Hammer, la maison de tous les cauchemars : critique et test DVD


Sortie en 2004 chez Studio Canal, puis en 2006 chez WE & co, La maison de tous les cauchemars aka Hammer house of horror, revient hanter les téléviseurs français en 2014 avec un coffret 5 DVD estampillés Elephant films. Pour la première fois, les 13 épisodes composant la série seront disponibles en français et anglais sous-titré, dans des copies restaurées en sus. Une occasion rêvée pour les complétistes de parfaire leur collection Hammer à moindre coût puisque la chose est disponible à un prix très abordable (sous la barre des 40 euros).



A la fin des années 50, La Hammer films arrache un curieux bestiaire aux griffes des géants américains. Rejetons de la science ou folklore, monstres verdâtres, suceurs de sang, momies enrubannées caracolent sur les écrans et permettront à la firme anglaise de régner sur les terres sombres du cinéma de genre. La recette fantastico-gothique, ses illustres artisans, ses indétrônables gueules (Lee, Cushing …) seront exploités jusqu'à l'ivresse et pratiquement jusqu'au dernier spectateur. Le renouveau du cinéma d'horreur américain à la fin des sixties et au début des seventies, n’altérera nullement l’appétit du studio qui continuera à exploiter coûte que coûte son miraculeux filon. L'érotisme et le gore s’inviteront au banquet mais ne parviendront pas à maintenir l’intérêt du public pour le sous genre gothique. Après une décennie de dégringolade qualitative, la Hammer abandonne les salles obscures et tente sa chance sur de plus petits écrans.


Elle s'associe à Cinema Arts International et ITC Entertainment en 1980 pour mettre en chantier une série horrifique de 13 épisodes qui seront diffusés sur la chaîne britannique ITV à partir de l'automne 1980 et ce jusqu'aux fêtes de fin d'année. Le programme débarque en France trois ans plus tard sur FR3 et sera rediffusé en 1989 sur feu La Cinq puis dans les années 90 sur M6 dans le cadre des fameux «jeudi de l'angoisse». Étrangement, Hammer house of horror s'écarte quelque peu du sillon tracé par la firme. La charge gothique y est pratiquement occultée au profit d'un ton résolument plus moderne et réaliste. La série embrassera l'étrange, le mystère, l'absurde et le morbide à la manière d'un autre feuilleton britannique à succès : Tales of the Unexpected diffusé sur ITV à partir de 1979. Ce, avant de faire le bonheur des téléspectateurs français sous le retitrage doublement étrange: «Bizarre Bizarre».

Les deux séries s'inscrivent en fait la tradition de l'anthologie fantastico horrifique. C'est à dire dans la lignée de The twilight zone (La quatrième dimension 1959-1964 ),The Outer Limits (Au delà du réel 1963-1965). Deux programmes eux même très influencés par la série noire Alfred Hitchcock présente, diffusée avec succès sur CBS au milieu des années 50. Peu importe les runtimes (25 ou 50 minutes), le flirt avec l'imaginaire ou le morbide, le concept reste immuable. Chaque épisode délivre un conte indépendant à la chute inattendue. Le format traversera d'ailleurs les âges, pour tourner quelques unes des plus belles pages du fantastique sur petit écran (Le voyageur, Histoires fantastiques, la coûteuse série de maître Spiel , Tales form the crypt, The new twilight zone, Masters of horror...). Tales of the Unexpected s'accrochera aux grilles de programme d'ITV neuf saisons durant, Hammer house of horror connaîtra dans son pays d'origine un succès, nous dit-on, plus relatif. La production s’arrête après 13 épisodes mais renaîtra de ces cendres pour une nouvelle tentative cathodique avec Hammer House of mystery and suspens en 1984.

La marque des fidèles artisans de la Hammer, Robert Young, Peter Sasdy, Alan Gibson, Peter Cushing n'aura donc pas suffi à re-installer le studio dans le cœur de fantasticovores s'attendant certainement à voir Dracula et Frankenstein imprimer la petite lucarne. Si elle n'est pas le produit escompté par les fans, Hammer House of horror n'en est pas moins une anthologie horrifique télévisée joliment exécutée qui a su tirer profit de la patine du temps. Sorcières, loup garou, cannibales mondains , fantômes, maison hantée se croisent et recroisent dans l'Angleterre des années 80. Bien que très télévisuel dans sa forme (comprendre que nous sommes plus dans la mise en scène fonctionnelle que dans la fulgurance esthétique et stylistique), La maison de tous les cauchemars offre quelques belles saillies en territoire fantastique, le ton très « british » en prime

C'est dire si cette ressortie constitue une excellente nouvelle pour les Hammer addict et les amateurs d'étrange passés à côté des discrètes diffusions françaises. D'autant plus, encore une fois que l'éditeur a décidé de ne pas proposer la vente de disques au volume mais sous la forme d'un coffret unique à prix correct, avec les pistes originales anglaises sous-titrées ce qui n'était pas le cas des précédentes éditions. Hautement recommandé !




Le coffret:

Hammer, la maison de tous les cauchemars nous arrive dans un beau coffret composé de cinq dvd zone all et d'un livret de 8 pages rédigé par les mains expertes de Victor Lopez. Ces 700 minutes de cauchemars sont présentées dans leur format d'origine 1.33 4/3. Dans la cave aux bonus, une belle présentation (22 minutes) par Alain Schlockoff, des bandes annonces et une galerie d'images.