Evil Toons : Critique et test DVD


Au carrefour du fantastique, une galette peut en cacher une autre. Sur le palier de juin, alors que la France, entre sueurs froides et suées chaudes, goûtera à un plaisir «FredOlenRayen» jusqu'ici défendu (l'inénarrable Hollywood Chainsaw Hookers), une autre péloche du prince de la VHS suivra, gueule ouverte, le navire. Accrochez-vous aux lianes de la raison, Evil toons fait route vers nos rivages à dos de crocodile... Une question en bandoulière : Avez-vous peur du diable ?



Coproduction de l'Amblin et de la Touchstone filiale «adulte» des Studio Disney (Appréciez les guillemets), prototype du film intergénérationnel et fatalement à double discours, «Qui veut la peau de Roger Rabbit ?» gravit au cœur de l'été 88  les marches du box office US, sous le regard, pour une fois, bienveillant de la critique. Vingt quatre années après les exploits musicaux de Mary Poppins, cinéma d'animation et prise de vue réelle s'enlaçaient de plus belle. Une valse satirique sous une pluie de dollars. Concept qui devait fatalement connaître une descendance dans le New Poverty Row, cet Hollywood nécessiteux et ressuscité par l'avènement de la home vidéo.



 La légende raconte que le brave Olen Ray couru, scenarii à terre jusqu'aux bureaux de Roger Corman, assurant à qui voulait l'entendre qu'il pourrait emballer la chose pour la modique somme de 250 000$. Le producteur qui n'eut pas toujours du nez (Faut-il le rappeler ?) douta de la faisabilité de l'exploit au point d'en décliner l'aguichante proposition. C'était bien mal connaître l'entêtement du cinéaste, qui partit tourner dans son coin en boudant, et pour 110 000 billets de moins, l'incandescent chef d'œuvre. Évidemment à ce niveau d'investissement, le monstre cartoon promis par le script est appelé à une discrétion certaine. Et pour tout dire, il n’apparaît même qu'à deux reprises, contraignant Fred Olen Ray au subterfuge narratif. Dans ce récit «Evildeadien», le mal voyagera , faute de billet vert, en classe économique, c'est à dire de corps en corps.



«Naked women are the cheapest special effects»... Littéralement « Les femmes à poil sont les effets spéciaux les moins chers.» On attribue souvent et à tort la formule à Jim Wynorski. Rendons à César ce qui lui appartient. Elle fut originellement prononcée par Ray dans un interview pour la presse américaine. Et il n'existe peut être pas de meilleure façon de synthétiser le propos d'Evil Toons. Faute de pouvoir convoquer en son plateau le gratin de l'effet visuel, le beau Fred braque sa caméra sur quelques moules déjà ouvertes. Monique Gabrielle, Fleur du Missouri qui fit les belles pages de Penthouse, Playboy, Lui, tout en apparaissant dans de petits rôles ci et là. Elle joue ainsi les effeuilleuses dans Flashdance, elle s'offre à Tom Hanks dans «Le palace en délire». Elle aurait nous dit-on acquis le sulfureux statut de Scream queen au prix de quelques entrées fracassantes dans l'univers de Wynorski mais son véritable fait de gloire restera, sans discussion possible, le cinquième volet des aventures d'Emmanuelle, où elle tiendra le rôle titre d'une main et vous savez quoi de l'autre.


On y admire également la plastique et le mordant de Madison Stone, une poupée qui fait oui, 140 « porn movies » au compteur. La belle n'était pour ainsi dire plus à une cochonnerie près. Non contente d'avoir gravé son nom dans la mémoire de quelques générations d'apprentis vicieux, elle tatoue désormais avec succès. Du tour de bras à tour de bras. Sa boutique sur le Magnolia Boulevard «Madison Tatoo» est, nous dit-on, un must see de la fesse cachée d'Hollywood. N'oublions pas Barbara Dare (et non Derch... quoique), autre Stakhanoviste de la fesse moite, dont la carrière fut commise sous divers pseudonymes (Kimberly Pare, Stacy Nix, Babra Dare) et même Kim Wild (Hommage ou avertissement, le sera-t-on un jour ? ). Impossible, bien sûr impossible, de ne pas mentionner le caméo de Michelle Bauer, clin d'oeil d'un battement de cil à «Hollywood Chainsaw Hookers».

 Ex fan des sixties, Fred Olen Ray connait le métier comme sa poche et le tarif d'une star à la journée. Deux vieux coqs célèbres viendront donc garder les poules et garnir l'argumentaire commercial de cette ponte cinéphique. David Caradine et Dick Miller (La présence de ce dernier autorise d'ailleurs un drolatique hommage à « Un Baquet de sang ») . Le visionnage de cette sympathique série B des 90's , appartenant dans la facture et l'esprit à la décennie précédente , est recommandé par la maison...






Le disque : 

Cette édition française nous permet de découvrir "Evil Toon" dans un master  16/9 qui n'a comme on dit poliment, qu'un mérite, celui d'exister.  Le ratio image approche lui le 1.74. ce qui était semble-t-il également le cas de l'édition américaine zone All éditée par Retromédia. Pour le plaisir des cages à miel, une seule et unique piste audio française. En guise de bonus  "Dead End" un court métrage et une paire de trailer des films du grand Fred compilé par Videotopsy.