Érotisme à la française, Bach Films voit triple....



Au crépuscule d'août, Bach films renvoie les baigneuses aux vagues, abandonne crème solaire et bouées gonflables pour offrir à nos mirettes évidemment fiévreuses, trois indispensables classiques du cinéma érotique hexagonal : Le sexe qui parle, Belles d'un soir et La fessée. Ecranbis.com répond d'une chronique "trois en un" confirmant l'adage militaire "plus on est au trou, plus on rit". Attention brave lecteur, en dépit du fait que les œuvres cinématographiques ici présentées ne soient, et je me permets d'insister, nullement et en aucune façon pornographiques, en dépit d'une extrême vigilance dans le choix des visuels publiés, de la forme poétique, drolatique et de la nature analytique du présent texte, cette chronique reste réservée à un public averti.

Le Sexe qui parle... 

Une jeune et grande brune fend le tumulte de la ville et le flot des passants, lorsqu'elle croise le regard d'une amazone moderne. Hypnotisée par la beauté de la sirène urbaine, elle la suit jusqu'au magasin de disques. Là, sous une douche de décibel, aux rythmes des disques à la mode, elle la touche avec les yeux et la contemple avec les mains. Voilà le tendre de drame de Joëlle, la belle souffre d'absences que nous pourrions qualifier de sensuelles, moments d'égarement aux frontières de l'hypnose et du rêve éveillé, la faisant glisser de bras en bras, de draps en draps, de doigt en doigt. Ce libertinage pathologique, involontaire mais finalement classique (Les marie-couche-toi là, corps de déesse à cervelle de poisson font depuis la nuit des temps partie de l'équation humaine) va prendre la plus surprenante des tournures lorsque à la sortie du bain, Joëlle se découvre un don poilant. Sous le regard médusé d'Eric, son architecte de mari, notre fleur de chair se révèle bavarde du bas ventre... Pubiloque, pourrions nous dire.


L'homme... vu  de la femme.
Celui-ci est traditionnellement considéré comme une pépite si ce n'est comme un classique de la parenthèse dorée du cinéma érotique français. Je me dois de préciser, afin d'éviter toute bonne surprise, que ce qui est donné ici à voir, s'inscrit dans le stricte cadre de l'érotisme sans toute fois se plier à ses  figures imposées:  étreintes de la cuisse et nombrilingus inspirés. Nous devons donc considérer l'œuvrette (je n'ose même plus vous la faire) comme exposant la sexualité de manière relativement frontale et même de l'intérieur, au sens propre comme figuré, j'entends. De fait, le film est connu des amateurs comme du grand public, ne serait-ce que pour son titre parlant et cocasse, mais aussi des fantasticovores. Et pour cause, à l'instar de «La femme Objet» du même auteur ou pour prendre justement de la hauteur «Café flesh», «Le sexe qui parle» embarque dans sa narration un élément éminemment fantastique. Concept fantaisiste expliquant en grande partie la longévité du métrage, son entrée et son maintien dans la culture pop.

Ce Lansac/Mulot est d'abord bizarroïde par la forme. Sans grande surprise, le don de Joëlle servira de locomotive à des wagons d'étreintes et de prétexte à l'enfilade de scénettes charnelles. Mais la mise en scène de ces passages parlants, la voix du buisson et la nature de son monologue entraîne le film dans le risible et par conséquent déshabille pratiquement  de toute charge érotique les ébats qu'elles tentent de justifier. L'effort est donc parcouru  d'un paradoxe étrange et une sorte de folie, sans doute un peu terni par l'ajout de matière comblant à la poésie visuelle tirée par les cheveux, et le maquillage. Toute la partie consacrée à la tante Barbara ne semble en effet pas avoir d'autre raison d'être que celle d'étirer le runtime à l'heure et demie.


