Aux yeux des vivants : critique et test Bluray



Après s'être glissé sur la pointe des pieds dans les salles obscures de l'hexagone et partagé au passage la presse spécialisée (Au point de laisser fuser quelques noms d'oiseaux ne faisant à priori pas cui cui !) Aux Yeux Des vivants, dernier jet horrifique des sieurs Bustillo et Maury revient taquiner les chariots de nos mange disques. M6 Vidéo, qui avait déjà édité leur «Livide» se fendra d'édition Bluray et DVD le 15 octobre prochain. Ecranbis.com a pu prendre une longueur d'avance et déverse dans ses colonnes numériques un flot d'impressions... 

"Julien Maury et Alexandre Bustillo avaient laissé la porte ouverte à un éventuel exode artistique :Si nous n’avons pas le choix, on ira là où l’on veut bien de nous…"


Julien Maury et Alexandre Bustillo avaient laissé la porte ouverte à un éventuel exode artistique. «Si nous n’avons pas le choix, on ira là où l’on veut bien de nous…» déclaraient-il dans un interview que nous avons publiée au printemps 2012. Tout en réaffirmant haut et fort «Bien sur que nous sommes de fervents partisans du genre made in France. Artistiquement, nous avons dans notre pays tout le talent nécessaire, que ce soit en matière de direction artistique ou de SFX pour faire des films artistiquement recevables». C'est finalement sous l'étendard sanglant de Metaluna Production et sur les terres Bulgares (dumping social, quand tu nous tiens) que le tandem remettra le couvert. « Aux yeux des vivants » accroche son récit aux baskets de trois kids que l'on croirait volontiers arrachés d'une production Amblin. A moins que la référence visée ne soit le «Stand By Me» de Reiner. A chacun sa vision de l'odyssée pré-pubère et de la franche camaraderie !


Pré-ados inséparables, Dan, Tom & Victor entendent profiter d'un dernier jour de classe pour s'offrir une fugue bucolique, parfumée aux premières cigarettes. Cette école buissonnière les conduit à l' exploration d'un studio abandonné. Là dans ce mini Hollywood en décomposition, perdu dans les reliquats de décors, ils découvrent une jeune femme soigneusement bayonnée dans le coffre d'une voiture et pénètrent le territoire de ses ravisseurs. Erreur fatale... Les gosses, cueillis par la gendarmerie, sont vite renvoyés à leur quotidien. Mais quelque chose les a suivi et compte bien éliminer tout souvenir (voire tout ceux qui se souviennent) de cette balade macabre... pour se soustraire aux yeux des vivants. 

"Le télescopage de l'enfance et d'une horreur âpre, viscérale. Un survival slasherisant sur un parterre de références et de cadavres. C'est esthétiquement beau, subtil jusqu'à en devenir brillant par instant. Mais cette forme, cet épiderme cinématographique finit par flotter sans toucher la chair d'un récit"



L'accueil de toute péloche hexagonale se risquant sur la pente du genre est en général un savoureux mélange de french bashing et de désespoir prouvant, si cela était nécessaire, que l'auto-satisfaction, n'est pas franchement un sport national. A la décharge des éternels ronchons et des plumes cinglantes, le cinéma français, si apte à embrasser le sociétal avec la langue, et la comédie avec un doigt (voire plus si ça rentre), n'a jamais véritablement su se glisser dans les draps de l'imaginaire autrement qu'en invoquant un lyrisme téléphoné ou une sauvagerie providentielle. Pas simple de dévaler les marches de la raison, lorsque l'on tient à tout prix à garder une main sur la rampe.

On finirait presque par se dire que la touche française aurait tout intérêt à s'exporter, suivre les trajectoires tracées par Augier et Aja, au prix de quelques concessions culturelles et d'une conception sans doute moins auteurisante de leur propre cinéma. Julien Maury et Alexandre Bustillo ont, pour le moment, fait le choix inverse. Celui de faire bouger les lignes de l'intérieur (louable posture) quitte à reproduire sans cesse le même schéma. Celui d'un cinéma ne trouvant pas son public (les amateurs de genre français faisant généralement la moue) et en payant le prix fort: Critique assassines, soutient du bout des lèvres et au bout du tunnel: une exploitation confidentielle.

"une revolver chargé à blanc qui offrira aux cinéphiles patriotes une nouvelle occasion de voir rouge ? Les optimistes dont nous sommes persisteront, eux,  à voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide."


Qu'est ce que «Aux yeux des vivants» donne à voir à son spectateur ? Le télescopage de l'enfance et d'une horreur âpre, viscérale. Un survival Slasherisant sur un parterre de références cinéphiliques et de cadavres sévèrement amochés. C'est esthétiquement parfois beau, subtil jusqu'à en devenir brillant par instant. Mais cette forme, cet épiderme cinématographique finit par flotter sans toucher la chair d'un récit. Pour le dire autrement, Maury et Bustillo donnent tout à voir sans donner suffisament à penser. Et c'est précisément là, à cette interrogation existentielle que le cinéma fantastique français rend systématiquement copie blanche. Cela ne fait pas d"Aux Yeux des vivants" un mauvais film, et surtout pas celui qu'on a parfois voulu décrire. Mais une plutôt une œuvre surfacique dont la substance se résume à la forme et qui offrira à certains cinéphiles patriotes une nouvelle occasion de voir rouge. Les optimistes dont nous sommes persisteront, eux,  à voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide.





Un coup d'oeil sur le disque :

M6 vidéo livre « Aux yeux des vivants » dans un bluray réjouissant. Un master 1080p respectant le format scope d'origine ( 2.35) et se payant une définition au poil ! Pour le plaisir des esgourdes, un mixage DTS HD Master audio 5.1 (sous titres pour sourds et mal entendant en prime). La section bonus offre, elle, une séquence générique alternative, une galerie de photo, une bande annonce, un making of copieux (une petite heure) et embarque même un commentaire audio des deux réalisateurs. Une édition sans faute !

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