C'est désormais une évidence très
française, l'actualité vidéastique fait grise mine dans
l'hexagone. Le jadis prometteur, ou du moins annoncé en tant que
tel, marché du Bluray régresse, phénomène aussi parallèle que
paradoxale à l'avènement de la haute définition. Les dalles HD
s'imposent dans les salons tandis que les linaires des galettes
argentées sont grignotés par l'ogre jeu vidéo, la vidéo à la
demande illimitée dont l'américain Netflix est devenu l'étendard,
se lance à l'assaut des ménages et des comptes bancaires. Voir sans
entrave ou panique en vue ? L'impression de courir, ventre à terre,
vers de funestes horizons semble désormais partagée par de nombreux
cinéphiles attachés au support, collectionneurs par nature, jusque
chez les éditeurs, fatalement de plus en plus frileux.
Ce serpent qui se mord la queue est-il une particularité franco-gauloise ? Pas forcement, à chacun sa part de crise, pourrions nous dire. Mais il faut bien avouer que chez nos cousins britanniques, le disque bleuté affiche un dynamisme à priori insolent. Les annonces de sorties s'y multiplient au point de donner aux vidéovores maîtrisant un peu la langue de Shakespeare des envies d'exode culturel. Preuve en est la sortie de «Stage Fright», le tardif mais excellent Slasher de Michele Soavi dans une édition limitée (3000 exemplaires) uncut, restaurée et remplie de bonus jusqu'aux oreilles. Ecranbis.com a traversé la manche le temps d'une chronique. Faut-il craquer ou pas ? Éléments de réponse...
Ce serpent qui se mord la queue est-il une particularité franco-gauloise ? Pas forcement, à chacun sa part de crise, pourrions nous dire. Mais il faut bien avouer que chez nos cousins britanniques, le disque bleuté affiche un dynamisme à priori insolent. Les annonces de sorties s'y multiplient au point de donner aux vidéovores maîtrisant un peu la langue de Shakespeare des envies d'exode culturel. Preuve en est la sortie de «Stage Fright», le tardif mais excellent Slasher de Michele Soavi dans une édition limitée (3000 exemplaires) uncut, restaurée et remplie de bonus jusqu'aux oreilles. Ecranbis.com a traversé la manche le temps d'une chronique. Faut-il craquer ou pas ? Éléments de réponse...
Souvent considéré comme l'un des tout
derniers artisans du cinéma de genre transalpin, Michele Soavi a
pour ainsi dire connu l'infortune d'entrer sur le terrain de
l'imaginaire après le coup de sifflet final. «Aquarius» qui
sortira en Italie sous le titre «Deliria» chez nous sous celui de
«Bloody Bird» et à l'international sous l'appellation «Stage
Fright» constitue en 1986 sont premier long métrage pour le cinéma.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. L'homme traîne sur les plateaux de
tournage depuis le début des années 80. Il apparaît d'abord en
qualité d'acteur (Alien 2 sulla Terra, L'éventreur de New York,
Frayeurs, Horrible) mais passe rapidement de face à derrière la caméra en
devenant l'assistant de Joe D'Amato (2020
Texas Gladiators, Le gladiateur du futur) et puis
celui de Dario Argento (Ténèbre, Phenomena, Opéra).
"Un psychopathe échappé d'un asile, un tueur inoxydable portant le masque, un duel final l'opposant à une jeune femme sur un sol recouvert de corps. Tout ou presque ici plaide pour la cause du Slasher."
On le retrouve également aux côtés de Lamberto Bava (La maison de la terreur, Blastfighter, Demons). Fort de ces expériences, Soavi va réussir à imposer son cinéma (au moins d'un point de vue critique) sur une petite décennie. Après Deliria, viendront Sanctuaire, La Secte. Le vent soufflera dans le bon sens jusqu’au milieu des années 90 avec Dellamorte Dellamore, œuvre sublime dont la charge poétique entravera malheureusement un peu le succès. Frappé par la crise du cinéma italien, l'homme trouvera comme bien d'autres dans la production télévisuelle un refuge providentiel. Certes, tout chez Soavi ne mérite sans doute pas d'être qualifié de flamboyant, mais il n'est pas interdit de penser que le cinéaste reste pour l'époque et à minima le dépositaire d'un certain savoir faire transalpin.
"Un psychopathe échappé d'un asile, un tueur inoxydable portant le masque, un duel final l'opposant à une jeune femme sur un sol recouvert de corps. Tout ou presque ici plaide pour la cause du Slasher."
