Le cirque des vampires : critique et test Bluray


Dans les tranchées du cinéma de genre, les pieds dans la boue numérique, Ecranbis.com résiste depuis bientôt quatre années aux assauts d'éditeurs insistants. Ça mitraille des galettes à droite, ça joue des grenades vidéastiques à gauche. Les DVD sifflent à nos platines, mais hors de question de se rendre ou de courber l'échine. A chaque balle perdue nous répliquons sans sommation d'un review vengeur. Œil pour œil, dent pour dent ! Dans cette bataille cinéphilique, les échanges de tirs du jour se concentrent sur une cible presque culte: « Le cirque des vampires ». Une production Hammer qui aura l'honneur de faire le 6 mai prochain un nouveau tour de piste, et en haute définition s'il vous plaît.
Nous y revoilà... aux débuts de ces fameuses seventies, préambule à ce qu'on qualifie de crépuscule qualitatif du cinéma gothique anglais. Il n'est pas question de discuter le terme ou l'analyse mais simplement de nuancer le constat. Je préférerai en effet et plutôt que de jouer les "déclinologues" inspirés voir dans la production de l'époque une certaine continuité, un jusqu'au-boutisme contrarié par l'air du temps. La modernité du fantastique américain dans son fond et sa forme, l'incapacité au renouvellement tonal, l'essoufflement de thématiques phares. Et en arrière pensée, un truisme carabiné: n'est pas Therence Fisher qui veut. C'est d'ailleurs un cinéaste débutant qui se retrouve à la barre de ce «Vampire Circus»: Sir Robert Young.

Et d'entrée, la tonalité déviante de l’œuvrette est donnée. En l'an 1810, quelque part dans la campagne yougoslave, Anna, la femme d'un instituteur entraîne sa propre fille dans le château de son amant. Une créature de la nuit  d'apparence humaine portant les titre et nom de Comte Mitterhouse. Alors que la bête, canines à l'air, s’apprête à consommer la gamine, Anna qui a visiblement tiré une croix sur toute forme de moralité, frôle l'orgasme. Pendant ce temps, son mari, en digne représentant du corps enseignant (et non du corps des enseignantes), éduque le petit peuple sur les comportements outrageux du noble assassin. Si bien que la foule part, fleur en bout de fourche prendre d'assaut cette bastille de l'amour. Y'a pas à dire ces instits, tous des gauchistes révolutionnaires ! 


Le vampire Mitterhouse empalé, mais encore en capacité de nuire, promet à ses hôtes qu'une terrible malédiction s'abattra sur le village, que les enfants de ceux qui lui ont ôté le souffle laveront l'affront d'une éponge imbibée de leur sang. Suite à ce discours de politique (comprendre plein de promesses) on convient de mettre le feu à la bâtisse dans un double espoir, celui de prohiber tout retour du démon mais également d'effacer toute trace de cette servitude passée. Son amante est promise à la flagellation. Trompé jusqu'à l'os, cocu magnifique, Albert le maître d'école n'y consent point. Est-ce le souvenir de quelques coïts heureux ou l'expression d'un pseudo et pesant humanisme de pacotille ? Profitant à nouveau des faiblesses de cet intellectuel niais, Anna court rejoindre la dépouille de son amoureux à dents longues, quitte à promettre les flammes à son joli popotin. Quelle salope, non ?

Quinze années plus tard, une terrible épidémie s'abat sur le bled. On y trépasse à la chaîne sous les yeux impuissants de intelligentsia locale: Maire, instituteur et toubib. Les bourgades voisines soucieuses de voir la contagion s'étendre ont érigé des barrages et l'on tire à vue sur quiconque a la mauvaise idée de s'essayer au tourisme. Pourtant le village coupé du monde reçoit une bien étrange visite. Celui du "Cirque de la nuit". Les habitants ayant échappé à la maladie se pressent au spectacle, comme pour oublier le temps d'un tour de voltige, la fièvre mortelle qui les guette. Mais jour après jour, disparition après disparition, les artistes voyageurs deviennent la cible de toute les suspicions.

Alors attention, sous ces airs de petite ballade tranquille et exploitative sur les sentiers du cinéma gothique anglais, «Le cirque des vampires» s'offre quelques savants et savoureux dérapages. Quelques incartades gores, têtes coupées, machées... et un penchant à peine voilé pour l'érotisme. Libertaire, le film de Young ne l'est pas uniquement dans sa capacité à exposer le buste de jeunes demoiselles hypnotisées et volontaires à la prise de sang, «Vampire Circus» prend également quelques libertés avec le mythe du vampirisme. On savait le suceur de sang animorphe mais l'on croyait ses talents de transformiste limités à l'imitation de la chauve souris. Ici, Emile, cousin lointain du comte Mitterhouse (et peut être du chanteur Cali pour le nihilisme capillaire) semble avoir la capacité de se transformer en panthère. Quoique le phénomène soit systématiquement éludé par Young, faute de moyen ou de volonté. Le saura-t-on un jour ?

On se délectera également de la peinture au vitriol d'une élite locale incapable de faire face, un équipage de beaux parleurs dissertant sur la couleur de l'Iceberg fraîchement percuté. Heureusement, l'amour et la jeunesse triomphante auront raison du mal comme de la nullité intrinsèque de cette aristocratie auto proclamée. Comme quoi, tout espoir n'est pas encore perdu. Courage mes frères, le bout du tunnel n'est peut être pas si loin.


Le disque :

Elephant films livre "Le cirque des vampires" dans un beau combo Bluray + DVD, coiffé d'un sur étui cartonné. Nous avons droit à un master HD honorable et une copie restaurée, le tout au format 1.77,  accompagnée d'une piste française et d'une piste anglaise sous titrée en français s'il vous plait. L'édition a la qualité  de proposer un décryptage du film par le rédacteur de l'Ecran Fantastique,  Alain Schlockoff en personne ainsi qu'une galerie d'images et des bandes annonces.



Commandable sur amazon.fr au prix de 19€99  comme sur le site de l'éditeur :elephantfilms.com