Mise en abîme providentielle le film dans le film...
Vu 40 ans après sa réalisation et quitte à faire bondir les gardiens du temple, «Talking Pussy» apparaît surtout comme un «Porno à papa». La désignation embrasse bien évidemment un caractère générationnel, et il me faut préciser que le film de Mulot caressa les toiles l'année précise de ma naissance. Il est donc résolument impossible pour les cinéphiles de ma génération d'observer cette ration pelliculaire à travers le prisme de la nostalgie. Reste que ce cinéma offre un site archéo sociétal passionnant. «Talking Pussy, le sexe qui parle» trempant bien évidemment dans le jus de son époque. On y retrouve par exemple une forme de diversion féministe... Et qui dans le cinéma d'exploitation dont l'érotisme fait partie mais pas seulement, consiste à habiller un récit de valeurs plus ou moins factices, par soucis des tendances et de mode, voir par plus simple soucis de justification. Loin de moi l'idée d'interdire toute interprétation du présent propos. Permettez moi simplement d'écrire, qu'à mes yeux, la charge féministe tient ici, si charge féministe il y a, de l'os à ronger.... voire de l’alibi fallacieux.

Évidemment ce récit  pubique et non pudique se penche aussi sur l'extravagant passé de Joëlle pour y désigner les racines du mal, établir si cela est possible un rapport de cause à effet entre quelques cavalcades sur l'ami Pinocchio et la capacité à baratiner de la moule. Le tout emberlificoté dans un agglomérat de concepts freudiens ras le maillot, qu'il est désormais d'usage d’appeler psychologie de comptoir. Encore une fois de l'eau a coulé sous les ponts et, indiscutablement, la perception du fait psychanalytique, cette pseudo science qui explique tout sauf elle même, a sans doute énormément évolué en 40 ans. Ceci n'empêche nullement d'apprécier l'œuvre de Mullot comme ce qu'elle est désormais. Une pièce de musée, le divertissement populaire et encanaillé d' une génération qui poussera étrangement en quelques décennies la libération de tout dans les bras d'un libéralisme intégral. Ces étonnant soixante-huitards qui ont consommé le porno dans la fiole du récit, comme ils consommèrent la liberté dans le verre à demi vide de l'idéologie, ces jouisseurs sans entraves désormais soigneusement repartis à gauche comme à droite... Et finalement si prompts à interdire. Oui définitivement ce sexe qui parle nous raconte bien des choses.


La fessée 

 
Après s'être frayé un chemin dans la littérature polissonne du 18e siècle (dont l’œuvre du divin marquis constitua à n'en point douter une forme de sommet, si ce n'est le téton), la fessée se déshabilla enfin de ses vertus éducatives comme des charmes expiatoires propres à la flagellation.(Ouh oui j'ai été méchant Aie ! Oh oui j'ai été très méchant!). Elle conservera cependant une dimension punitive exaltée, délicieuse et érotique, établissant entre sa pratique et son résultat, un rapport causal trouble tenant d'un mal pour un bien lui donnant la qualité d'un préliminaire potentiel voire d'une cerise sur le gâteau. En 1976, Claude Bernard-Aubert, Claude Ogrel de son véritable nom, signe sous un second pseudonyme (Burd Tranbaree) une ode sincère et vigoureuse à la rouste, toute attaché au destin frappant d'un fesseur prodige prénommé Léon. Initié par sa mère à l'art de gifler la lune, Léon fait commerce de son art sous la forme d'un service à la personne. Employé de banque le jour, il arrondit ses fins de mois sur la plus arrondie des formes au point de se faire une réputation de maître à fesser. 

Quand la femme se recoiffe, l'homme regarde ailleurs...
 
Appelé au chevet de libido en panne, Léon fait des miracles. Frappez et l'on vous ouvrira ! Ou comment le tape fesse peut vous aider à remonter la pente. Évidemment cocasse, la fessée ou Les mémoires de monsieur Léon maître-fesseur marque les premières heures du cinéaste dans la cellule de l'érotisme français. Il embarque également Antoine Fontaine (Terreur Cannibale, Train spécial pour Hitler ou encore Les orgies du Golden Saloon de Gilbert Roussel, le vrai pour le coup) et Martine Grimaud (Lèvres de sang) dans une aventurette hallucinée ponctuée d'insolites monologues aux accents philosophiques. Après un véritable défilé de postérieurs, Léon concède, qu'en amour, il vaut autant donner que recevoir et doit se résoudre à  tendre lui aussi l'autre joue. Dernier clin d'oeil pour cinéphile averti, Catherine Ringer qui apparaît au générique sous le nom d' Yvette Lemercier, y trouve l'un de ses premiers rôles, permettez moi d'y voir un signe, de joueuse de pipeau.

