Vous avez cherché les vierges dans «Vierges pour le bourreau» ? Vous avez cherché les morts vivants dans le cimetière des morts vivants ? Rassurez vous, il y a bien une madame Morgane rancunière dans "La vendetta di Lady Morgan" de Massimo Pupillo. Ce petit chef d’œuvre, invisible ou presque, du cinéma fantastico-gothique italien se voit offrir en exclusivité mondiale, que dis-je galactique, un écrin vidéastique par Artus films. Une galette à se coincer d'urgence dans la platine (et non dans la copine, quoique au fond... vous pouvez aussi mettre l'Amaray si ça rentre) sous peine de passer pour le pire des caves. Une chronique de l'Ecranbis.com s'imposait !
Planqué sous le pseudonyme de Max Hunter ou cédant la paternité de son labeur à Ralph Zucker, Massimo Pupillo fait en 1965 une entrée fracassante, que dis-je, tonitruante, dans l'histoire du cinéma fantastique européen. Une année, trois films : 5 tombe per un medium (Le cimetière des morts vivants), Il boia scarlatto (Vierge «Mon cul oui !» pour le bourreau) et La vendetta di Lady Morgan avant de suivre au galop la diligence de l'italo western avec Bill il taciturno (Django le taciturne). On soufflait à nos oreilles que l'homme n'avait pas gardé de souvenirs mémorables de son passage dans l'arène du cinéma commercial, l'interview supplément qui est proposée par l'éditeur dans cette édition DVD enfonce le clou dans le cercueil. Le brave Massimo n'a vraiment que faire de ces quelques piles de bobines déviantes mais apparaît littéralement intarissable lorsqu'il est question d'aborder sa véritable passion: le documentaire. Voilà qui nous change des featurettes auto promo qui squattent les galettes des productions US à la mode. Mais voilà également de quoi nous poser quelques questions sur notre rapport au cinéma et sur les rapports des cinéastes à leur propre œuvre.
Dans un coin perdu de l'Angleterre où l'on parle couramment italien, Susan Helen Blackhouse, brunette incandescente et pauvre petit fille riche ouvre ses pétales à un bourdon désargenté mais propre sur lui. Pierre Brissac (encore une histoire de cheminée ?), butineur prodige et français (Forcément !), rappelé à Paris, s'apprête à rejoindre, dard en avant, la mère patrie. Mais au moment de tourner la page de cette idylle de vacances, le sang et les hormone de Susan ne font qu'un tour en lui frôlant le pompon. Oubliant qu'elle fut en d'autre temps promise à un écossais d'origine suisse, Harald Morgan (Paul Muller), elle décide d'officialiser son union avec Pierre. Manque de bol, le frenchy est victime d'un curieux accident de Ferry boat. Son amoureux passé par dessus bord, porté disparu en mer, et son prénom ne laissant de surcroît guère d'espoir sur une éventuelle chance de flottaison, Susan n'a d'autre choix que d'accepter les avances de Sir Morgan. Mais ce dernier à déjà une autre lune à décrocher.
Il renvoie la gouvernante du manoir, prétextant que cette dernière ait signifié l'envie de réfugier dans l'Essex (Arrrr la vilaine, un seul ne lui suffisait pas), et la remplace illico presto par Erika Blanc, pardon la perfide Lilian. Malheur ! Un horrible piège vient de se refermer sur la jeune femme, encore tout étourdie par la disparition de son cher et tendre. Hypnotisée par Lilian et manipulée par Harald, Madame Morgan dévale les escaliers de la raison en prenant soin de goûter à chaque marche. Un serpent en caoutchouc frétille dans son lit, d'effrayant cris d'agonie retentissent dans les couloirs de la bicoque et au sommet de ses crises hallucinatoires : Gordon Mitchell en personne fouette son oncle à la cave. C'est dire ! Pour échapper à ses démons, Susan s'essaye au saut de l'ange et se qualifie haut la main pour la finale. Mais, Harald et Lilian qui viennent de prendre possession du pécule de la défunte ignorent encore que les brunes, même refroidies, ne passent pas pour des burnes. La gamine n'a eu le temps d'essayer sa robe de spectre qu'elle compte déjà en découdre.
On m'avait prévenu... Attention Pedro, Lady Morgan, c'est un peu mou du calbute. Une façon détournée de dire que n'est pas Clara qui veut ? Je m'inscris cependant en faux puisque ce «Pupillo» est un vrai petit plaisir... à l'esthétique soignée et aux plans beaux comme la mort. Un met oculaire délicieux qui décompose son propos en deux récits… successifs. Le premier, terre à terre, peint les contours d'une machination diabolique. Les méfaits d'amants démoniaques, âmes perdues ayant cédé à l'appel de l'or et de la chair, du luxe et de la luxure. Le second arpente sans faire de pause les falaises du mont fantastique... à grands coups de flashback, ce qui ne favorise pas vraiment la compréhension mais confère à cet attendu retour de boomerang une originalité certaine. Au menu : Spectre souffleur de bougies, Poltergeists vengeurs, tombes fumantes et en bout de course une main aux fesses du vampirisme ! Le tout emballé avec ce qu'il faut de retenue voire de classicisme.
Cerise sanglante sur ce gâteau gothique, un échantillonnage de gueules illustres : Paul Muller, Gordon Mitchell, Erika Blanc et une Barbara Nelli belle comme un c...oeur. Bref, La Vendetta di Lady Morgan … C'est bien, c'est très bien même, N'attendez donc pas plus longtemps, vendez votre femme, louez votre chien, faites leur sauter un repas sur deux, saignez vous à blanc, mais dieu du ciel, achetez le DVD. C'est la galette du mois !
Le disque :
La bonne nouvelle de cette fournée Artus, c'est que nous avons droit à des copies superbes. La Vengeance de Lady Morgan nous arrive dans un master noir et blanc emballant au format d'origine 1.85, accompagné du mixage italien et de sous titres français. Dans le cimetière à suppléments, quelques croustillants documents destinés à prolonger le plaisir du visionnage. Les fantômes de Massimo,une présentation du film par Alain Petit. (On en rajoutera pas car chacun sait qu'on est ultra fan du monsieur). Deux entretiens, le premier avec Paul Muller, le second avec Massimo Pupillo. Pour le même prix, un diaporama d'affiches et de photos, ainsi que les traditionnelles bandes annonces.12€90 sur Artusfilms.com