On le retrouve également aux côtés de Lamberto Bava (La maison de la terreur, Blastfighter, Demons). Fort de ces expériences, Soavi va réussir à imposer son cinéma (au moins d'un point de vue critique) sur une petite décennie. Après Deliria, viendront Sanctuaire, La Secte. Le vent soufflera dans le bon sens jusqu’au milieu des années 90 avec Dellamorte Dellamore, œuvre sublime dont la charge poétique entravera malheureusement un peu le succès. Frappé par la crise du cinéma italien, l'homme trouvera comme bien d'autres dans la production télévisuelle un refuge providentiel. Certes, tout chez Soavi ne mérite sans doute pas d'être qualifié de flamboyant, mais il n'est pas interdit de penser que le cinéaste reste pour l'époque et à minima le dépositaire d'un certain savoir faire transalpin.
«Stage
Fright» cache en sa fiche technique deux autres noms du cinéma
bis. Le premier s'abrite sous un parapluie pseudonymique assez
drolatique (Lew Cooper). Il s'agit de fait de Luigi Montefiori que
nous connaissons souvent mieux sous le nom de George Eastman. Même
si on l'oublie souvent, l'homme n'a pas qu'imprimé son impassible
et inquiétant faciès dans l'histoire de cinéma d'exploitation
italien. Il a aussi écrit les scénarios de quelques dizaines de
films dont nous retiendrons pèle mêle : «Anthropophagous»,
«Horrible», «Keoma» et notre «Stage Fright» du jour. Et puis il
y a évidemment Joe D'Amato qui produira le film sous le drapeau de
la Filmirage. Fatalement, nous nous retrouvons face à un très
petit budget, tourné quasi exclusivement en intérieur et sur un
site unique.
"...sur le plan formel, il y a cette poésie macabre, cette esthétisation ruisselante, cet arrière goût lointain de Giallo qui le distingue assez clairement d'un Body Count"
La
filiation culturelle de «Stage Fright» et son mode productif
établis, vient immanquablement les question de la définition de l’œuvre, celle de sa nature,de son étiquetage, que nous pourrions
résumer en une seule. Sur quelle étagère ranger le premier film de
Michele Soavi ? Un psychopathe échappé d'un asile, un tueur
inoxydable portant le masque, un duel final l'opposant à une jeune
femme sur un sol recouvert de cadavres. Tout ou presque ici plaide pour
la cause du Slasher. Mais sur le plan formel, il y a cette poésie
macabre, cette esthétisation ruisselante, cet arrière goût
lointain de Giallo qui le distingue assez clairement d'un Body Count
(Ruggero Deodato). Bien sûr, il n'est pas question de nous lancer
dans un exercice de tri génétique. Séparer de façon arbitraire
et quasi maniaque ce qui appartiendrait ici au Slasher, au Giallo. Quand
les genres partagent des portions de territoires thématiques,
l'hybridation est inévitable, en particulier lorsque l'on s'éloigne
dans le temps des jets fondateurs et des œuvres matrices.
"L'américanisation structurelle assumée de «Delira» se trouve quelque peu
contrecarrée par les visions de Soavi, lyriques, sauvages et
symboliques."
L'américanisation structurelle assumée de «Delira» (Ajoutons que l'action est censée se dérouler aux Etats Unis et que le film a d'ailleurs été tourné en anglais) se trouve quelque peu contrecarrée par les visions de Soavi, lyriques, sauvages et symboliques. (Les éléments prédictifs par exemple. Comme l'infirmière nourrissant le poisson, la chute d'une plume, ou la mise en scène d'un tableau macabre par l'assassin, son final et le décompte des cadavres). Le spectacle n'en reste pas moins inégale, certes. Carence de budget ou inexpérience ? Une chose est sure, Michele parvient, par instant à traîner son récit très mécanique et son propos usé sur la pente d'un cinéma d'auteur. Il y multiplie les références, de Suspiria à Massacre à la tronçonneuse en passant par Psycho et le cinéma de Bava, le tout sur fond de musique rock 80's. Cela suffit-il à rendre «Stage Fright» indispensable ? Nous serions bien tenté de répondre oui.
