Goal Of the dead : critique et test DVD



Malin comme un singe, Luminor profite du mondial 2014 pour éditer «Goal Of The Dead». Après une sortie en salle aussi restreinte mais savamment orchestrée, les cinéphiles déviants de l'hexagone pourront tâter du crampon le "double feature" azimuté de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud dans un match vidéastique à domicile. Coup dur pour les réfractaires au ballon rond, déjà sévèrement touchés par la tourista footballistique et télévisuelle accompagnant toute coupe du monde digne de ce nom ? La question du jour transperce la nuit comme un coup de sifflet. Et si le cinéma fantastique français, après quelques années de matchs nuls, remettait la balle au centre. La sortie DVD et Bluray de «Goal of the dead» se profile le 11 juin et ne comptez sur ecranbis.com pour sortir le carton rouge... 

 
Le concept, concédez-le, n'a rien d'un ballon dégonflé. Une feuille de match barrée, un diptyque zombie déconneur sur fond de tirs au penalty, le co-réalisateur de la horde et celui d'Atomik Circus dans les cages. Le décor, le stade de La Grippe, complexe sportif de Caplongue, petite ville perdue dans les entrailles de la France. Une fin de saison, un dernier déplacement, celui de l'Olympique de Paris. Une équipe à bout, meurtrie par les blessures, obnubilée par les transferts. Mais pour les Caplongais, la rencontre n'a rien d'un match amical. C'est une histoire d'honneur, de revanche et de fumigènes. Lorit, l'enfant du pays, passé à l'ennemi sous une pluie de biftons et de sponsors, est attendu de pied ferme. L'exploit est possible, mais la victoire a un prix. Il faudra jouer du frigo et de la seringue. Manque de pot (Belge ?), la première injection a de bien fâcheux effets secondaires.




Transformé en zombie, Jeannot le capitaine de l'équipe locale disparaît dans la nature, vomi au lèvre. Dans l’arène communale, le match commence, âpre, sans pitié. Mais lorsque les crampons de la star locale retrouvent le chemin du stade, public et joueurs voient leur espérance de vie réduite aux arrêts de jeu. Lorit, précédemment exclu pour une faute involontaire et un bourre pif à l'arbitre, va devoir faire équipe avec une poignée de survivants. Le pitch est certes cocasse pour ne pas dire  carrément "ovnique" dans le tiède paysage cinématographique français actuel. Mais l'originalité de «Goal of the dead» tient surtout de son choix structurel. Celui de la double ration. Deux films indépendants dans le style, accrochés à la corde d'un même script. Les deux cinéastes se sont mis d'accord sur tout (Les deux films ont d'ailleurs été tournés en même temps) tout en se laissant une totale liberté réalisationnelle. But! Le passage de relais est réussi, même si il n'est pas totalement interdit de se demander si la forme ne sert pas plus le concept que le récit en lui même. 


 
La chose n'aurai-t-elle pas gagner à jouer les 90 minutes réglementaires ? Et par la même occasion se débarrasser de quelques peu subtiles allusions sociétales (énième joke sur l’intégration, le doigt pointé sur l'anti parisianisme provincial...Who's the bof ? ) C'est d'ailleurs le seul bémol que je me permettrai d'ajouter à la partition. Car pour le reste, ce survival sportif tape dans la lucarne. Tout y est cadré au scalpel, superbement photographié et souvent virtuose, évidemment drôle et éminemment gore. Sans compter la charge symbolique qui dégouline en douce de ces deux mi-temps pelliculaires. Après tout, le culte du ballon rond ne transforme-t-il pas des tribunes de "monsieur tout le monde" en horde d’excités beuglant et alcoolisés à chaque jour de championnat ? Le sport qui trimbale sans mauvais jeux de mot, arbitrairement, un cortège de valeurs positives n'est-il justement pas un simple catalyseur à pulsions animales ? En une phrase, le foot nous rend-t-il un peu zombie ? (voire un peu con, n'ayons pas peur des mots). Nul doute que le message fasse, en plein jeux du cirque, mouche ! 



Ne le cachons pas plus longtemps, Goal of the dead est un coup de boule cinématographique dont les quelques passes ratés ne seront ternir un score sans appel. C'est du tout bon....


 

Le disque:

Luminor, jeune éditeur, fait, on le sait, les choses bien. Goal of the dead a droit à un double DVD (2 boîtiers Slim dans un fourreau carton) chargé en suppléments. Au menu, les deux parties qui composent le métrage, un making of (20 minutes), une bande annonce, deux courts-métrages Grindhouse de Mathieu Berthon (8mn), un documentaire sur les effets spéciaux (8mn) et des photos de tournage. Le master scopé et 16/9 doublé d'un piste son spatialisée 5.1 est à la hauteur, le prix sympa (14€99 qu'il s'agisse des DVD ou de la version bluray). On aime !