Superargo contre Diabolikus : critique et test DVD




Vous aviez rêvé de leur échapper. La carte bancaire planquée dans le cale-but, le chapeau de paille enfoncé sur la tête, tranquille …serein... paisible...en train de vous aérer les amygdales du bas sur les plages de la Grande Motte, profitant du sommeil de mémère pour déshabiller les baigneuses d'un regard brûlant. Et bien c'est manqué, les galettes d'Artus vous poursuivront jusque sur vos draps de bains...Débutée avec Satanik (le compte en banque ?), la collection «Cine Fumetti» s'enrichit en juillet de trois beignets pelliculaires dont vous direz des nouvelles. Allez, on ne fait pas de chichi et on s'y colle...


Sortie des entrailles fumantes du comics books américain dans les années 30, la thématique «Super héros» envoya quelques bataillons de couillons en collant, visages soigneusement masqués, entre jambe compressés, à l'assaut de la culture pop. Ces personnages fantastiques afficheront en vitrine et en couleur, leur singularité et pouvoirs présumés. Oui ! A l'instar du monstre, le super héros est à l’extérieur ce qu'il est à l’intérieur. Comprendre ostensiblement, profondément, indiscutablement... extra-ordinaire. Leur péripéties figées sur le papier ou la pellicule ne firent au fond qu'alimenter une soif vieille comme le monde, celle de l'idéal. Absolu aussi nécessaire que naïf auquel s'attachait jadis récits mythologiques et épopées littéraires. Superargo et non Super-argot (quoi que le concept ne soit pas non plus dépourvu de charme) puise  sa prodigieuse résistance dans le creuset de la bande dessinée US, certes,  mais il marche aussi, peut être même surtout dans les pas d'un célèbre lutteur mexicain.



Le personnage d'El Santo est né au début des années 40 dans l'univers populaire du catch latin. Le flamboyant parcours sportif de Rodolfo Guzmán Huerta connaîtra au fil des décennies de multiples prolongements. Des rings aux comics, des comics au cinéma... Cet ultime terrain de jeu lui offrira quelques  clinquantes aventurettes pour les besoins desquelles il affrontera tous les visages du mal... Vampires, Extra-terrestres, Robots, loup garous et plus encore. Superargo empruntera à son modèle mexicain, son passé de lutteur et un certain jusque-boutisme vestimentaire. En effet si les super héros de l'Oncle Sam sont par nature ambivalents et double face, êtres communs à la ville, vengeurs bariolés lorsque le récit l'exige. El Santo et Superargo sont des personnages intègres et linéaires portant le costume à toute heure du jour ou de la nuit. Quitte à éveiller quelques doutes malicieux sur leur capacité à se plier au dictât quotidien de mère nature. Honte à nous ! Ne faut il pas avoir l'esprit mal tordu pour s’imaginer Superargo en train de chier ? Je vous jure ! 

 
Dans le livre «Super héros -super vilains» qui accompagne la récente édition DVD de Satanik (encore et toujours chez Artus films), Alain Petit prévient, Superargo ne fut pas le premier super héros italien à imprimer le grand écran. Notre surhomme sera coiffé au poteau par Flashman, dégénérescence batmanienne transalpine, la même année. Mais le film de Nostro gagnera sans doute la course du succès puisque à peine remis de son duel avec le savant et machiavélique Diabolikus, notre inoxydable schtroumpf rouge se payera une nouvelle virée dans les salles obscures avec Superargo contre les robots. Plusieurs choses sautent aux yeux dans l'effort de Nick Nostro. La première est qu'en dépit de son cagoulé super héroïque, le film tend vers le cinéma d'espionnage en général et les aventures de James bond en particulier. Diabolique scientifique à la tête d'une armée sur laquelle le S.P.E.C.T.R.E. n'aurait pas craché, voiture blindée, gadgets et jolies pépés, éléments de science fiction en prime. Tout y est, le flegme d'un beau britannique mis à part.



Le second tient à l'exceptionnelle candeur du propos. Superargo est un véritable festival de situations invraisemblables (plus c'est gros plus ça passe ! Parlez-en à Brigitte Lahaie!) et de répliques fumantes, traité de manière si frontale et excessivement naïve qu'on en vient à se demander si Nostro n'a pas glissé dans cette aventurette pour gosses, une forme de savante ironie. La chose est d'autant plus frappante que tout un courant de cinéma actuel, parfois taxé de Bis maniériste joue des mêmes armes et munitions. La question n'est finalement pas tant de savoir si l'on peut avec le recul observer l’œuvrette à travers le prisme du sarcasme en la taxant de Kistch mais bien de se demander si il n'y a pas déjà dans la moelle du métrage, dans son sérieux zélé et parfois risible, les prémices d'un double discours...

Pour les yeux en tout cas le spectacle est totale...Giovanni Cianfriglia, cascadeur de métier, ici planqué sous le pseudonyme de Ken Wood n'a donc pas fini de virevolter dans l'imaginaire des petits garçons devenu grands.



Le disque :

Artus films renonce depuis quelques temps aux traditionnels boîtiers Amaray. Superargo contre Diabolikus nous arrive donc dans un beau digipack dont l'ouverture expose des affiches américaine et espagnole. Le film est présenté dans un master techniquement plus que convenable et dans son format cinémascope d'origine (ratio image 2.35). Vous aurez le choix entre des pistes sonores française et italienne sous titrée en français (sous-titres amovibles). Dans le coffre à bonus, les bandes annonces de la collection, un diaporama d'affiches et de photos, mais surtout deux documents immanquables : Un entretien riche en anecdotes avec Ferruco Castronuovo ( assistant réalisateur) et une réjouissante présentation du film par l'ami Curd Ridel .A commander par là : http://www.artusfilms.com/superargo-contre-diabolikus