Un œil sur le disque :
L'éditeur britannique Exposure cinema livre un beau combo Bluray + DVD dont le tirage a été limité à 3000 exemplaires. Côté HD, le master 1.78 donne un peu plus à voir que celui de l'antique édition Neo Publishing (1.85), l'image a bénéficié d'une restauration exclusive. Elle est tout simplement réjouissante. L'apport de la HD apparaît ici tout à fait indiscutable, on évitera certes de jeter nos vieilles galettes par la fenêtre pour conserver le doublage français. Pour le plaisir des cages à miel, une seule et unique piste stéréo (2.0 LPCM non compressé pour le Bluray, Dolby pour le DVD )en version originale anglaise.( Encore une fois, langue dans laquelle le film a été tourné) Notons toutefois que l'éditeur a eu l'excellente idée d'offrir des sous titres anglais pour sourds et mal entendants. Une option qui à défaut de piste ou sous titres français, permettra aux cinévores ayant un petit niveau d'anglais d'écarter tout problème de compréhension.
L'américanisation structurelle assumée de «Delira» (Ajoutons que l'action est censée se dérouler aux Etats Unis et que le film a d'ailleurs été tourné en anglais) se trouve quelque peu contrecarrée par les visions de Soavi, lyriques, sauvages et symboliques. (Les éléments prédictifs par exemple. Comme l'infirmière nourrissant le poisson, la chute d'une plume, ou la mise en scène d'un tableau macabre par l'assassin, son final et le décompte des cadavres). Le spectacle n'en reste pas moins inégale, certes. Carence de budget ou inexpérience ? Une chose est sure, Michele parvient, par instant à traîner son récit très mécanique et son propos usé sur la pente d'un cinéma d'auteur. Il y multiplie les références, de Suspiria à Massacre à la tronçonneuse en passant par Psycho et le cinéma de Bava, le tout sur fond de musique rock 80's. Cela suffit-il à rendre «Stage Fright» indispensable ? Nous serions bien tenté de répondre oui.
Un œil sur le disque :
L'éditeur britannique Exposure cinema livre un beau combo Bluray + DVD dont le tirage a été limité à 3000 exemplaires. Côté HD, le master 1.78 donne un peu plus à voir que celui de l'antique édition Neo Publishing (1.85), l'image a bénéficié d'une restauration exclusive. Elle est tout simplement réjouissante. L'apport de la HD apparaît ici tout à fait indiscutable, on évitera certes de jeter nos vieilles galettes par la fenêtre pour conserver le doublage français. Pour le plaisir des cages à miel, une seule et unique piste stéréo (2.0 LPCM non compressé pour le Bluray, Dolby pour le DVD )en version originale anglaise.( Encore une fois, langue dans laquelle le film a été tourné) Notons toutefois que l'éditeur a eu l'excellente idée d'offrir des sous titres anglais pour sourds et mal entendants. Une option qui à défaut de piste ou sous titres français, permettra aux cinévores ayant un petit niveau d'anglais d'écarter tout problème de compréhension.
"L'image a bénéficié d'une restauration exclusive. Elle est tout simplement réjouissante."
Dans les coulisses du disque, nous avons
droit à un véritable déchainement de bonus. Des interviews en
italiens sous titrés en anglais avec Michele Soavi et l'équipe du
film contenus dans deux documents: A Bloodsatined Feartherstorm et
Giovanni's Method. (Ce dernier étant exclusivement dédié à
l'acteur Giovanni Radice qui revient sur la production du film). Joe
D'amato Totally Uncut propose lui 55 mn d'images et d'interview du
roi D'Amato ( Toujours en italien avec sous titre anglais). Dans
« The Critic's Take », Alan Jones (co-fondateur du
Fright Fest) expose sa passion pour le film et le disque embarque
également un documentaire sur les collectionneurs de cassettes VHS
(Revenge of the vidéo cassette). Notez que ces deux derniers
suppléments sont en version originale anglaise non sous titrée.
Enfin, on retrouve une série de bonus plus classiques: La bande
annonce originale, une galerie de photos et posters, la bande annonce
de Zombi Holocaust (Au démarrage du disque, une future édition chez Exposure est-elle ainsi annoncée ? Mystère puisqu'un autre éditeur anglais l'a annoncé dans son line up) ainsi qu'une très intéressante comparaison de la version cut et uncut de "Stage Fright."
Cerise sur le gâteau , ce combo s'accompagne d'un livret «Vidéo Chiller - Collector's 80» et se trouve vendu à un prix des plus abordables dans les boutiques pratiquants l'import et 18£ sur amazon.co.uk soit 23€.
Cerise sur le gâteau , ce combo s'accompagne d'un livret «Vidéo Chiller - Collector's 80» et se trouve vendu à un prix des plus abordables dans les boutiques pratiquants l'import et 18£ sur amazon.co.uk soit 23€.
La vidéo de présentation de l'édition Bluray Exposure Cinema :