Il serait dans doute excessif de qualifier le métrage d'indispensable, mais la bobine a gardé la folie et la saveur particulière d'une époque. A l'heure l'on commence à aborder le cinéma érotique français comme faisant partie d'un patrimoine culturel et sociétal, il est à mes yeux difficile de refuser à « la fessée » la qualité de pépite. 

Catherine Ringer dans une de ses éblouissantes premières apparitions




Belles d'un soir


Le titre convoque en mémoire les lendemains de bringues, les réveils douloureux et les draps que l'on quitte sur la pointe des pieds, les chaussures à la main. Mais revenons à Lansac. Mulot. Claude de son prénom. Connu pour avoir joui d'une quasi carrière à deux faces. Côté pile, il fut l'auteur scénariste d'une palanquée de farces Pécassiennes (On se calme et on boit frais à Saint Tropez, On est venu là pour s'éclater, Embraye Bidasse ça fume) ainsi que d'une autre comédie franchouillarde fameuse. (Ils sont fous ces sorciers de Georges Lautner.) Côté fesse: il apparaît en qualité de réalisateur et de prolixe artisan d'une coquinerie à la française. « Belles d'un soir » embrasse goulûment la double nature de son géniteur. Celle de la fable charnelle comme celle de la comédie populaire. Une trame satirique appelant à une série de péripéties, de gags et d'ébats. Je serai presque tenté de dire qu'une telle structure narrative installée, ce qui détermine le genre de l'oeuvre finale n'est guère plus qu'une question de proportion. Il n’aurait fallut qu'un coup de froid sur le plateau et quelques demoiselles indisposées pour traîner ce Lansac dans la sexy comédie effrontée mais définitivement grand public.

Les tables de chevets en voit de belles !


Dans ces plus belles pages le scénario de « Belles d'un soir » dépose une brochette de fesses célèbres sur le grill d'un cynisme inattendu. Brigite Lahaie, Martine Grimaud et la rayonnante Véronique Maugarski. Doris, Martine et Mimi, trois belles prises (et c'est effectivement le cas) dans les filets d'un univers machiste, décident d'inverser les rôles. Au diable les taches ménagères, les interminables soirées bières poker de leur petits copains et les étreinte fonctionnelles.  Les copines s'offrent un appartement, une vie de patachon et une bonne moustachue. Évidemment moins disposé à prendre sur elles, nos trois nymphes perdent rapidement l'emploi et devront se résoudre à payer un loyer en nature. Une diabolique  spirale les conduit à transformer leur nid en lupanar à péages. Ironie ... Leur drolatique émancipation les aura conduit  à la plus extrême des  servitudes... Ce discours aussi savoureux qu'actuel (s'émanciper oui mais comment ou pourquoi faire ?) donne à la farce et à ses garces un goût de reviens- y !


Les disques:

Bach films nous permet de découvrir ou redécouvrir ces 3 pépites de l'érotisme dans de forts plaisantes éditions à l'immaculée (par surprise ?) blancheur. Nous avons donc  droit à des montages soft dans copies fort acceptables, conservant le ratio image d'origine dans des master 4/3. Le plaisir des cages à miel n'est pas écarté puisque les disques proposent des pistes monophoniques françaises et anglaises. Rayon bonus, des bandes annonces, des scènes coupées et des entretiens (Un par galette) avec une paire de Christophe... Lemaire ou bien Bier, il faut choisir.

Notons enfin que cette ration pelliculaire est disponible à l'achat sur  le site de Bach films comme sur le très célèbre site d’esclavagistes dont mon passé syndical m'interdit de poster un lien. Faites tourner le petit commerce. 12€ la rondelle ! C'est pas cher !