Lovelace : Critique et test DVD



Qui l'eût cru, Millenium films, branche friquée et «propre sur elle» de la «Nu Image» se penche sur la fesse cachée du cinéma X des seventies. Au menu un biopic sulfureux accroché aux brailles de l’Amérique interdite, une étreinte pelliculaire dans les draps de Linda Lovelace et une pluie de galettes estampillées France Télévision Distribution (Sortie nationale DVD et Bluray le 14 mai). Ecranbis.com qui n'a pas les yeux dans la gorge, réplique d'une chronique profonde.


Sorti en douce et en début d'année dans les salles les moins éclairées de l'hexagone, «Lovelace» fut accueilli sans la moindre surprise avec un snobisme d'usage et une élégance intellectuelle très française, comprendre relative. Les plumes hautaines de la presse pas toujours bien spécialisée s'essayèrent donc aux cris d'orfraie : Trahison ! Trahison! Tentant en vain de nous faire avaler (pardon du peu) que «Deep Throat» fut devenu, du jour au lendemain, leur film de chevet, et la belle Linda, leur icône. Sans doute soucieux de se réserver une place au panthéon du ridicule, les champions du hold-up culturel crurent nécessaire de traîner le doublement oscarisé Rob Epstein et Jeffrey Friedman, dans la boue.


A leur décharge, Il faut dire que Linda Lovelace est entrée dans la pop culture par le haut (du corps) , en qualité de flûtiste prodige et de première étoile de la porn industry. Distinction qu'elle partagea d'ailleurs avec une certaine Marylin 'derrière la porte verte' Chambers. Son destin la poussera à rejoindre l'autre rive, celle du repentir. Gorge profonde, récupéré par les mouvements féministes, militera contre l'industrie qui l'a vu naître, brouillant un peu plus les pistes. Lovelace, symbole de la libération sexuelle ? De l'apparition du kinky chic ? Du combat féministe et de l'anti porno ? Mythomane carabinée ? A cette question Epstein et Friedman se refusent à répondre. Lovelace est un trait de destin... sur une page blanche. Évidemment, pour nos amis de la haute critique, fidèles clients du Tricatel Hollywoodien et du pré mâché analytique, la pilule est dure à avaler. « ce n'est pas écrit comme ça dans Wikipedia » s'exclament certains en pointant du doigt le caractère elliptique assumé de l'effort. 

 
Pourtant, le propos de Lovelace ne ferme aucune porte, il glisse entre les mains, comme le temps qui passe. Le destin d'une gamine prise dans le tourbillon de la violence conjugale, puis de la passe en hôtel et du cinéma pour monsieur esseulé. Un retour de l'enfer... Pour ne pas dire une renaissance. La charge féministe, attendue au tournant, ne viendra pas. Le doigt pointé sur le sulfureux commerce pelliculaire érotique non plus. Et c'est mieux ainsi. Lovelace, bobine bien nommée ne parle que de Lovelace, de la femme et non du (des) symbole(s). La forme, pas si loin du fond d'ailleurs, se joue du temps et des points de vues . Aller et retour sur la croisette du destin. Mais on y déshabille surtout la starlette avec pudeur... Expression précieuse du respect. 

 
Non, l'effort d'Epstein et Friedman n'est pas le film de l'année, ni même celui du trimestre, mais les qualités précitées, doublées d'un casting «haut de gamme» en font une péloche plus subtile qu'on a bien voulu l'écrire. Il n'est pas interdit de compléter son visionnage par celui d'Inside Deep Throat, documentaire édité en DVD en France il y a déjà quelques années. Avis aux amateurs.

Le disque :
France Télévision nous livre « Lovelace » dans une bel écrin argenté au format 1.77 16/9 accompagné de pistes françaises et anglaise sous titrée. Dommage que le disque fasse l'impasse sur  toute forme de supplément.