré de l'imagerie numérique low cost. Sharkando est donc un simple produit de série, appelé à être diffusé en avant première sur la chaîne américaine Syfy puis à connaître une seconde vie à dos de galettes argentées. 



Le premier contact avec le public US a d'ailleurs des airs de douche froide. Le film de Ferrante ne réunit que 1,37 millions de téléspectateurs mais va connaître un buzz phénoménal sur Twitter, obligeant Syfy a le reprogrammer une semaine plus tard. La campagne de publicité gratuite offerte à nos requins voltigeurs par les twittos américains porte ses fruits. L'audience de la chaîne augmente de 38 % par rapport à la première programmation. Rediffusé à la fin du mois pour la troisième fois, Sharknado franchit la ligne des 2,1 millions de spectateurs et devient la production «Syfy Original» la plus vue de l'histoire. On raconte que 300 000 tweets ont été échangés lors des diffusions. Soit 5000 tweets par minute. Face à ce succès improbable, notre bobine aura même droit le 2 août à une programmation spéciale lors d'une séance de minuit dans plus de 200 salles de cinéma sur le territoire US. Fatalement ce succès inattendu a éveillé la curiosité de ce que la France compte de bissophiles. 


 Une tornade née dans l'océan Pacifique s'abat sur la Californie, projetant dans les airs et sur les pauvres habitants une pluie de prédateurs à ailerons. La simple lecture de ce pitch hautement improbable donne le thon et la banane. Sharknado, nanar culte instantané, excroissance délirante des dents de la mer et de Twister est le prototype même des productions de l'asile. Une œuvre stupéfiante dans tous les sens du terme, emballée en 18 jours par Anthony C. Ferrante, spécialiste des effets spéciaux (Faust, Progeny, le dentiste, Arachnid, Wishmaster 2) et déjà auteur de quelques «joyeusetés» pelliculaires ( Terror hospital, Headless Horseman).


 Évidemment, pour goûter à ce genre de plaisir oculaire jusqu'au-boutiste et déconneur, le spectateur est prié de laissé son cerveau au vestiaire ou en vacances, de ne pas trop en demander en terme d'imagerie digitale (Quoique que quelques séquences sont surprenamment bien torchées) et de miser sur son propre sens de la dérision. Reste à déterminer ce qui a, dans ces quelques 84 minutes, déclenché un tel ras de marée numérique. Ecranbis.com botte en touche puisque le film de Ferrante s'inscrit dans la pure tradition des gloumouteries vidéastiques auxquelles la production US en général et The Asylum en particulier,  nous a habitué. Ni plus ni moins fun que Megapiranha , Sharknado a donc surtout le mérite de mettre en lumière ce nouvel ADN du cinéma d'exploitation. Une suite serait déjà en chantier, d'ici là, évitez les orages … 


Le disque :


Free Dolphin offre à Sharknado un gilet de sauvetage haute définition techniquement plaisant.  Le film y est présenté dans format 1.77 d'origine, accompagné de mixages AC3 Dolby Digital en langues anglaise et française , ainsi que de sous titre français. Dans la cale aux bonus: Un making of, un bêtiser et une bande annonce. 19€99 dans toutes les bonnes poissonneries.